Par le sang versé
poignard-commando dans chaque main, il tue quatre viets avant d’être transpercé d’un coup de baïonnette. Son sang gicle, et il s’écroule.
Les rebelles s’acharnent alors sur le corps du géant wallon qu’ils perforent d’une centaine de coups de poignards et de coupe-coupe. Il restait dix-huit cigarettes dans son paquet de Mic.
Le stock de grenades épuisé, le sergent Guillemaud décide en désespoir de cause de distribuer d’inoffensives grenades fumigènes. Surprise ! Les viets croient qu’il s’agit de gaz asphyxiant et ont un mouvement de recul.
Les yeux injectés de larmes, les légionnaires reprennent aussitôt plusieurs positions essentielles. En toussant, en crachant, les survivants continuent à se battre comme des fauves furieux. Ils remettent en batterie les armes automatiques utilisables et s’apprêtent à tirer à l’aveuglette lorsqu’un miracle joue en leur faveur.
Brusquement le ciel se déchire, la lune apparaît, découvrant les forces ennemies. Alors, au fusil mitrailleur, et au mortier, le carnage commence. Trois mille viets se replient devant l’acharnement, la ténacité, le refus de succomber de trente-quatre légionnaires enragés.
À vingt-trois heures, les trompes viets mugissent à nouveau. Mais cette fois, c’est la retraite qu’elles commandent.
Les légionnaires restent néanmoins sur le qui-vive toute la nuit. Dans l’infirmerie où les blessés sont entassés à même le sol, gisant dans des mares de sang, on n’entend que plaintes déchirantes, gémissements de douleur.
Au passage du sergent Guillemaud, Chauvé le gitan, qui a reçu une rafale d’arme automatique en pleine poitrine, et des éclats de grenade dans le ventre, supplie, haletant :
« Finis-moi, sergent, je t’en prie, finis-moi ! »
Guillemaud n’en a pas le courage. Pour la suite de ce récit, laissons-lui la parole :
« … Une fois le contact pris avec les survivants, regroupés au sud sous les ordres du sous-lieutenant Bévalot, il convient de remettre un peu d’ordre dans l’incroyable confusion qui règne encore à l’intérieur du poste. C’est vite fait. Avec les autres sous-officiers, dont les sergents Galli, Fissler et Andry, nous répartissons les légionnaires valides en quatre groupes, et reprenons possession des positions évacuées, nous assurant qu’aucun viet vivant, ne s’est maintenu dans le poste. Il fait de moins en moins sombre. Ou tout au moins, l’obscurité de la nuit se lève au fur et à mesure que la lune apparaît derrière la montagne et les collines. Je me dirige vers la muraille nord dans l’intention de poster quelques légionnaires aux créneaux. Mais tout d’abord il faut enlever les cadavres viets laissés sur place par l’assaillant. En relevant les corps de nos adversaires, je m’aperçois qu’outre les armes automatiques, les viets étaient munis de tiges de bambou longues de deux mètres cinquante environ, terminées soit par des fers de lance crantés, soit par des sortes de serpes courbes. Le tout soigneusement affûté. Sous un des corps, je trouve un fusil mitrailleur de fabrication étrangère ; les fusils récupérés sont de très grande taille et les baïonnettes qui les somment, sont soigneusement liées par des fils de fer. De nombreuses grenades non éclatées jonchent le sol et c’est très dangereux. Le matin, au jour, nous constaterons que les fusils sont russes, les fusils mitrailleurs tchèques, et les grenades de fabrication locale.
« Il me vient à l’idée d’aller voir dans l’emplacement du mortier de 60 qui jouxte le magasin d’armes et ma chambre à l’est. À ce moment, je suis rejoint par le chef de pièce. Nous poussons une exclamation de surprise au premier regard. Littéralement entortillé autour du mortier, un cadavre viet fait corps avec le tube, car il est retenu par la bretelle de portage. Une grenade lui a explosé sous le nez, juste au moment où il tentait d’emporter la pièce.
« Dans le blockhaus 3, une dizaine de cadavres viets encombrent la partie intérieure. Nous les dégageons, et constatons avec surprise qu’ils recouvrent les corps des légionnaires Baran et Speck. Baran serre encore dans sa main droite le bloc percuteur de son F. M. qui lui a été enlevé par les viets, mais par son dernier geste, il a rendu l’arme inutilisable.
« Pour permettre à quelques-uns d’entre nous de prendre un peu de repos, un tour de garde est organisé. Mon tour passé, je
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