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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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après avoir parcouru
3 000 miles depuis le début de leur voyage, les contrefaçons
arrivèrent enfin sur le bureau de l’homme auquel elles étaient destinées, la
seule personne dont l’opinion importait.
    Hitler exprima tout d’abord son scepticisme. Se tournant
vers le général Ekhardt Christian de la Luftwaffe, il remarqua :
« Christian, ne pourrait-il s’agir d’un cadavre qu’ils auraient
délibérément mis entre nos mains ? » La réponse du général Christian
n’a pas été notée, mais le 12 mai, le lendemain du rapport enthousiaste de
von Roenne, tous les doutes s’étaient évaporés dans l’esprit de Hitler. Ce
jour-là, le Führer émit une directive militaire générale : « Il faut
s’attendre à ce que les Anglo-Américains essayent d’enchaîner les opérations en
Méditerranée. Les zones suivantes sont les plus menacées : en Méditerranée
occidentale, la Sardaigne, la Corse et la Sicile ; en Méditerranée
orientale, le Péloponnèse et le Dodécanèse… La Sardaigne et le Péloponnèse sont
prioritaires. » Ces ordres reflètent un virage complet car, comme Montagu
le fit remarquer, « l’appréciation initiale des Allemands était qu’un
débarquement avait plus de chances d’avoir lieu en Sicile qu’en
Sardaigne ». Dans l’opinion allemande, la Sicile semblait maintenant être
l’île la moins vulnérable de Méditerranée, tous les regards se portant sur la
Grèce et la Sardaigne. Hitler ordonna « à tous les commandements allemands
en Méditerranée de consacrer toutes leurs forces et leurs équipements pour
renforcer autant que possible les défenses de ces zones particulièrement en
danger pendant la courte période qu’il nous reste probablement ».
    À Washington DC, Roosevelt et Churchill négociaient âprement
la prochaine étape de la guerre, après l’opération Husky. « Où irons-nous
après la Sicile ? » demanda le Président. Les Américains penchaient
plutôt en faveur du rassemblement d’une puissante armée en Angleterre pour
traverser la Manche le plus tôt possible. Churchill et ses conseillers
préféraient débarquer directement sur la péninsule italienne pour frapper dans
le bas-ventre mou. « La principale tâche qui nous attend », répondirent
les Britanniques, est « d’amener l’Italie à se retirer de la guerre » –
cela contraindrait Hitler à répartir ses effectifs, en sapant les forces
allemandes, à la fois sur les fronts de l’Est et de l’Ouest. Au bout de trois
jours passés dans la retraite présidentielle, dans les montagnes du Maryland,
plus tard nommée Camp David, Churchill prononça un discours à l’occasion d’une
session jointe du Congrès : « La guerre est pleine de mystères et de
surprises », dit-il. « Par la persévérance, par la constance, par la
ténacité et l’endurance – comme nous en avons montré jusqu’ici – nous
pourrons nous acquitter de notre devoir envers le monde futur et la destinée de
l’homme. » Lors de la conférence anglo-américaine, il fut décidé
qu’Eisenhower continuerait à se battre au Sud de l’Europe, pendant qu’une
grande offensive transmanche se préparerait pour le mois de mai suivant. Mais
d’abord, la Sicile.
    Lors de la conférence de presse de conclusion de la
conférence Trident, un journaliste demanda à Churchill : « Que
pensez-vous que Hitler ait en tête ? » Il y eut des rires, puis
Churchill répondit : « Appétit débridé. Ambition démesurée – le
monde entier ! » Mais secrètement, Churchill savait désormais que
dans un coin de l’esprit de Hitler, une autre conviction s’était ancrée :
les armées alliées d’Afrique du Nord se dirigeaient vers la Grèce, à l’Est, et
la Sardaigne, à l’Ouest, en épargnant la Sicile.

    L’apparition des effets de l’opération Mincemeat dans les
messages allemands interceptés soulevait une question de sécurité. Si quiconque
n’était pas dans la confidence tombait sur des rapports faisant référence
« à un document saisi sur un cadavre », il en résulterait un grand
battage et des questions seraient inévitablement posées sur la raison pour
laquelle des documents top secret avaient été transportés ainsi à l’étranger,
en totale contradiction avec la réglementation en vigueur en temps de guerre.
Bletchley Park avait reçu l’ordre de veiller à ce que tous les messages
mentionnant les documents Mincemeat interceptés soient uniquement

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