Paris, 1199

maître
avait bien son escarcelle.
    — J’avais le bonnet de ton père que je
voulais te rendre !
    — Son bonnet ?
    — Oui, il l’a perdu hier, dans l’évasion, je
l’ai retrouvé et, ce matin, je l’ai glissé ici… Mais je vois que je ne l’ai
plus ! Pourtant je suis certain qu’il était encore là au Beau bourg !
J’ai dû le perdre dans le combat contre le Templier.
    — Tant pis ! On n’ira pas le
chercher !
    — Où allons-nous, maintenant ?
    — Au Monceau-Saint-Gervais, là où mon père
est caché.
     
    Le jeune sergent Templier avait rejoint les
autres. D’une voix hachée par l’émotion et la crainte d’être puni, il expliqua
ce qui s’était passé. Immédiatement Malvoisin et la troupe se précipitèrent sur
le lieu de la bataille.
    Évidemment, il n’y avait plus rien à faire pour
celui dont la cervelle était répandue dans les vignes. Malvoisin, Beaumanoir et
les autres Templiers s’agenouillèrent autour de lui pour prier, tandis que
Bracy partait seul sur les traces des fuyards. Mais il eut beau chercher et
interroger, il y avait trop de monde dans ce quartier proche de Saint-Gervais
et il ne put retrouver leur trace.
    Quand il revint dans le champ, Beaumanoir faisait
charger le corps sur une charrette.
    — Je ne les ai pas trouvés ! ragea
Bracy. Malvoisin, viens-tu avec moi ? Je vais fouiller la chambre de
Locksley.
    — Je t’accompagne, mais regarde ce que j’ai
découvert près de notre frère.
    Il tendit un bonnet.
    — Et alors ?
    — Ce n’est certainement pas à Locksley, c’est
donc à son compagnon. Ce bonnet porte une broche, peut-être pourra-t-on
l’identifier avec…
    — Peut-être, viens donc ! répliqua Bracy
avec indifférence.
    À la Corne de Fer, les deux hommes trouvèrent
l’aubergiste dans la cour.
    — Montre-nous la chambre de Locksley, ordonna
Bracy en le saisissant par la gorge.
    — Locksley ? Il n’y a personne de ce nom
ici, seigneur, gargouilla le pauvre homme, terrorisé par l’arrivée de ces deux
chevaliers, apparemment prêts à mettre à sac son auberge.
    Il savait n’avoir aucune aide à attendre, le
prévôt n’envoyant jamais le guet du Châtelet quand des chevaliers ravageaient
quelque endroit, préférant punir les coupables après.
    — Par le cul de Dieu ! jura Bracy en
sortant sa miséricorde de sa ceinture, continue à mentir et je te coupe la
langue, fripon ! Je l’ai vu ! Il se fait passer pour un chevalier, il
a un arc. Je l’ai vu entrer, hier ; il portait un gambison et, ce matin,
il avait une cotte verte.
    — Oui… Oui, seigneur, je connais cet
homme ! Mais il ne s’appelle pas Locksley. Son nom est Robin, Robin au
Capuchon.
    — Corne bouc ! C’est le nom que portait
ce chien à Sherwood ! lança Bracy à Malvoisin. Montre-nous sa
chambre ! cria-t-il ensuite à l’hôtelier en lui envoyant une bourrade.
    Tremblant de tous ses membres, à peine soutenu par
ses jambes, le tavernier les conduisit à l’étage. La porte était fermée, mais
Bracy la défonça à coups de pied. Immédiatement les deux hommes la mirent à
sac. Diable, cette statuette d’or devait bien être quelque part ! Ils
renversèrent le lit, jetèrent à bas le matelas, arrachèrent les planches du
sommier, vidèrent le coffre et le retournèrent. Ils examinèrent les carreaux du
sol, et si quelques-uns étaient descellés il n’y avait aucune cachette. Ils
examinèrent ensuite longuement les murs sans rien découvrir.
    Bracy attrapa à nouveau l’hôtelier, horrifié par
ce saccage :
    — Ce Robin t’a confié un paquet ?
    — Non, seigneur ! Rien ! Je le jure
sur le sang du Christ !
    Le chevalier tira l’hôtelier jusqu’à la fenêtre
qu’il brisa d’un coup de pied.
    — Sang de bœuf ! Tu vas me donner ce
qu’il t’a remis ou je te jette dans la rue !
    — Pitié, seigneur, il ne m’a rien
donné ! Pitié !
    Bracy allait sans vergogne mettre sa menace à
exécution quand Malvoisin intervint.
    — Laisse-le ! Il est terrorisé ! Il
ne sacrifierait pas sa vie pour cette fripouille de Locksley !
    — Tu as raison, la rage m’emporte.
    — Si Locksley revient et que tu ne m’as pas
prévenu, je mettrai le feu à ton chenil ! Compris ! Tu me trouveras
au manoir du Temple. Demande après le commandeur Albert de Malvoisin !
    Il rejeta l’homme qu’il tenait toujours et ils
partirent. Dans l’escalier, Bracy déclara :
    — C’est donc celui qui était avec