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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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était
décidément curieux. Malhonnête et menteur, mais avec des principes qui
l’auraient conduit au bûcher.
    — À Paris, je rechercherai quelqu’un,
pourras-tu m’aider ?
    — Je resterai à votre service, seigneur. Vous
ne pourrez trouver meilleur serviteur.
    — Si tu essaies de me voler, je te ferai
danser la giguedouille au bout d’une branche, le prévint Locksley d’un ton
badin.
    — Je n’essaierai pas, je vous le promets,
noble seigneur.
    Locksley n’en crut rien, mais n’insista pas. Il
avait maintenant hâte d’arriver, car le ciel était complètement noir et le
temps avait fraîchi. Un orage se préparait, à moins qu’il ne neigeât bientôt,
et il s’inquiétait de passer la nuit dehors.
    Ils croisaient ou rattrapaient de plus en plus
souvent des pèlerins et des colporteurs qui s’écartaient sur leur passage. Il y
avait aussi quelques ânes et des mules lourdement chargés, parfois escortés
d’hommes armés.
    Après deux heures de trot, ils arrivèrent en vue du
Château Raoul et se joignirent à un marchand dont la charrette à deux roues
tirée par un mulet gris transportait des pièces de drap. L’homme, au caractère
jovial et à la face couperosée par le froid, était accompagné de quatre valets
d’armes pour protéger sa marchandise. Il se rendait à une foire à Bourges et
faisait souvent la route depuis Limoges.
    Construite par Raoul de Déols, Château Raoul était
une forteresse de bois et de pierre entourée d’une bourgade d’artisans. Le
drapier, intarissable bavard qui accompagnait ses paroles de grands gestes,
leur expliqua que le dernier seigneur de Déols était mort vingt ans auparavant
en revenant de croisade, ne laissant qu’une fille de cinq ans, otage des
Anglais. Dix ans plus tôt, Philippe Auguste s’était emparé du château, ce qui
avait été une chance pour les marchands comme lui, car, depuis, les routes
étaient devenues sûres même s’il restait les loups.
    Ils entrèrent facilement dans le petit bourg.
Amaury fut particulièrement convaincant, se présentant comme le valet du
seigneur de Locksley se rendant à Paris au service du roi de France. Le
drapier, qui était connu, confirma qu’ils étaient ses amis.
    Le village n’avait qu’une auberge. En vérité un
simple chauffoir, c’est-à-dire une grande salle sombre et enfumée, au sol
couvert de paille sur lequel les voyageurs pouvaient passer la nuit. Ayant
laissé leurs chevaux à une écurie, Locksley et Amaury soupèrent à la table
commune avec des pèlerins et le drapier. Sur les conseils de ce dernier,
Locksley obtint de l’hôtelier un petit bouge sous les combles où on lui mit une
paillasse. Il dormit seul, couché sur la trappe, le sac contenant la statue
d’or, sa miséricorde et son épée près de lui, tandis qu’Amaury restait dans le
chauffoir.
    Le matin, quand il descendit dans la salle par
l’échelle, il découvrit la neige. Il en était tombé plus d’un pied [15] dans la nuit et la
tempête continuait. Ils décidèrent donc d’attendre la fin de la tourmente.
    Vers midi, le soleil apparut. Tandis qu’ils
préparaient leurs chevaux dans l’écurie, un voyageur jura dans la rue. Robert
de Locksley crut reconnaître la voix haut perchée et poussa Amaury derrière un
gros tas de foin, lui-même s’accroupissant pour qu’on ne le voie point.
    Deux hommes d’armes au manteau couvert de neige
entrèrent dans l’écurie, tenant leur monture à la main. Le plus petit ôta son
casque, dévoilant son épaisse moustache et ses bajoues tombantes. Le grand
était borgne avec une cicatrice boursouflée et violette. Il saisit la hache
accrochée à la selle et, d’une voix nasale et déplaisante, donna ordre aux
palefreniers de soigner leurs chevaux avant de partir vers la grande salle.
    C’étaient Simon Le Tripier et Gilles
Le Mulet. Mercadier avait donc lancé ses hommes à leur poursuite.
    — Partons ! dit Robert de Locksley à
Amaury.
     

Chapitre 6
    I ls
passèrent la porte Saint-Jacques le vendredi 30 avril peu après none [16] . Le voyage avait été
bien plus long qu’Amaury ne l’avait prévu, car ils avaient évité les grandes
voies afin d’égarer les hommes de Mercadier. À Château Raoul, Simon Le Tripier
et Gilles Le Mulet avaient certainement interrogé l’aubergiste et
découvert que le voleur de la statuette et Robert de Locksley voyageaient
ensemble, ce qui avait dû confirmer, à leurs yeux, qu’ils étaient

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