Paris, 1199
de son arc ceux qui se précipitaient vers lui.
Ils s’arrêtèrent, pétrifiés de surprise, sauf l’un
d’eux qui se précipita sur lui en brandissant une francisque.
Locksley tira. La flèche se ficha en vibrant dans
le manche de la hache et l’audacieux se figea à son tour, tandis que le
prisonnier arrivait en titubant, les yeux rougis par la fumée et la terreur.
Locksley lui fit signe de monter en selle, ayant déjà une nouvelle flèche sur
la corde. Mais cette fois personne ne bougea.
S’agrippant au pommeau avec ses mains liées, le
voleur se hissa péniblement sur la monture. Locksley sauta à son tour en
croupe, mettant la bête au galop d’un coup d’éperon. Derrière lui, la foule
avait enfin compris qu’il s’agissait d’une évasion et hurlait des menaces et
des imprécations. Les plus courageux s’élancèrent à leur poursuite en
criant : « Levez le pont ! Levez le pont ! »
Mais comme les gardes avaient abandonné leur
poste, personne ne pouvait exécuter cet ordre. Le cheval s’engouffra sur le
tablier de bois qu’il traversa pour déboucher sur l’autre rive.
— Connaissez-vous le chemin d’Orléans ?
cria Locksley à son compagnon.
— Par-là ! montra le jeune homme de ses
deux mains.
Guidant sa monture vers la route indiquée,
Locksley fit encore galoper sa bête un moment avant de la mettre plus lentement
au trop.
— Ils vont nous rattraper ! s’inquiéta
le garçon.
— Nous n’irons pas loin à cette allure. Et
s’ils nous poursuivent, tant pis pour eux.
Ils avancèrent ainsi un moment avant que le garçon
ne demande :
— Pourquoi m’avez-vous sauvé, noble
seigneur ?
— Tu ne m’as pas reconnu, mon garçon ?
— Non… qui êtes-vous ?
Locksley se souvint combien la tente était sombre
dans le camp de Mercadier. Son voleur n’avait pas eu l’occasion de l’examiner
avec attention, quand il l’avait abordé.
— C’est moi que tu as drogué, coquin !
L’autre resta silencieux. Devinant qu’il n’était
peut-être pas sauvé, il dit au bout d’un moment, d’un ton penaud :
— Je n’ai plus la statuette, noble seigneur,
elle est restée dans la chambre de l’auberge.
— Je sais.
Locksley entendit alors des galops, il poussa plus
vite son cheval jusqu’à ce que le chemin soit dégagé sur une centaine de
toises. Il arrêta alors sa monture.
— Que faites-vous, noble seigneur ?
— Descends, ils arrivent.
— Je ne veux pas ! glapit le garçon.
— Ne sois pas stupide, je ne vais pas
t’abandonner, saute !
D’un coup d’épaule, il le fit tomber et mit pied à
terre à son tour.
— Mets-toi là, fit-il en lui montrant un
endroit à l’écart où il pourrait le surveiller.
L’autre obéit, toujours les mains garrottées.
Locksley banda son arc et plaça une flèche, en
gardant plusieurs autres en main.
Les cavaliers arrivaient. Ils étaient quatre.
Voyant les fuyards et le cheval au milieu du chemin, ils s’arrêtèrent.
— Descendez de cheval ! leur cria
Locksley.
L’un d’eux se mit à rire, tandis qu’un autre
criait :
— Rendez-vous et notre seigneur sera
peut-être indulgent, vous ne pouvez aller loin !
— Plus loin que vous, répliqua Locksley,
lâchant la flèche qui pénétra dans le garrot de la monture de celui qui venait
de parler. La bête s’écroula avec son cavalier.
— Descendez de cheval ou vous perdez tous la
vie ! ajouta-t-il, une nouvelle flèche encochée.
Lentement, les poursuivants obtempérèrent, tandis
que celui qui était par terre se redressait péniblement.
— Envoyez-nous un cheval !
L’un des hommes frappa la croupe d’une bête qui
trottina vers eux.
— Maintenant, rentrez chez vous et remerciez
Dieu de vous avoir laissé la vie.
Ils montèrent sur les deux chevaux restants et
partirent. Dès qu’ils furent hors de vue, Locksley sortit sa miséricorde et
trancha les liens du garçon.
— Prends le cheval qu’ils nous ont offert,
dit-il, et va te faire pendre ailleurs.
— Vous me laissez partir, seigneur ?
— Que ferais-je de toi ? demanda le
Saxon en haussant les épaules.
— Avez-vous trouvé la statuette, noble
seigneur ?
— Oui.
— Vous allez retourner chez Mercadier ?
— Non, mes affaires m’appellent à Paris.
— Je suis de Paris, noble seigneur ! On
pourrait faire la route ensemble, proposa le garçon. Vous avez certainement
besoin d’un guide.
Locksley sourit en secouant négativement
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