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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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dit le geôlier à la
lanterne à son compagnon avant de revenir à l’échelle.
    Il ajouta à l’attention des prisonniers :
    — Tentez quelque chose pendant qu’il défait
les nœuds et vous passerez un mauvais moment.
    Guilhem essaya de s’asseoir. C’était presque
impossible avec les chevilles immobilisées, mais, en surmontant les douleurs,
il y parvint. Le geôlier lui défit alors ses liens, puis fit de même à
Bartolomeo avant de remonter. Les lumières disparurent et l’obscurité les
recouvrit. Dans un sinistre claquement, la trappe fut refermée et ils restèrent
dans le noir.
    — J’ai mal aux chevilles, geignit Bartolomeo.
    — Dans quelque temps vous ne sentirez plus
rien, dit une voix sans timbre.
    — Qui êtes-vous ? demanda Guilhem en se
tournant dans la direction de la voix. C’était le corps en robe rouge.
    — Peu importe, je vais mourir.
    — Bartolomeo, tu as vu les cadenas ? Y
a-t-il un moyen de les ouvrir ?
    — Avec un morceau de fer, oui, mais je n’ai
rien. Ils ne nous ont rien laissé.
    Après un instant, il demanda :
    — Que croyez-vous qu’ils vont faire de nous,
seigneur ?
    — Vous serez jugés et condamnés, fit la voix.
Priez seulement pour ne pas trop souffrir. Je n’aurai pas cette chance.
    Le silence s’installa. Immobile, Guilhem se
creusait l’esprit. Il fallait qu’il trouve une solution ! Il s’était déjà
trouvé dans des situations bien pires. Au bout d’un moment, il sentit la croix
sur sa peau. Attachée à son cou par une chaîne, c’était un bijou en argent
acheté pour Amicie de Villemur, mais qu’il ne lui avait jamais offert.
    Il l’enleva et chercha à tâtons la main de
Bartolomeo.
    — Prend cette croix, essaie d’ouvrir les
cadenas avec.
    Bartolomeo la saisit, s’assit et se pencha vers le
cadenas. C’était une position malcommode, douloureuse même, avec les jambes
immobilisées, mais l’italien était capable de toutes les contorsions. Il
farfouilla un long moment dans la serrure. Le cadenas était rudimentaire,
fabriqué par un forgeron et non par un serrurier, mais si le mécanisme était
simple, il fallait beaucoup d’effort pour le manœuvrer sans une clef.
    — J’ai peur que la croix ne casse fit-il.
    Il continua encore un moment jusqu’à ce qu’il
s’exclame :
    — J’y suis !
    Guilhem avait aussi entendu le claquement du
mécanisme.
    Bartolomeo détacha la boucle, puis souleva la
plaque de fer et ôta ses pieds.
    — Dieu que c’est bon !
    À tâtons, il s’approcha de Guilhem et s’occupa de
son cadenas. Celui-ci fut plus facile, car Bartolomeo savait maintenant comment
procéder.
    — Occupe-toi de notre voisine, ordonna
Guilhem dès qu’il fut libre.
    Il avait deviné qu’il s’agissait d’une femme.
    — Qu’allez-vous me faire ? geignit-elle.
    — Pour l’instant vous libérer, ensuite nous
parlerons.
    — Qui êtes-vous ? demanda-t-elle tandis
que Bartolomeo trafiquait dans son cadenas.
    — Je me nomme Guilhem d’Ussel. Je suis
chevalier. Mon compagnon, Bartolomeo, est mon écuyer. L’official nous accuse
d’hérésie, mais il se trompe.
    — Ça y est ! fit Bartolomeo d’un ton
satisfait.
    Il souleva doucement la plaque de fer et toucha
les chevilles enflées de la femme.
    — J’ai mal, dit-elle.
    — La douleur va disparaître peu à peu, dit-il
en lui massant la peau. Depuis quand êtes-vous là ?
    — Je ne sais pas. Dans le noir, qui peut
savoir s’il fait jour ou nuit ? On m’a porté trois fois du gruau et de
l’eau.
    — On ne vous a pas détachée ?
    — Non, je mange le gruau avec les mains dans
l’écuelle et il y a un vase. On est venu le chercher une fois pour le vider.
    — Pourquoi êtes-vous là ?
    — Je suis une ribaude, dit-elle. Le prévôt
m’a surprise dans l’église avec un maçon. On est venu le chercher hier pour le
mettre au pilori. Moi, je dois subir la torche ardente samedi.
    — La torche ardente ?
    — On m’attachera nue sur le pilori et
l’exécuteur passera sur tout mon corps une torche ardente pour brûler ce qui
appartient à Satan.
    Elle parvint à s’asseoir et étouffa un sanglot.
    — J’y ai assisté une fois, c’était une amie.
Elle n’était plus qu’une plaie et plus aucun homme n’a voulu d’elle ensuite.
Elle a rendu son âme peu après.
    — C’est l’official qui a décidé ça ?
demanda Bartolomeo, incrédule.
    — Oui, et il n’avait pas le droit de me
juger. J’ai été

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