Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
du premier régiment d'artillerie [Le premier régiment d'artillerie, en garnison à Turin, s'était insurgé contre ses chefs, et avait tué sur le pont-levis de la forteresse le chef de bataillon Jacquemain, commandant qui voulait en défendre l'entrée. Ce régiment fût étiré, ses compagnies distribuées dans d'autres corps, et les officiers jugés par un conseil de guerre.].
Soldats !
Votre conduite dans la citadelle de Turin a retenti dans toute l'Europe.
Une douleur profonde a précédé dans le coeur de vos concitoyens le cri de la vengeance.
Vous avez rendu de grands services... Vous êtes couverts d'honorables blessures ; vous les avez reçues pour la gloire de la république... Elle a triomphé de ses ennemis ; elle tient le premier rang parmi les puissances ! ! !
Mais que lui importerait tant de grandeur, si ses enfans indisciplinés se laissaient guider par les passions effrénées de quelques misérables ! ! !
Vous êtes entrés sans ordre et tumultueusement dans une forteresse, en violant toutes les consignes, sans porter aucun respect au drapeau du peuple français, qui y était arboré.
Le brave officier qui était chargé de la défendre, vous l'avez tué, vous avez passé sur son cadavre... Vous êtes tous coupables.
Les officiers qui n'ont pas su vous préserver d'un tel égarement, ne sont pas dignes de commander... Le drapeau que vous avez abandonné, qui n'a pu vous rallier, sera suspendu au temple de Mars et couvert d'un crêpe funèbre... Votre corps est dissous.
Soldats ! Vous allez rentrer dans de nouveaux corps ; donnez-y des preuves d'une sévère discipliné.
Faites que l'on dise : Ils ont dû servir d'exemples, mais ils sont toujours ce qu'ils ont été, les braves et bons enfans de la patrie.
Le premier consul, BONAPARTE.
Paris, le 17 brumaire an 10 (8 novembre 1801).
Aux habitans de Saint-Domingue.
Quelles que soient votre origine et votre couleur, vous êtes tous Français, vous êtes tous libres, et tous égaux devant Dieu et devant la république.
La France a été, comme Saint-Domingue, en proie aux factions et déchirée par la guerre civile et par la guerre étrangère. Mais tout a changé ; tous les peuples ont embrassé les Français et leur ont juré la paix et l'amitié. Tous les Français se sont embrassés aussi et ont juré d'être tous des amis et des frères. Venez aussi embrasser les Français et vous réjouir de revoir vos amis et vos frères d'Europe.
Le gouvernement vous envoie le capitaine-général Leclerc ; il amène avec lui de grandes forcés pour vous protéger contre vos ennemis et contre les ennemie de la république. Si l'on vous dit : Cet forces sont destinées à vous ravir votre liberté ; répondez : La république ne souffrira pas qu'elle nous soit enlevée. Ralliez-Vous autour du capitaine-général, il vous rapporte l'abondance et la paix ; ralliez-vous tous autour de lui. Qui osera se séparer du capitaine-général, sera un traître à la patrie, et la colère de la république le dévorera, comme le feu dévore vos cannes desséchées.
Le premier consul, BONAPARTE.
Au citoyen Toussaint-Louverture, général en chef de l'armée de Saint-Domingue.
Citoyen général,
La paix avec l'Angleterre et toutes les puissantes de l'Europe qui vient d'asseoir la république au premier degré de puissance et de grandeur, met le gouvernement à même de s'occuper de la colonie de Saint-Domingue.
Nous y envoyons le citoyen Leclerc, notre beau-frère, en qualité de capitaine-général, comme premier magistrat de la colonie. Il est accompagné de forces convenables pour faire respecter la souveraineté du peuple français. C'est dans ces circonstances que nous nous plaisons à espérer que vous allez nous prouver, et à la France entière, la sincérité des sentimens que vous avez constamment exprimés dans les différentes lettres que vous nous ayez écrites. Nous avons conçu pour vous de l'estime, et nous nous plaisons à reconnaître et à proclamer les grands services que vous avez rendus au peuple français. Si son pavillon flotte sur Saint-Domingue, c'est à vous et aux braves Noirs qu'il le doit. Appelé par vos talens et la force des circonstances au premier commandement, vous avez détruit la guerre civile, mis un frein à la persécution de quelques hommes féroces, remis en honneur la religion et le culte du Dieu de qui tout émane. La constitution que vous avez faite, en renfermant beaucoup de bonnes choses, en contient qui
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