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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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vous.
    — Les Templiers ne sont pas nos amis,
répondit Enguerrand. Nous rejetons bien des pratiques de l’Église, mais le
Temple incarne tout ce que nous réprouvons. Le monde est simple et
dualiste : il y a le mal et il y a le bien. Le mal, c’est la guerre et
l’appât de l’or, c’est-à-dire ce que recherchent les Templiers. Vous êtes leur
ennemi, donc vous êtes du côté du bien.
    Robert de Locksley n’était pas convaincu que le
monde soit si simple, mais la croyance d’Enguerrand faisait son affaire.
    — J’attends des amis qui viennent de
Toulouse. À dire vrai, ce sont plus que des amis puisque ma femme est avec
eux ! Ils devaient me retrouver à la Corne de Fer, mais je ne peux plus
prévenir l’aubergiste puisque les Templiers l’ont menacé s’il ne me dénonçait
pas. Pouvez-vous m’aider ?
    — Je pourrais m’y rendre tous les jours pour
me renseigner, proposa Aignan le libraire. Vos amis sont-ils faciles à
reconnaître ?
    — Sans doute : mon épouse est la plus
belle des femmes ! (Il se mit à rire et obtint un sourire de plusieurs des
hommes, mais pas d’Enguerrand.) Quant à mon ami, il est chevalier et jamais
vous ne verrez un homme plus hardi. Son écuyer, s’il l’accompagne, est le frère
de mon épouse. Il est très drôle et ferait rire des pierres. Vous ne pouvez les
manquer !
    — Nous essaierons de trouver une solution,
proposa Champeaux.
    — Quand pourrai-je quitter la cave ?
demanda alors Étienne Le Trébuchet.
    — Le prévôt de Saint-Éloy te recherche, dit
Jehan le Flamand. Il est venu m’interroger, comme les autres tisserands.
    — Il est aussi venu chez moi, confirma Noël
de Champeaux. Tu dois encore rester caché. Si l’official de l’évêché n’est pas
saisi, l’affaire sera oubliée et tu pourras quitter Paris. Nous t’aiderons à
t’installer ailleurs.
    Les servantes servirent des fruits et le souper se
termina comme les cloches sonnaient vêpres.
    De retour dans la crypte sous la tour du Pet au
Diable, Étienne Le Trébuchet parla plus longuement de son fils.
    — J’ai cru l’avoir perdu, mais il n’en était
rien. Je voulais qu’il soit tisserand comme moi, qu’il soit un bon croyant, car
je visais à devenir Parfait. Mais je sais désormais que ce n’étaient que des
chimères. J’ai peur de la mort, et mon fils est un voleur. Je déplore la fin de
l’existence que je menais et je crains l’avenir. Je ne suis pas un bon
chrétien. Pourquoi Satan est-il si dur avec nous, pauvres hommes ?
    — Ce n’est pas dans ce monde que nous
connaîtrons la félicité, maître Le Trébuchet. Mais sachez que j’ai aussi
été voleur et que vous avez un bon fils.
    — Merci… Votre ami arrive de Toulouse,
avez-vous dit ?
    — Oui.
    — Quand il y retournera, croyez-vous que je
pourrai l’accompagner ? Les cathares peuvent vivre leur foi en paix
là-bas, m’a-t-on dit. Je m’installerai à Albi ou à Carcassonne, là où les
tisserands sont nombreux. Mon fils veut m’accompagner, mais partir à deux me
fait peur.
    — Amaury veut finalement devenir
tisserand ?
    — Oui, il me l’a dit hier. Vous savez, quand
il était plus jeune et qu’Enguerrand était encore le maître de notre
corporation, j’avais proposé à ce dernier qu’Amaury épouse Sanceline.
    — Je suppose que c’est toujours possible.
    — Il n’y a plus qu’Amaury pour y croire.
Sanceline n’est ni pour lui ni pour aucun homme.
    — Pourquoi ?
    — Saint Luc a dit : ceux qui seront jugés
dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts, ne se
marieront point. Sanceline ne veut pas connaître d’homme.
    Dans l’obscurité, le tisserand ne vit point
Locksley sourire.
     

Chapitre 15
    L e
mardi 4 mai, le prévôt de l’abbaye Saint-Éloy, Robert Hamelin, se rendit
rue de la Tisseranderie pour fouiller la maison du tisserand hérétique. Étienne
Le Trébuchet était veuf, son fils l’avait quitté et une seule servante,
une femme âgée, s’occupait de son logis. Quand le prévôt lui demanda si elle
avait revu son maître depuis dimanche, elle jura que non, ignorant où il
pouvait être. Elle affirma surtout que le tisserand était bon chrétien, qu’il
allait à la messe et à confesse, qu’il ne jurait jamais et qu’il ne mangeait
que du poisson. Ce n’était pas interdit par l’Église, bien au contraire. Quant
à son fils, elle ignorait où il était et ne voulait pas le savoir. C’était

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