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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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avait éveillé le dormeur.
    — Que voulez-vous ? demanda-t-il d’une
voix pâteuse, l’œil à peine entrouvert.
    — Restez debout tous les deux ! Je
pourrais vous tuer, mais je ne le souhaite pas.
    Ils ne bougèrent pas durant quelques instants,
puis, brusquement, celui qui avait ouvert la porte se précipita vers une hache
posée sur un banc.
    Locksley lâcha sa flèche à l’instant où le geôlier
se saisissait de la poignée de l’arme, clouant sa manche au banc. Mort de peur,
le gardien ne chercha même pas à se dégager. Déjà une nouvelle flèche empennée
menaçait le second gardien.
    — La prochaine est pour ton ventre. Tu as
envie d’avoir les boyaux à l’air ?
    — Pitié, seigneur ! hurla-t-il.
    — Décloue ton compagnon et descendez dans la
prison. Vous libérerez le tisserand Le Trébuchet qu’on a amené ici hier et
vous lui direz de remonter. Vous, vous resterez en bas. Tentez quelque chose,
et vous terminerez votre triste existence ici.
    Le dormeur baissa les yeux et s’avança vers son
compagnon. Il prit la hache et trancha le tissu pour le libérer, puis il posa
l’arme sur le banc, écartant les mains pour faire preuve de sa bonne volonté.
    — Les prisonniers ont les fers aux pieds,
j’ai besoin de la clef, seigneur, dit-il en montrant une clef suspendue à un
clou dans un mur.
    — Va la chercher !
    Locksley désigna alors les marches qui
s’enfonçaient dans le sol à celui qui venait d’être libéré. L’escalier était
entouré d’un muret sur lequel fumait une chandelle de suif dans une coupelle de
bronze.
    — Toi, passe en premier et prend la
chandelle.
    Les deux geôliers ayant obéi, Locksley les suivit
des yeux pendant qu’ils descendaient les marches. L’escalier s’enfonçait
profondément, au moins de trois toises, dans une épaisse obscurité. Malgré la
chandelle, les gardiens disparurent à ses yeux et il entendit seulement grincer
des verrous. L’arc toujours bandé, Locksley descendit quelques marches et
aperçut un peu de luminosité, puis il distingua une épaisse porte ferrée
entrebâillée. Un abject remugle de déjections remonta vers lui. Les prisonniers
devaient se soulager sur place, à moins que la prison ne soit perpétuellement
inondée par les eaux de la Seine.
    Sans s’engager plus dans l’escalier, Locksley
entendit des bruits de chaîne, des murmures de voix et des pleurs. L’attente se
poursuivait. Dans un mélange d’impatience et d’inquiétude, il pria le ciel pour
qu’il n’y eût pas une seconde issue. Enfin il vit une ombre écarter la porte et
entendit un des geôliers.
    — Le Trébuchet remonte, seigneur !
    — Le Trébuchet, refermez la porte et tirez
les verrous derrière vous, ordonna Locksley à celui qu’il apercevait.
    L’autre s’exécuta et grimpa les marches. Le Saxon
s’attendait à voir un vieillard, or c’était un homme encore jeune, ressemblant
à Amaury, mais avec un visage plus austère. Sa robe était souillée et il
portait un petit bonnet avec une broche. Il paraissait en bonne santé.
    — Qui êtes-vous ? furent ses premiers
mots.
    — Peu importe, je suis venu vous libérer,
dépêchez-vous.
    Il fila à la porte, l’ouvrit avec précaution et
regarda dans le chemin. Dehors, il y avait toujours aussi peu de monde.
    — Descendez jusqu’à la Seine, votre fils vous
attend et s’occupera de vous.
    L’autre le regarda, les yeux pleins de
reconnaissance, ne sachant s’il devait s’exécuter. Puis, brusquement, il se
décida et partit en courant.
    Locksley détacha la corde de son arc et suivit le
tisserand à bonne distance jusqu’à ce qu’il le perde de vue, près du port au
foin. Le Trébuchet s’était fondu dans la foule des portefaix, des bateliers et
des pêcheurs. Examinant longuement la rive, le Saxon l’aperçut à nouveau,
étreignant et embrassant son fils avec effusion. Au moins, ils se seront
réconciliés, songea-t-il avec un pincement de cœur de satisfaction.
    C’est alors qu’il aperçut, à quelques pas devant
lui, le bonnet du père d’Amaury. Il le ramassa, hésitant à le lui apporter,
puis il se dit qu’il serait imprudent d’être vu avec eux et qu’il aurait
l’occasion de revoir Amaury. Il glissa le bonnet dans sa ceinture et prit la
direction du Monceau-Saint-Gervais en suivant la rive.
    Par instants, il apercevait le père et le fils
loin devant. Il les vit longer les maisons de la rue des Ménétriers et se
rapprocher

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