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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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débarquer en Grèce, à l’Est, et en Sardaigne, puis au
Sud de la France, à l’Ouest. Voici la teneur de l’intoxication : la 12 e  armée
britannique (qui n’existait pas) allait envahir les Balkans en été 1943,
en commençant par la Crête et le Péloponnèse, entraînant la Turquie dans la
guerre contre les puissances de l’Axe, puis marchant sur la Bulgarie et la
Roumanie et pactisant avec la résistance yougoslave pour, enfin, rejoindre les
armées soviétiques sur le front de l’Est. Un mensonge subsidiaire était destiné
à convaincre les Allemands que la 8 e  armée britannique
prévoyait de débarquer dans le Sud de la France, puis de remonter la vallée du
Rhône lorsque les troupes américaines du général Patton auraient débarqué en
Corse et en Sardaigne. La Sicile serait contournée. Si l’opération Barclay
portait ses fruits, les Allemands enverraient des renforts dans les Balkans, en
Sardaigne et dans le Sud de la France en prévision de débarquements qui
n’auraient jamais lieu, en ne laissant qu’une défense clairsemée en Sicile. Au
final, les troupes ennemies seraient réparties sur un large front et le
bouclier défensif allemand serait affaibli. Au moment où la Sicile apparaîtrait
comme cible véritable, il serait trop tard pour y envoyer des renforts.
    Le plan de désinformation jouait directement sur les peurs
de Hitler. Les interceptions Ultra avaient clairement révélé que le Führer, son
état-major et ses commandements locaux en Grèce craignaient que les Balkans ne
représentent un point vulnérable sur le flanc méridional des nazis. Quoi qu’il
en soit, il ne serait pas facile de détourner l’attention des Allemands de la
Sicile, car l’importance stratégique de l’île était évidente. Un rapport de
renseignement allemand produit début février pour le Commandement suprême des
forces armées, l’Oberkommando de la Wehrmacht (OKW), était assez explicite sur
les intentions alliées : « L’idée d’évincer l’Italie de la guerre à
la fin de la campagne en Afrique, au moyen d’attaques aériennes et d’un
débarquement, pèse fortement sur les délibérations anglo-saxonnes… La Sicile se
présente comme la cible prioritaire. » L’opération de désinformation
devait pousser Hitler dans deux voies différentes : apaiser ses craintes
concernant la Sicile, tout en attisant son anxiété envers la Sardaigne, la
Grèce et les Balkans.
    « Oncle » John Godfrey considérait l’idéalisme et
l’obédience comme les deux points faibles du renseignement allemand :
« Si les autorités réclamaient des rapports sur un sujet précis, le
service de renseignement allemand était capable d’inventer ces rapports de toutes
pièces en se basant sur ce qu’ils pensaient être probable. » Par ailleurs,
quand le haut commandement était confronté à des rapports de renseignements
contradictoires, il était « enclin à croire à celui qui correspondait le
mieux à ses propres conceptions antérieures ». Si l’idéalisme paranoïaque
de Hitler et l’obédience servile de ses subordonnés pouvaient être exploités,
alors l’opération Barclay pourrait fonctionner : les Allemands se
tromperaient eux-mêmes.
    La désinformation fut mise en œuvre sur plusieurs fronts.
Les ingénieurs entreprirent de fabriquer une armée de pacotille en Méditerranée
orientale ; des agents doubles commencèrent à transmettre de fausses
informations à leurs officiers traitants de l’Abwehr ; on inventa des
mouvements de troupes fantômes, de faux messages radio ; on recruta des
interprètes grecs et des officiers et on fit l’acquisition de cartes et de
devises grecques pour faire croire à une offensive imminente sur le
Péloponnèse.
    Tandis que Bevan et Clarke commençaient à tisser les fils de
l’opération Barclay, Montagu et Cholmondeley partirent à la chasse au cadavre.
    Dans son plan initial, Cholmondeley avait supposé qu’il
suffisait de se présenter dans un hôpital militaire et de choisir un cadavre en
promotion à 10 livres sur une étagère. La réalité était tout autre. Même
si la Seconde Guerre mondiale avait fait plus de morts que n’importe quel autre
conflit de l’Histoire, il était étonnamment difficile de se procurer le type de
corps recherché. Les gens avaient tendance à se faire tuer, ou à se tuer, d’une
manière inappropriée. Une victime de bombardement ne pouvait pas faire
l’affaire. Les suicides étaient

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