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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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pèlerins qui se rendaient comme lui à la ville. À la
porte, un sergent d’armes interrogeait les inconnus. Il expliqua qu’il se
rendait à Paris, venant de Toulouse et qu’il était au service du roi de France.
On le crut et on le laissa entrer, car les voyageurs enrichissaient la ville
qui en avait bien besoin, ayant brûlé quelques années plus tôt.
    Limoges était en pleine reconstruction. Partout se
dressaient des échafaudages et des maisons de pierres remplaçaient des
charpentes calcinées. Locksley trouva une auberge avec une écurie, sur une
place entourée de boucheries. C’était une belle maison à colombages, qui
n’avait pas brûlé, où il put avoir une chambre pour lui seul. Comme il ne
faisait pas encore nuit, il sortit avec l’espoir confus de rencontrer le
barbier chirurgien ou celui qui l’avait volé.
    Tandis qu’il marchait le long d’une galerie à
arcades, il aperçut deux chevaliers, en manteau blanc à la croix rouge sur
l’épaule, sortir d’une grande maison noble aux fenêtres d’étage en baies
ogivales divisées par des colonnettes. Les deux Templiers rejoignirent un
chevalier en haubert qui les attendait à quelques pas.
    Immédiatement, Robert de Locksley se glissa entre
deux étals de marchands pour se dissimuler. Stupéfait, il venait de reconnaître
dans le chevalier le seigneur Maurice de Bracy. Quant aux Templiers, l’un d’eux
était Albert de Malvoisin.
    Des souvenirs enfouis au fond de sa mémoire
remontèrent par vagues.
    La première fois qu’il avait vu Bracy, celui-ci
était avec le prince Jean. Ils assistaient à une joute en lice où s’étaient
opposés le chevalier Wilfrid d’Ivanhoé et le chevalier Brian de Bois-Guilbert
pour les beaux yeux de la juive Rebecca.
    Un tournoi de tir à l’arc avait suivi la joute. À
cette époque, spolié de son titre de comte de Huntington, Robert de Locksley
n’était que le chef d’une bande de hors-la-loi, de bannis et de serfs en fuite
recherchés par le shérif de Nottingham. Ils survivaient difficilement dans la
forêt de Sherwood, vivant comme des bêtes et volant les voyageurs qui la
traversaient.
    Le tournoi avait comme prix un cor de chasse empli
de pennies d’argent. C’était une somme bien alléchante qui aurait permis à ses
hommes de manger un mois entier, aussi Locksley avait-il demandé de participer
à la joute en dépit du danger de se dévoiler, car sa tête était mise à prix.
    Enfiévré par ce défi inattendu, le prince avait
ajouté à la récompense un baudrier de soie, un médaillon d’argent et vingt
nobles d’or. Ces nouvelles gratifications avaient pour but d’encourager son
champion, un garde-chasse au service de son ami Albert de Malvoisin.
Aiguillonné par ces prix, le forestier, qui se nommait Hubert, s’était surpassé
et avait placé sa flèche au centre de la cible. Le prince Jean avait alors
déclaré dans un mélange d’ironie et de satisfaction :
    — Locksley, veux-tu encore lutter d’adresse
avec Hubert, ou préfères-tu céder ton arc, ton baudrier et ton carquois au
prévôt des jeux ?
    Car la perte de ses armes était la sanction du
vaincu.
    Sans répondre et sans regarder la cible, Locksley
avait bandé son arc et lâché sa flèche qui s’était fichée à deux pouces plus
près du centre que celle de Hubert. Le prince, le fiel à la bouche, avait alors
menacé le garde-chasse de la potence s’il ne faisait pas mieux. Ce dernier
avait juste laissé tomber ces paroles, pour sa défense :
    — Si votre Altesse veut me pendre, elle en a
le pouvoir, mais un homme ne peut faire que de son mieux.
    Le forestier avait ensuite tiré une nouvelle
flèche, cette fois visée avec tant de bonheur qu’elle avait pénétré dans le
centre de la cible.
    — Tu ne pourras pas dépasser ce coup-là,
Locksley, avait lancé le prince avec un sourire insultant.
    — Je vais greffer sa flèche, avait-il répondu
dans un sourire.
    Ayant lâché la corde, son trait avait fendu en
deux la flèche de son rival.
    Plein de rage, mais contraint par ses promesses
publiques, Jean lui avait donc remis les prix et l’avait laissé libre [10] .
    Quelque temps plus tard, Bracy avait enlevé lady
Rowena, une noble Saxonne qui aimait le chevalier Ivanhoé. Wilfrid d’Ivanhoé
était un ami de Locksley, aussi avait-il rassemblé sa troupe de yeomen et
attaqué le château où Bracy s’était réfugié. Il était parvenu à délivrer la
Saxonne, mais pas à châtier son

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