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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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lys tournant à la
pâleur de mort, un duel avec ce bretteur ! Ha ! mon frère, il vous
tuera !
    — Ou si
vous le tuez, Moussu, vous y perdrez le chef ! dit Miroul, la voix comme
étouffée tant, je gage, le nœud de la gorge le serrait. Un Baron ! un
brillant courtisan ! Un gentilhomme du Duc d’Anjou ! Ha, Moussu,
C’est folie !
    — Qu’y
peux-je ? dis-je. Si je n’avais point relevé le mot « rustre »,
Quéribus eût poursuivi sa persécution plus avant.
    — Hélas !
Je le cuide aussi ! dit Miroul avec un gros soupir.
    — Ha !
Monsieur mon frère ! dit Samson, les larmes au bord du cil et me
saisissant le bras, si ce méchant vous tue, je le défierai !
    — La
bonne chose ! dit Miroul, il vous tuera aussi !
    — Et de
votre mort, Samson, je serai au ciel très conforté, dis-je en riant. Mais mon
frère, n’en jasons pas plus outre et fermons une bonne fois le livre des
lamentations. Je me propose d’instruire M. de Nançay de cette vilaine traverse
et quérir de lui ce qu’il en opine.
     
     
    M. de
Rambouillet à qui je m’adressai pour savoir où j’aurais chance de rencontrer le
capitaine des gardes à pied me dit qu’il ne l’avait point vu encore, mais qu’il
pouvait par aventure se trouver au Jeu des Cinq Pucelles où il était
accoutumé de s’ébattre, y ayant peu de monde en la paume à cette heure. Je
dépêchai donc Miroul à Giacomi en sa galerie pour lui dire où nous allions, et
repassant avec Samson le guichet du Louvre, je toquai à l’huis gros et massif
des Cinq Pucelles, lequel s’ouvrant à peine, un valet-paumier me demanda
mon nom et mon affaire. Je les lui dis, et incontinent le maître
paumier-esteufier Delay apparut, lequel portant haut la crête comme à son
ordinaire, mais cependant fort courtois, me dit qu’il me reconnaissait pour le
gentilhomme périgordin qu’il avait vu avec M. de Nançay la veille, et que je
n’avais qu’à entrer, le capitaine étant attendu pour faire une partie de
quatre. Ce disant, le maître Delay nous mena dans la tribune, à cette heure
vidée de tout public et, s’asseyant sans tant de façon à mon côté, me fit à la
parisienne mode des questions infinies sur moi-même, ma parentèle et ma
province, je ne l’oyais que d’une oreille et ne répondais que tant que je le
devais sans faillir à la politesse, mon attention étant engagée par deux
gentilshommes qui, en chausses et chemise, battaient l’esteuf l’un contre
l’autre par-dessus la corde à franges, un troisième gentilhomme, debout à côté
de ladite corde, servant de juge et paraissant fort impatient de ne pouvoir se
joindre au jeu. Du moins, j’en augurais ainsi à son air et aussi pour ce qu’il
était en chemise et tenait à la main une raquette qui ne lui était, en tant que
juge, d’aucune usance.
    — Ha,
dis-je, voici sans doute les gentilshommes qui attendent M. de Nançay pour
faire un quatre. Comment se nomme le plus grand des trois ? Il joue fort
bien.
    — Quoi !
dit le maître Delay comme indigné, vous ne le connaissez point ? Vous vous
gaussez ! Le monde entier connaît le Duc de Guise !
    — Nenni,
dis-je, étant à Paris de trois jours seulement, combien que j’en eusse beaucoup
ouï parler chez moi, mon père, le Baron de Mespech, ayant servi sous le sien à
Calais.
    — Je le
dirai à Henri de Guise, dit Delay non sans bonhomie, il ne vous en aimera que
plus, vénérant la mémoire de son père assassiné.
    — Et quel
est, dis-je, le gentilhomme qui lui relance l’esteuf ?
    — Ha !
dit Delay, voilà bien le piquant ! Ce seigneur est le gendre de l’homme
qui fit tuer son père.
    — Mais,
dis-je non sans quelque prudence et unpied déjà sur le recul, est-il
constant que c’est Coligny qui fit assassiner François de Guise ? Le Roi
l’a lavé de cet infâmant soupçon.
    — Ha !
dit Delay, le Roi joue son rollet et son rollet est de tromper son monde.
    Il dit cela en
baissant la voix et l’air fort mystérieux, étant atteint de cette fièvre de
cour qui veut qu’on paraisse toujours tout informé de tout. Hors cette
parisienne faiblesse, j’aimais assez le maître-paumier pour ce qu’il était rond
comme cochonnet au jeu de boule, et de la croupe, et de la bedondaine, et de la
face, l’œil à fleur de tête et tout à la fois naïf et renardier.
    — Le Duc
de Guise est fort beau, dis-je en le regardant bondir qui cy qui là sur le
terrain.
    — Laquelle
beauté fut bien proche de

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