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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Hamelin la fouilla, découvrit
un camail, un casque, une courte épée, des éperons et une hache de bataille. Un
armement de chevalier. Cet archer n’était pas un simple mercenaire.
    — Ce Robin avait-il un cheval, une
mule ?
    — Un palefroi, seigneur, il est toujours à
l’écurie.
    Donc, tôt ou tard, il reviendrait, songea Hamelin.
    — Si vous le revoyez, n’allez pas au manoir
du Temple, mais venez me chercher au Grand-Châtelet, et puisqu’il attend des
amis, prévenez-moi dès qu’ils arrivent.
    — Mais les Templiers, seigneurs…
    — Ils ne vous importuneront plus, soyez
rassuré.
    Le soir même, après vêpres, Philippe Hamelin se
rendit à l’abbaye Saint-Éloy et raconta à son frère ce qu’il avait appris.
     
    Après avoir fouillé la chambre de Robert de
Locksley, Bracy et Malvoisin avaient regagné le manoir du Temple et retrouvé
Beaumanoir dans la chapelle où il faisait laver et préparer le corps du sergent
tué. Le grand maître laissa les autres religieux s’en occuper et monta dans son
appartement.
    — Il n’y avait rien dans la chambre de
Locksley, annonça Bracy en se jetant sur un faux d’esteuil [50] . Pas de statuette d’or.
    — Par l’épée de saint Michel, cette statuette
n’a aucune importance ! gronda Beaumanoir en s’asseyant sur sa cathèdre.
Désormais, j’ai un compte terrible avec Robert de Locksley. Je jure de le
retrouver et de lui faire payer la mort de notre frère.
    Bracy se moquait de la vengeance du grand maître,
tout comme Malvoisin, bien qu’à un degré moindre pour ce dernier. Tous deux
pensaient uniquement à la statue d’or, mais ils devinaient que Beaumanoir ne
les suivrait pas sur ce terrain.
    — N’oublions pas que nous avons besoin de
lui. Il faut le saisir et non le tuer. Ensuite, accusé de la mort de Philippe
Auguste, il souffrira mille morts, ce qui sera tout de même une douce
vengeance, fit Malvoisin.
    — C’est vrai, mais comment le trouver
maintenant ? demanda Beaumanoir, levant les mains en signe d’impuissance.
    Malvoisin sortit le bonnet qu’il avait glissé à sa
ceinture et le lui tendit.
    — Je l’ai ramassé à l’endroit où est mort
notre frère. Il a dû être perdu par le compagnon de Locksley. C’est sûrement
chez lui qu’il se cache. Ce bonnet ressemble fort à ceux que portent les
tisserands, les drapiers et les merciers, et surtout il y a une broche.
Quelqu’un le reconnaîtra forcément, si on pose d’adroites questions dans le
Monceau.
    — Cette colombe ! s’exclama Beaumanoir
en prenant le bonnet.
    — Elle est en argent, confirma Bracy. Le
propriétaire doit y tenir, on devrait donc facilement le retrouver.
    Beaumanoir considérait le bijou les yeux
écarquillés. Sur son visage, habituellement arrogant, la stupéfaction se
changea peu à peu en terreur.
    — Qu’avez-vous, noble grand maître ?
demanda Malvoisin avec inquiétude.
    — Vous n’avez rien vu ? C’est la colombe
du Saint-Esprit ! Comprenez-vous ? balbutia Beaumanoir.
    — Et alors ? s’enquit Bracy.
    — Cela n’a rien évoqué chez vous,
Malvoisin ? demanda le grand maître dans un mélange de mépris et de peur.
C’est la colombe des cathares !
    — Vous croyez ? interrogea le Templier
en la reprenant pour l’examiner.
    — Qui sont ces cathares ? demanda Bracy.
    — Des hérétiques ! Ils répandent les
mêmes fausses croyances que les bogomiles, si nombreux en Palestine. Ils
vénèrent le démon comme le créateur de toute chose et ils nous haïssent !
    — Pourquoi ?
    — Parce qu’ils sont persuadés que le Temple a
été créé par Satan ! glapit Beaumanoir.
    — Il y aurait donc des bogomiles ou des
cathares à Paris ? se demanda Bracy en se frottant le menton comme pour
insister sur sa perplexité. Mais comment Locksley les connaîtrait-il ?
    — Ils sont partout ! cria Beaumanoir en
se signant. On en a brûlé à Cologne, en Flandre, mais il y en toujours de
nouveaux, ils se reproduisent comme les cafards ! Ils sont abjects !
    — Ce bonnet n’est pas la preuve qu’on ait
affaire à des cathares, décida finalement Bracy en secouant la tête. Pour l’instant,
je vais rechercher son propriétaire. Il nous conduira à Robert de Locksley,
tout simplement.
    — Je vous le confesse, reconnut Beaumanoir
qui s’était calmé, mais acceptez au moins de ne pas interroger de tisserands.
    — Pourquoi ?
    — En Flandre, les cathares se font appeler
tisserands, tant ils

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