Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
l'empereur partit de cette ville pour Ratisbonne et livra la bataille d'Eckmülh. En même temps il envoya le maréchal duc d'Istrie, avec la division bavaroise aux ordres du général de Wrede, et la division Molitor, pour se porter sur l'Inn et poursuivre les deux corps d'armée autrichiens battus à la bataille d'Abensberg et au combat de Landshut.
Le maréchal duc d'Istrie, arrivé successivement à Wilsbiburg et à Neumark, y trouva un équipage de pont attelé, plus de quatre cents voitures, des caissons et des équipages, et fit dans sa marche quinze à dix-huit cents prisonniers.
Les corps autrichiens trouvèrent au-delà de Neumark un corps de réserve qui arrivait sur l'Inn ; ils s'y rallièrent, et le 25 livrèrent à Neumark un combat où les Bavarois, malgré leur extrême infériorité, conservèrent leurs positions.
Le 24, l'empereur avait dirigé le corps du maréchal duc de Rivoli, de Ratisbonne sur Straubing, et de là sur Passau, où il arriva le 26. Le duc de Rivoli fit passer l'Inn au bataillon du Pô, qui fit trois cents prisonniers, débloqua la citadelle et occupa Scharding.
Le 25, le maréchal duc de Montebello avait eu ordre de marcher avec son corps, de Ratisbonne sur Mulhdorf ; le 27, il passa l'Inn et se porta sur la Salza.
Aujourd'hui 27, l'empereur a son quartier-général à Mulhdorf.
La division autrichienne, commandée par le général Jellachich, qui occupait Munich, est poursuivie par le corps du duc de Dantzick.
Le roi de Bavière s'est montré de sa personne à Munich ; il est retourné ensuite à Augsbourg, où il restera encore quelques jours, attendant, pour établir fixement sa résidence à Munich, que la Bavière soit entièrement purgée des partis ennemis.
Cependant, du côté de Ratisbonne, le duc d'Auerstaedt s'est mis à la poursuite du prince Charles, qui, coupé de ses communications avec l'Inn et Vienne, n'a eu d'autre ressource que de se retirer dans les montagnes de Bohême par Waldmunchen et Cham.
Quant à l'empereur d'Autriche, il parait qu'il était devant Passau, s'étant chargé d'assiéger cette place avec trois bataillons de landwerh.
Toute la Bavière et le Palatinat sont délivrés de la présence des armées ennemies.
A Ratisbonne, l'empereur a passé la revue de plusieurs corps, ci s'est fait présenter le plus brave soldat, auquel il a donné des distinctions et des pensions, et le plus brave officier, auquel il a donné des baronnies et des terres. Il a spécialement témoigné sa satisfaction aux divisions Saint-Hilaire et Friant.
Jusqu'à cette heure, l'empereur a fait la guerre presque sans équipages et sans garde, et l'on a remarqué qu'en l'absence de sa garde, il avait toujours autour de lui des troupes alliées bavaroises et wurtembergeoises, voulant par là leur donner une preuve particulière de confiance. Hier sont arrivés à Landshut une partie des chasseurs et grenadiers à cheval de la garde, le régiment de fusiliers et un bataillon de chasseurs à pied.
D'ici à huit jours, toute la garde sera arrivée.
On a fait courir le bruit que l'empereur avait eu la jambe cassée ; le fuit est qu'une balle morte a effleuré le talon de la botte de S. M., mais n'a pas même altéré la peau. Jamais S. M., au milieu des plus grandes fatigues, ne s'est mieux portée.
On remarque comme un fuit singulier qu'un des premiers officiers autrichiens faits prisonniers dans cette guerre, se trouve être l'aide-de-camp du prince Charles, envoyé à M. Otto pour lui remettre la fameuse lettre portant que l'armée française eût à s'éloigner.
Les habitans de Ratisbonne s'étant très-bien comportés, et ayant montré l'esprit patriotique et confédéré que nous étions en droit d'attendre d'eux, S. M. a ordonné que les dégâts qui avaient été faits seraient réparés à ses frais, et particulièrement la restauration des maisons incendiées, dont la dépense s'élèvera à plusieurs millions.
Tous les souverains et tous les pays de la confédération montrent l'esprit le plus patriotique. Lorsque le ministre d'Autriche à Dresde remit la déclaration de sa cour au roi de Saxe, ce prince ne put retenir son indignation. «Vous voulez la guerre, dit le roi, et contre qui ? Vous attaquez et vous invectivez celui qui, il y a trois ans, maître de votre sort, vous a restitué vos états. Les propositions que l'on me fait m'affligent ; mes engagemens sont connus de toute l'Europe ; aucun prince de la confédération ne s'en détachera.»
Le grand duc
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