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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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britannique.
    En fait, Pujol n’avait jamais atteint l’Angleterre et était
toujours au Portugal : c’était le premier d’un flot intarissable de
mensonges qu’il allait transmettre à Kuhlenthal. Pujol n’était pas un
sympathisant nazi. Né en 1912 d’une famille catalane de la bourgeoisie
libérale, il était parvenu à se battre dans les deux camps pendant la Guerre
civile espagnole, même s’il n’avait jamais tiré un coup de feu. Il avait
déserté et s’en était sorti avec une haine féroce du fascisme. En 1941, il
était résolu à se battre à sa façon. Il approcha par trois fois les autorités
britanniques à Madrid, leur proposant d’espionner pour le compte de
l’Angleterre. Après avoir essuyé trois refus, il offrit ses services à
l’Abwehr, en ayant l’intention de les trahir.
    Depuis Lisbonne, Pujol commença à envoyer des rapports
fictifs aux Allemands, prétendant être en Angleterre. Il puisait ses
informations dans des guides et des magazines empruntés à la bibliothèque, une
vieille carte de Grande-Bretagne, les actualités, une publication portugaise
intitulée La Flotte britannique et un lexique des termes militaires
anglais. Pujol n’avait jamais mis les pieds en Angleterre et ça se voyait. Ses
rapports étaient cousus d’erreurs élémentaires. Il ne parvint jamais à
assimiler la monnaie pré-décimale. Il affirmait en toute bonne foi qu’« il
y a des gens à Glasgow prêts à faire n’importe quoi pour un litre de
vin », alors qu’à l’époque, la plupart des Glaswégiens n’auraient jamais
consenti à boire du vin, même s’il avait été servi au litre.
    Pourtant, Kuhlenthal y crut.
    Entre-temps, les messages de Pujol étaient déchiffrés par
les décrypteurs anglais, à la grande consternation du MI5. Qui était donc cet
agent allemand qui opérait clandestinement en Grande-Bretagne et qui semblait
ne rien connaître du pays ?
    Finalement, au début de l’année 1942, après que
l’épouse de Pujol avait approché la légation américaine à Lisbonne, l’espion
autoproclamé fut identifié et les renseignements alliés réalisèrent, un peu
tard, qu’ils avaient un orfèvre de l’espionnage entre les mains. Pujol fut
envoyé en Angleterre et installé en lieu sûr, à Hendon, au Nord de London,
avant d’être remis au travail en tant qu’agent double. Son premier nom de code,
« Bovril », fut rapidement transformé en « Garbo », plus
respectable, en hommage à son étonnant talent d’acteur.
    Au cours des trois années suivantes, l’agent Garbo envoya
1 399 messages et 423 lettres à ses agents de liaison en
Espagne. Au MI5, il fallait trois officiers traitants à temps complet pour
gérer sa correspondance, ainsi que les vingt-sept personnages fictifs du réseau
Garbo. Les sous-agents de Garbo étaient anglais, grecs, américains,
sud-africains, portugais, vénézuéliens et espagnols ; certains étaient
officiels, comme sa taupe au ministère espagnol de l’Information, d’autres
étaient des soldats ou des pilotes mécontents, et cinq, au moins, étaient des
marins recrutés dans différents ports du Royaume-Uni. Parmi les autres recrues,
il y avait un voyageur de commerce, des femmes au foyer, des bureaucrates, un
technicien radio et un poète indien nommé Rags qui faisait partie d’une étrange
organisation aryenne basée au pays de Galles. Les agents de Garbo n’avaient
rien en commun, hormis le fait qu’ils n’existaient pas. Les informations qu’ils
transmettaient à Madrid étaient une délicate concoction à base de vérités
inoffensives, de demi-vérités et de non-vérités, et Kuhlenthal envoyait
joyeusement le tout à Berlin, ne suspectant jamais qu’il était le dindon de la
farce. « Nous vous faisons une confiance absolue », disait-il à son
meilleur espion, flattant l’ego de l’agent dont le succès lui assurait une
promotion rapide : « Vos derniers efforts sont tous
magnifiques… »
    Les messages de Pujol à son agent traitant nazi étaient de
pompeuses envolées poétiques. Il n’utilisait jamais un seul mot quand huit
termes très longs pouvaient être employés à la place et il abreuvait Kuhlenthal
d’un mélange de flatterie et d’emphase nazie. « Mon cher ami et camarade,
écrivait Pujol dans une effusion typique, nous sommes deux compagnons qui
partageons les mêmes idéaux et qui combattons dans un même but. J’ai toujours
éprouvé le plus haut respect et la plus grande

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