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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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dans l’ais de l’huis et au cœur de l’anneau, le quartenier fort
décomposé, à ce qui me sembla, d’avoir senti le vent de la lame siffler si près
de sa trogne, pour ce qu’il n’était point de présent si assuré de l’avantage
que lui donnait sur nous la pistole et d’autant que mon Miroul, prestement se
baissant, saisit son second cotel dans son autre chausse.
    — Il
suffit, mon compère, dit le quartenier s’adoucissant prou, tu m’as persuadé.
J’ai toute fiance de présent en ton zèle à faire œuvre pie en cette fête de la
Saint-Barthélemy si bien chômée. Mais, crois-en mon conseil, fais-toi coudre
tout de gob un brasseau. Qui connaîtrait un chat gris la nuit ?
Compagnons, poursuivit-il, laissons là, c’est chétive affaire. Nous aurons
mieux sans tant de peine.
    Et il laissa
là, en effet, peut-être convaincu, peut-être n’ayant guère friandise à hasarder
sa tendre peau sous sa dure cuirasse pour le maigre profit de perles de
verroterie et d’une médaille ; laquelle, bien qu’il la crût de bronze,
bien davantage valait pour moi que son poids d’or, puisque je la tenais de ma
défunte mère et qu’elle venait de me sauver la vie après avoir manqué de me la
perdre lors de la Michelade de Nismes, cinq ans plus tôt. N’est-ce pas
pourtant une tant grave chose que l’existence d’un être que ses frères ne la
devraient jouer à pile ou face sur une image ? Ha ! Seigneur !
L’étrange pouvoir qu’usurpe à la fin sur l’homme l’idole qu’il a de ses mains
façonnée !
    — Moussu,
me dit Miroul, tandis que le dos au mur et tapi dans une encoignure nous
regardions ces vaillants courir vers d’autres exploits – les cloches
maintenant tues, mais de toutes parts retentissant l’escopetterie, les coups
sourds des madriers et des haches contre les huis défoncés, les courses
haletantes sur le pavé, les huchements de mort des assassins rués à la curée,
les cris de terreur des martyrs surpris en leur logis, s’ensauvant en chemise,
repris, impiteusement égorgés, dévêtus, mutilés, traînés par les fanges des
rues.
    — Moussu,
me dit Miroul, vous avez à merveille joué du plat de la langue, mais m’est avis
que votre médaille ne nous sauvera pas deux fois. Il nous faut à force forcée
arborer à l’épaule le torchon blanc de ces marauds, et la seule de présent qui
nous le peut fournir et coudre, c’est Alizon. Hors Alizon, point de salut.
    — Ach ! Mon gentilhomme ! dit Fröhlich, si tant est que vous ne me voulez plus
muet, peux-je parler de présent ?
    — Parle,
Fröhlich.
    — C’est
grand Schelme, à mon opinion, que de porter le brasseau blanc de ces
massacreurs !
    — Ha !
Fröhlich ! dis-je, bien le rebours ! C’est légitime stratagème que de
loucher avec les bigleux, quand il y va de la vie. Miroul, à la parfin, je te
donne raison. Allons voir si le prêche de son curé n’a pas corrompu jusqu’au
noyau le bon cœur d’Alizon.
    Mais au logis
d’Alizon la porte était close et remparée, et encore que j’osasse toquer le
heurtoir, pas une face ne se montra aux fenêtres.
    — Voyez
pourtant, Moussu, dit Miroul, le fenestrou d’Alizon à l’étage est ouvert et
d’une chandelle éclairé. La pauvrette veille par cette nuit atroce. Plaise à
vous, Moussu, de me laisser grimper jusqu’à sa chambrifime par la façade pour
tâter son humeur.
    — Was ! Gentil petit compagnon, dit Fröhlich, es-tu mouche pour marcher le long d’un
mur ?
    — Il a
fait mieux, dis-je. Penche-toi et baille-lui ton large dos, Fröhlich, pour
qu’il passe l’encorbellement, et à peine te seras-tu redressé qu’il sera jà en
poste.
    Ce que Miroul
fit avec son inouïe prestesse, et non point seulement agile, mais en son
agilité tant gracieux qu’un chat, et comme un chat, sans paraître se hâter du
tout, mais sûr de patte et de détente, tandis que je l’envisageais, éclairé
qu’il était à plein par la lune, et moi dans l’ombre, le cœur me battant du
succès de son ambassade. Mais bien à tort, pour ce que deux minutes à peine
coulèrent avant que l’huis de la rue, déverrouillé et déclos, s’ouvrît, et mon
Alizon me tomba dans les bras avec de grands soupirs et des milliasses de
poutounes sur la face et le col.
    — Qu’est celui-là ?
souffla-t-elle en voyant derrière moi cette montagne d’homme.
    — Un bon
Suisse de Berne.
    — Que
Dieu le garde ! dit-elle à voix basse. (Mais lequel ?

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