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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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il receignit son braquemart sur sa chemise
et se ressaisit de la pertuisane, ce qui parut le conforter un petit. Pour moi,
tout échauffé de mon combat avec ces méchants gueux, je me sentais si sueux que
je déboutonnai mon pourpoint et ma chemise et comme on verra, bien m’en prit.
    — Çà !
dis-je. Compagnons, tirons vers la rivière de Seine ! Peut-être la
pourra-t-on passer malgré les chaînes !
    Mais nous
n’avions pas fait vingt toises l’épée à la main que nous vîmes se ruer à notre
encontre une forte bande de massacreurs qui à notre vue, hurlant « À la
Cause ! » fit mine de nous envelopper, manœuvre que nous déjouâmes en
nous mettant le dos au mur, nos dards ensanglantés devant nous, la vue desquels
rompit leur bel élan.
    — Compères !
criai-je d’une voix forte, mais affectant de jaser dans le parler précipiteux
de Paris, car bien je voyais qu’il me fallait user à bon escient du plat de la
langue en ce péril, qu’est cela ? Nous prenez-vous pour des chiens
d’hérétiques ?
    — Assurément !
dit un grand et gros homme à qui les autres donnaient du « capitaine »,
et qui devait être un quartenier ou dizenier ; de son état, je gage,
maître artisan, et de par sa volonté propre, maître-assassin et picoreur, mais,
à ce que je cuidais, aimant plus la pillerie que les coups. Assurément,
maraud ! cria-t-il d’une voix terrible et brandissant une pistole en
sourcillant. Tu es de cette vermine-là et nous talions écraser sans tant
languir !
    — Benoîte
Vierge ! criai-je alors, et me saisissant de la médaille de Marie qui me
pendait au col, je la portai à mes lèvres, protège-moi, benoîte Vierge, de
cette male erreur ! Je suis bon catholique, mon compère, et zélé, assidu
au prêche du bon curé Maillard, et je peux aller récitant l’Ave Maria d’affilée, en avant comme tout un chacun, mais aussi à rebours, comme on dit
que fait Sa Sainteté le Pape !
    — À
rebours ! dit l’un de ces coquefredouilles qui en resta béant.
    — Porte-falot,
dit le quartenier roidement, va voir ce qu’il en est de cette
médaille-là !
    — C’est
bien la benoîte Vierge, dit le porte-falot sans s’aventurer trop avant, mon
épée étant basse et ma dague haute. La médaille, Capitaine, est en or.
    — En
or ? dit le capitaine d’un air friand en levant sa pistole, mouvement qui
fit que Miroul à ma senestre, se lovant comme serpent, glissa sa dextre vers sa
chausse pour y prendre un cotel.
    — En
bronze, mon compère ! dis-je vivement. Je ne suis point garni assez pour
m’offrir de l’or !
    — M’est
avis, dit un de ces bravaches en se donnant des airs, que c’est là un
gentillâtre de Genève qui nous en donne à garder avec ses menteries ! C’est
tout noble que cela ! Voyez son pourpoint et ses perles !
    — Gentilhomme !
dis-je en riant (quoique d’un seul côté de la face, sachant combien les
bourgeois de Paris tenaient les gens de qualité en très petite amour), compère,
vous m’anoblissez ! Je suis d’honnête roture, tout comme vous, étant
apothicaire en Montfort-l’Amaury, et ce pourpoint est de ma picorée, et bien
chétive, ces pierres n’étant que verroteries de Lyon, et rien de plus.
    — Maraud !
dit le capitaine, si tu es des nôtres, d’où vient que tu ne portes pas le
brasseau blanc ?
    — Ma
logeuse me l’a cousu si mal qu’il s’a, au premier branle, décousu.
    — Et
ceux-là ?
    — Ceux-là
sont mes commis, dis-je prenant la traverse pour les amuser. L’un (désignant
Fröhlich que je voulais s’accoisant pour ce qu’à son accent allemand on eût
jugé tout de gob qu’il était de la réforme) est muet comme carpe. L’autre a
l’œil vairon.
    — C’est
vrai qu’il a l’œil vairon ! dit le porte-falot d’une voix fort étonnée.
    Et tant
badauds et crédules sont ces Parisiens qui cuident tout savoir, que l’œil
vairon de Miroul les laissa tout béants, comme si ce fût là un miracle de la
benoîte Vierge, en Paris tout à plein déconnu !
    — De
surcroît, dis-je, il lance le cotel comme pas un fils de bonne mère en France.
Plaise à vous, Capitaine, de vous retirer quelque peu et vous le verrez faire
mouche au mitan de cet anneau de heurtoir que vous voyez sur l’huis que voilà.
    — Porte-falot !
éclaire l’huis ! cria Miroul, et à peine le quartenier eut-il d’un pas
reculé que mon gentil Miroul lança le cotel, et si bien qu’il le ficha tout
vibrant

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