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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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branlante qu’il est obligé de la maintenir à l’aide d’une épingle. Sur ce chapitre de la discipline vestimentaire, le capitaine est aussi indulgent vis-à-vis de lui-même qu’intraitable envers ses hommes, desquels il exige toujours une tenue parfaite, des uniformes immaculés, une propreté méticuleuse. Ignorant que le capitaine se complaît dans ce relâchement, la bande des sous-officiers s’émeut tristement, allant jusqu’à plaindre leur chef qu’ils considèrent un peu comme un homme abandonné par sa femme et incapable de faire face aux exigences domestiques.
    Un matin, Klauss se lance dans un exposé solennel.
    « Mon capitaine, depuis le changement des attributions de Fernandez, vous êtes privé d’ordonnance. Ça ne s’est jamais vu. Excusez-moi de vous parler si librement, mais il serait temps de songer à en désigner un nouveau.
    –  Qu’est-ce que c’est encore que cette invention ? Vous pensez que je ne suis pas assez grand pour me passer d’une nourrice ?
    –  Mais c’est la règle, mon capitaine.
    –  Nous ne sommes pas dans la Wehrmacht ! Foutez-moi la paix avec vos conneries, j’ai d’autres chats à fouetter ! »
    Klauss s’attendait à cette réponse et décide de déclencher la seconde phase de l’opération : « Dommage ! dit-il. Si vous saviez ce que j’ai découvert… Ça vous ferait peut-être changer d’avis… Enfin, si vous le prenez comme ça… »
    Mattei ne peut s’empêcher de sourire. Décidément ses hommes commencent à le connaître, peut-être mieux qu’il ne se connaît lui-même : la curiosité est son point faible.
    « Allez ! Accouchez, dit-il.
    –  Kalish, mon capitaine, Emil Kalish, légionnaire de 1 ère classe, vous voyez qui c’est ? »
    Mattei connaît par leur nom tous les hommes de sa compagnie. Il voit effectivement Kalish. Un grand Allemand, bon soldat, discipliné, sobre. Il n’a jamais eu à s’en plaindre.
    « Oui, Kalish, je sais qui c’est, acquiesce Mattei. Et après ?
    Afin de doser ses effets, le sergent-chef est décidé à ne lâcher le morceau que par petits bouts.
    « Eh bien, Kalish, pendant la dernière guerre, a été l’ordonnance personnelle d’un officier allemand.
    –  Et c’est pour ça que vous me faites ce numéro, Klauss ? Laissez-moi, j’ai du travail.
    –  À vos ordres, mon capitaine », déclare Klauss en effectuant un demi-tour réglementaire.
    Avant d’atteindre la porte, il se retourne et ajoute :
    « Un général allemand…
    –  Quoi ?
    –  Kalish a été l’ordonnance d’un grand général de la Wehrmacht. »
    Mattei comprend que le numéro n’est pas terminé : S’il adopte cette attitude de joueur de poker, Klauss doit avoir un full dans son jeu.
    « Ça suffit, j’ai compris. Assez joué. Maintenant, Klauss, videz votre sac.
    –  Mon capitaine, pendant quatre ans, Kalish a été l’ordonnance du maréchal Rommel. Il l’a suivi partout, dans toutes ses campagnes, il était le sous-officier le plus envié de l’Afrika Korps. »
    Mattei est intéressé et amusé.
    « Vous en êtes sûr ?
    –  Incontestable ! Il a conservé tout un dossier qui confirme son affectation. Il a même des photos, j’ai tout vu.
    –  Et d’après vous, le fait d’avoir été l’ordonnance de Rommel prouve qu’il est plus compétent qu’un autre dans ce domaine ?
    –  Mon capitaine, si vous voulez mon avis, le maréchal Rommel n’était pas un timide… Si Kalish n’avait pas fait l’affaire, il ne l’aurait pas gardé cinq minutes.
    –  Non, admet Mattei, songeur. Je ne pense pas que Rommel ait été un grand timide. Allez me chercher Kalish, ça m’intéresse. »
    Ostensiblement impeccable, Kalish se présente. Il est évident qu’il est au courant de la manœuvre de Klauss.
    « Alors, déclare Mattei, souriant, on m’annonce que j’ai dans ma compagnie un intime du Feld-maréchal ?
    –  J’ai servi sous les ordres du maréchal Rommel pendant quatre ans en qualité d’ordonnance, mon capitaine.
    –  Et tu serais prêt à assumer les mêmes fonctions auprès de moi ? »
    Demeurant raide dans son superbe garde-à-vous, Kalish répond :
    « Je n’aurais pas à discuter vos ordres, mon capitaine, mais je me permets d’ajouter que je considérerais comme un honneur de devenir votre ordonnance. »
    Mattei siffle entre ses dents :
    « Il faut reconnaître que c’est un compliment. D’accord, tu entres en fonction

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