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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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confia son cheval et alla s’attabler avec les autres.
    Son voisin était un jeune colporteur aux mains
calleuses. Il portait des braies, une blouse et une chape de bure.
    — Qu’a-t-il fait ? lui demanda Locksley
en désignant l’homme dans le pilori, tandis qu’un gros aubergiste aux traits
grossiers et aux bras velus posait d’autorité devant lui un pot de vin clairet.
    — Un sergent du Temple qui a blasphémé en
jurant par le sang du Christ. Il restera exposé à l’échelle toute la journée.
Il a de la chance, car le roi exige désormais que ceux qui jurent par un
morceau du corps du Christ soient noyés dans la Seine.
    — Les pauvres, certainement, intervint
l’aubergiste en crachant par terre, mais les riches peuvent jurer par le cul de
Dieu et payer seulement cinq sous d’or d’amende !
    Les Templiers éclatèrent de rire et Locksley les
imita. Après quoi il vida en une seule gorgée son pot de vin avant de dire à
l’aubergiste qu’il voulait dîner.
    — Vous êtes chevalier, noble sire ?
demanda respectueusement le colporteur.
    — Je le suis, compaing. Je vais à la
Villeneuve voir un ami, mais j’ignore s’il sera là. J’ai chevauché toute la
journée et mon cheval ne peut plus arquer [40] .
Moi non plus, d’ailleurs ! Surtout, je ne veux pas arriver là-bas affamé,
car je ne sais pas si je pourrai y dîner, n’y étant jamais allé.
    — Je suis chaudronnier, expliqua le colporteur
en montrant ses bassines et son réchaud posés au pied d’un arbre. Je connais du
monde à la Villeneuve, et si je peux vous aider…
    À ce moment, un pauvre hère en sayon venant de
Paris s’approcha de la table. Il restait une place en face de Locksley, juste à
côté des deux sergents du Temple qui avaient bu plus qu’ils n’auraient dû.
C’étaient certainement des camarades du prisonnier de l’échelle, puisque l’un
d’eux lui avait porté à boire. Sans doute veillaient-ils à ce qu’il ne lui
arrive rien, car les enfants aimaient lancer des pierres aux condamnés aux
peines infamantes, les blessant et, parfois, leur crevant les yeux.
    — Va-t’en d’ici l’avrelaun [41] , on n’a pas besoin d’un
rien-qui-vale ! lança le cabaretier au miséreux.
    Le mendiant sortit une obole, piécette de cuivre
et d’argent, qu’il montra en ricanant de sa bouche édentée et s’assit
d’autorité à côté des sergents. Ayant haussé les épaules, le cabaretier partit
chercher un pot de vin, tandis que deux drôlesses en robes rouges arrivaient
d’un chemin transversal. Elles s’arrêtèrent devant la table, dépoitraillant
généreusement leur gorge pour montrer leurs avantages. Émoustillés, les
sergents du Temple se levèrent et partirent paillarder avec elles dans les
haies avoisinantes, faisant fi de leur serment de chasteté.
    Ne restèrent à l’extrémité de la table que
Locksley, le chaudronnier et le mendiant. Les autres clients, deux arbalétriers
génois et un coutelier, étaient assis à l’autre bout.
    Jetant un regard au mendiant, et jugeant qu’il ne
présentait aucun danger d’indiscrétion, Locksley dit au colporteur :
    — Mon ami s’appelle Malvoisin. Il est
commandeur, peut-être le connaissez-vous.
    — Je connais un Albert de Malvoisin, répondit
le chaudronnier après un instant de réflexion, mais il n’est pas à la Villeneuve.
Il habite dans le manoir du Temple, au Monceau-Saint-Gervais. J’y suis allé
réparer des chaudrons et c’est lui qui m’a payé.
    Locksley ne s’attendait pas à ça. Ainsi Malvoisin
habitait dans le Monceau-Saint-Gervais ! C’était inespéré ! C’est
alors qu’il songea au second Templier qu’il avait vu à Limoges avec Malvoisin.
    — Connaissez-vous d’autres chevaliers dans le
manoir du Temple du Monceau ?
    — Non, seigneur. Sauf bien sûr le grand
maître, Lucas de Beaumanoir. On m’a dit qu’il vient de Londres. Je l’ai aperçu
et il m’a paru bien sévère.
    Beaumanoir ! Locksley ne le connaissait pas,
mais il avait entendu parler de lui. Autant qu’il s’en souvienne, c’était le
grand maître de l’ordre en Angleterre quand il était hors-la-loi. Beaumanoir,
comme Malvoisin et Bracy, s’était rebellé contre Richard Cœur de Lion et avait
été banni avec eux. Ce ne pouvait être que lui qui était à Limoges !
Ainsi, les trois principaux complices du complot contre le roi d’Angleterre
ayant eu lieu cinq ans plus tôt étaient à nouveau réunis !
    Comme

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