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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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opérait sous le nom de code
« Carlos » ou, plus souvent, « Felipe ». Dans les bars et
les cafés de Madrid, il était connu comme « Don Pablo ». Le réseau
d’espions de Kuhlenthal s’étendait jusqu’aux quatre coins du pays, mais sa
spécialité était le recrutement d’agents dans l’Espagne neutre pour travailler
outre-mer, en Afrique du Nord, au Portugal, à Gibraltar et, surtout, en
Grande-Bretagne et aux États-Unis.
    En Grande-Bretagne uniquement, le « réseau
Felipe » comptait des dizaines d’agents clandestins, renvoyant d’énormes
volumes d’informations de qualité. D’après l’un de ses collègues officiers,
« il ne se passait rien dans le poste de l’Abwehr sans qu’il n’en soit
informé ». Kuhlenthal faisait figure de dandy dans les rues de Madrid.
Grand et aristocratique, il tirait ses cheveux en arrière, avait « des
joues charnues, sans os », un « nez courbé comme le bec d’un
aigle » et des « yeux bleus perçants ». Il portait d’élégants
costumes croisés et conduisait « un coupé français marron foncé, à quatre
places, ayant plusieurs plaques minéralogiques ». Ses ongles étaient
toujours « manucurés avec le plus grand soin ». Il jouait
merveilleusement au tennis. Le MI5 le jugea comme « un homme très
efficace, très ambitieux et très dangereux, avec une énorme capacité de
travail ». Il fut promu et décoré de la Croix du Mérite de guerre, et peu
à peu « réussit à écarter Leissner de tout poste d’autorité » jusqu’à
ce que le chef de l’Abwehr « ne soit plus qu’un simple homme de
paille ».
    En 1943, Kuhlenthal dirigeait tout : « C’était un
homme extrêmement capable, qui retenait tout ce qui se passait au bureau et qui
devint si important qu’il était virtuellement le chef du bureau. »
Inévitablement, ses collègues de l’Abwehr furent jaloux de « l’estime et
de la réputation dont Kuhlenthal semblait bénéficier auprès de la
hiérarchie ». En tant que protégé de Canaris, il n’avait jamais tort. Un
dossier confidentiel de 1943 le décrit comme étant « de loin le meilleur
homme du Groupe I en Espagne et très fiable du point de vue
politique ». Himmler lui-même « envoya un message personnel de
remerciement à Felipe à Madrid pour le travail accompli par son réseau en
Angleterre ». Aux yeux du haut commandement allemand, Kuhlenthal était le
fils prodige de l’Abwehr à Madrid.
    La réalité était tout autre. Loin d’être un maître espion,
Kuhlenthal était une calamité pour l’espionnage qui était déjà tombé dans le
piège de l’un des canulars les plus élaborés à avoir jamais été monté. Au lieu
de gagner la guerre des espions, Kuhlenthal aidait les Allemands à la perdre de
la manière la plus dramatique qui soit.
    En mai 1941, un Espagnol nommé Juan Pujol García se
présenta à l’Abwehr, à Madrid, et expliqua qu’il souhaitait aller en
Grande-Bretagne et, une fois là-bas, il voulait espionner pour le compte des
Allemands. Kuhlenthal ne fut pas très enthousiaste, disant à Pujol qu’il était
« extrêmement occupé et que sa visite ne tombait pas bien ». Pujol
était chauve, barbu, myope et vraiment bizarre. Mais l’Espagnol semblait vouer
une haine authentique aux Anglais et une profonde admiration pour Hitler. Il
indiqua à Kuhlenthal qu’il avait de bons contacts dans les services de sécurité
espagnols et aux Affaires étrangères. Finalement, Kuhlenthal accepta de le
prendre. Pujol apprit à écrire avec de l’encre secrète et on lui précisa de
transmettre ses informations par l’intermédiaire de l’attaché militaire
espagnol à Londres. L’Espagnol partit avec une liasse de billets anglais, quelques
adresses clandestines en Grande-Bretagne et les conseils de Kuhlenthal qui
rappela à sa nouvelle recrue de faire « attention à ne pas sous-estimer
les Anglais, car ils étaient un formidable ennemi ». Pujol pouvait
s’attendre à rester en Grande-Bretagne indéfiniment car, comme le prévoyait
Kuhlenthal, « la guerre allait être très longue ».
    Le 19 juillet, Kuhlenthal reçut une lettre de Pujol,
écrite à l’encre secrète, l’informant qu’il était bien arrivé en Angleterre et
qu’il avait recruté un messager travaillant pour une compagnie aérienne civile,
qui était d’accord pour transporter ses lettres pour une livre chacune et les
poster à Lisbonne, évitant ainsi la censure

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