Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
derniers mots furent : «Mon fils ! Dieu protège la France !»
6 mai.—-Les médecins anglais font l'ouverture du corps de Napoléon, et déclarent que Napoléon est mort d'un cancer à l'estomac. On remarque que le procès-verbal d'ouverture n'est pas signé du docteur Antommarchi, médecin particulier de Napoléon.
8 mai.—-Funérailles de Napoléon. Ses restes sont déposés dans une petite vallée de Sainte-Hélène, au pied d'un saule et auprès d'une source où cet illustre proscrit venait souvent se désaltérer, et sans doute méditer sur ses grandes destinées.
26 juillet.—-Les habitans du village de Kostheim, à une demi-lieue de Mayence, que Napoléon avait exemptés d'impositions pendant quinze ans, dans le temps de ses prospérités, font célébrer par leur curé un service funèbre en l'honneur de leur bienfaiteur.
OEUVRES DE NAPOLÉON BONAPARTE. PREMIÈRE CAMPAGNE D'ITALIE.
Au quartier-général à Nice, le 8 germinal an 4 (28 mars 1796).
Bonaparte, général en chef, au directoire exécutif.
Je suis, depuis plusieurs jours, dans l'enceinte de l'armée dont j'ai pris depuis hier le commandement.
Je dois vous rendre compte de trois choses essentielles : 1°. des départemens de Vaucluse, des Bouches du-Rhône, du Var et des Basses-Alpes ; 2°. de la situation de l'armée, de ce que j'ai fait et de ce que j'espère ; 3°. de notre position politique avec Gênes.
Les quatre départemens de l'arrondissement de l'armée n'ont payé ni emprunt forcé, ni contributions en grains, ni effectué le versement des fourrages exigé par la loi du 7 vendémiaire, ni commencé à fournir le troisième cheval. Il y a beaucoup de lenteur dans la marche de ces administrations ; je leur ai écrit, je les ai vues, et l'on m'a fait espérer quelque activité sur des objets aussi essentiels à l'armée.
La situation administrative de l'armée est fâcheuse, mais elle n'est pas désespérante. L'année mangera dorénavant du bon pain et aura de la viande, et déjà elle a touché quelques avances sur son prêt arriéré.
Les étapes pour la route du Rhône et du Var sont approvisionnées, et, depuis cinq jours, ma cavalerie, mes charrois et mon artillerie sont en mouvement. Je marcherai sous peu de temps. Un bataillon s'est mutiné ; il n'a pas voulu partir de Nice, sous prétexte qu'il n'avait ni souliers, ni argent ; j'ai fait arrêter tous les grenadiers, j'ai fait partir le bataillon, et, quand il a été au milieu de Nice, je lui ai envoyé contre-ordre et je l'ai fait passer sur les derrières. Mon intention est de congédier ce corps, et d'incorporer les soldats dans les autres bataillons, les officiers n'ayant pas montré assez de zèle.
Ce bataillon n'est que de deux cents hommes ; il est connu par son esprit de mutinerie.
J'ai été reçu à cette armée avec confiance ; j'ai particulièrement été satisfait de l'accueil du général Schérer ; il a acquis, par sa conduite loyale et son empressement à me donner tous les renseignemens qui peuvent m'être utiles, des droits à ma reconnaissance. Sa santé paraît effectivement un peu délabrée. Il joint à une grande facilité de parler des connaissances morales et militaires, qui peut-être le rendront utile dans quelque emploi essentiel.
Notre position avec Gênes est très-critique ; on se conduit très-mal, on a trop fait ou pas assez, mais heureusement cela n'aura pas d'autre suite.
Le gouvernement de Gênes a plus de génie et plus de force que l'on ne croit ; il n'y a que deux partis avec lui : prendre Gênes par un coup de main prompt, mais cela est contraire à vos intentions et au droit des gens ; ou bien vivre en bonne amitié, et ne pas chercher à leur tirer leur argent, qui est la seule chose qu'ils estiment.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Nice ; le 9 germinal an 4 (29 mars 1796).
Au général chef de l'état-major.
Le troisième bataillon de la vingt-neuvième demi-brigade s'est rendu coupable de désobéissance ; il s'est déshonoré par son esprit de mutinerie en refusant de marcher aux divisions actives ; les officiers se sont mal conduits ; le commandant, capitaine Duverney, a montré de mauvaises intentions. Vous voudrez bien faire arrêter le citoyen Duverney, et le faire traduire devant un conseil militaire à Toulon, où vous adresserez la plainte qui sera portée par le commandant de la place.
Vous ferez traduire devant un conseil militaire, à Nice, les grenadiers accusés d'être les auteurs de la
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