Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
Saint-Germain l’Auxerrois, lequel nous terrifia tant il parut nous
éclater dans la tête, prolongeant ses coups sourds en une vibrante et
torturante noise comme s’ils ne devaient jamais finir, repris de reste presque
incontinent par toutes les cloches de toutes les églises de l’immense ville,
les huis des logis à ce signal s’ouvrant, à ce que nous vîmes, dans la rue de
Béthisy, dans la rue de l’Arbre Sec, dans la rue des Fossés Saint-Germain et
vomissant par centaines des hordes de Parisiens armés en guerre, brandissant
des piques et des épées, les torches haut levées pour mieux envisager les
portes que les dizeniers avaient marquées le matin même au charbon blanc, les
cloches pendant ce temps tonnant continuement à oreilles étourdies et
paraissant se répondre de paroisse en paroisse comme pour appeler ensemble les
chrétiens à célébrer dans la nuit cette étrange messe dont les martyrs, eux
aussi, adoraient Christ.

 
CHAPITRE X
     
     
    — Ha !
Moussu, dit Miroul me tirant du transissement où m’avaient jeté les cloches,
nous ne pouvons délayer sur ce toit davantage. On va nous tirer comme pigeons.
    Sanguienne, il
disait vrai ! Il fallait agir, et agir sagement, encore qu’en tel
périlleux prédicament, c’est la male heure ou la bonne heure qui tranche si
folle fut votre sagesse, ou sage, votre folie.
    Je vis en
jetant un œil derrière moi qu’il y avait une bâtisse en appentis à la pente du
toit, et que cette bâtisse avait l’apparence d’une écurie qui donnait sur une
cour de derrière, laquelle à son tour donnait sur une suite de chétifs
jardinets qui ne pouvaient qu’appartenir aux logis dont se voyait la façade
dans la rue de Béthisy, tant est qu’en Paris, quand on passe ès rues, on ne
voit que le décor urbain, lequel est doublé par-derrière d’un petit décor
campagnard avec un puits, des fruitiers et toute la verdurerie dont la ménagère
a besoin.
    Pensant qu’on
se déroberait mieux par ces petits champs et qu’on y serait, pour un temps du
moins, retiré du massacre, je me dévalai le toit du logis de ce côtel, Miroul
bientôt me passant et le premier s’engageant sur le toit de l’appentis d’où il
sauta à terre avec sa coutumière agilité. Mais s’étant reçu sur le pavé, il me
fit signe de ne point l’imiter, la chute étant trop dure, et courant sans bruit
me quérir une méchante chanlatte qui s’encontrait en la cour, il la revint appuyer
contre l’appentis, ce qui me fut de commodité et plus encore qu’à moi, à
Fröhlich, lequel pesait tant que les derniers barreaux rompirent sous son
poids, le versant à terre plus vite qu’il n’eût voulu, mais sans dol ni
dommage. Ce qui fit rire Miroul, mais à voix étouffée, tant la gaîté de sa
complexion était irréfrénable, même en ces extrêmes affres.
    Dans cette
cour pas un seul chat vaillant, nos beaux anges papistes étant, comme j’ai dit,
fort occupés à la picorée au logis derrière nous, lequel était éclairé à toutes
les fenêtres par des falots qui passaient et repassaient d’une fenêtre à
l’autre au poing des chercheurs de pécunes, de vêtures, d’armes, de bottes, de
couverts d’argent – telle étant en ce monde la récompense du Seigneur pour
avoir occis l’hérétique, en attendant, dans l’autre, le Paradis sans
Purgatoire. Et en cette glorieuse quête, pas un guillaume qui s’avisât, Dieu
merci, de jeter un œil par une fenêtre, sans quoi il nous eût vus à la fuite,
la nuit étant claire et la lune, dévoilée.
    — Compagnons,
dis-je, à l’aventure ! Tirons vers les jardins ! Mieux vaut l’arbre
que l’homme !
    On se jeta
donc dans le premier jardinet venu, puis dans un autre, puis dans un autre
encore, Miroul sautant les clôtures et palis comme un lévrier, moi-même les franchissant
à force, et Fröhlich derrière moi les écrasant comme un éléphant tant est
qu’enfin, je le priai de passer devant moi pour aiser mon labour. Il est vrai
qu’il faisait un bruit d’enfer en arrachant tout devant soi, mais cette noise
ne s’entendait miette dans l’assourdissant toquement des cloches,
l’escopetterie et l’arquebusade faisant rage, par surcroît, à tous les
horizons.
    Mais de
jardinet en jardinet on ne put qu’on ne saillît à la fin dans une rue,
laquelle, comme me le dit Miroul qui connaissait cette Paris à merveille, était
la rue Tirechappe.
    — Moussu,
dit mon gentil valet tandis que nous nous

Weitere Kostenlose Bücher