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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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fait chevalier sur le champ de bataille de
Cérisoles par le Duc d’Enghien. Et le Roi Henri II le fit Baron après la
prise de Calais. Monsieur de Fontenac, si vous répétez les propos que vous avez
tenus, cette fois-ci, je les ouïrai.
    — Je les
répète, dit Fontenac avec un grand brillement de l’œil et la crête fort haute.
    — Monsieur
le Baron, vous m’en rendrez raison.
    — Céans
et sur l’heure ! cria Fontenac d’un air fort triomphant. Ce petit pré en
contrebas du chemin vous convient-il ?
    Bien je
connaissais ce petit pré pour appartenir à un laboureur nommé Faujanet, cousin
de celui qui était de nos gens, et pour être une enclave dans nos terres que la
frérèche n’avait pu réduire, ce quidam ne voulant pas le vendre, pour ce que si
près des Beunes il n’était pas cependant gâté d’eau, mais fort sain, et de
bonne terre.
    — Oui-da !
dis-je, il me sied.
    — Mon
frère, me souffla Giacomi, prenez garde à ne pas choir le pistolet que vous
avez sous la fesse.
    J’opinai, et
dégrafant ma cape je fis comme il avait fait et fus assez adroit pour replacer
l’arme dans les fontes sans qu’on la vît.
    — Mon
frère, dit Giacomi à voix basse, quittez votre pourpoint et requérez au Baron
de vous imiter.
    Ce que je fis,
mais le Baron, branlant du chef et sans mot piper, refusa.
    — Ha !
dit Giacomi, je le pensai à le voir si raide sur son cheval. Le traître a une
cotte de mailles sous son pourpoint ! Pierre, il te faudra piquer à la
face ou à la gorge.
    — Mon
frère, dit Samson fort pâle, l’œil brillant et les dents si serrées qu’il ne
zézaya point, dois-je incontinent tirer ce félon qui, à l’encontre de toute
loyale usance, se couvre d’un fer en un duel où son adversaire est en
chemise ?
    — Gardez-vous-en,
Samson ! Les papistes crieraient à la meurtrerie !
    Ayant dit, je
démontai et jetant les rênes de mon Accla à Samson (afin qu’il ne pût tirer,
ayant les mains tant occupées de sa monture et de la mienne) je me tins debout,
les deux mains sur le troussequin de ma selle et la tête penchée.
    — Que
faites-vous ? cria le Baron. Que signifie tout ce retardement ?
Êtes-vous couard ?
    — Je prie
le Seigneur, Monsieur, avant de me battre.
    Mais à la
vérité, que Dieu me pardonne, en cet instant je ne priais point, je voulais
ouïr Giacomi et ses sages avis. Giacomi le comprit, et joignant les mains et
feignant lui aussi de prier, il me dit à très basse voix :
    — Mon
frère, ce vilain-là a passé quarante ans, il est fort, mais gras assez, de
surplus alourdi par sa méchante cotte. Essoufflez-le ! Rompez !
Rompez ! Tournoyez autour de lui comme mouche autour d’un lion !
Harcelez-le ! Dérobez-vous ! Et gardez-vous de ses ruses déloyales et
félonnes comme de jeter sa toque à votre face pour vous aveugler. Et rompez,
pour l’amour de Dieu ! N’acceptez point le corps à corps ! Il vous
écraserait ! Encore une fois, rompez ! Vous lui ferez, à force de
vous courir sus, les jambes molles, le bras lent et le cerveau confus. En
outre, votre retardement laissera à ceux de Mespech le temps d’advenir. Pour
vous, ne hasardez rien, n’essayez rien où le péril soit. Ne piquez qu’à coup
sûr, et à la face.
    — Giacomi,
dis-je, à mon tour un avis : ne t’attache point à envisager notre combat
en ses péripéties. Garde un œil sur ce coteau de Taniès, sur ces buissons, sur
ces arquebuseurs que tu y crois cachés. Je te confie la vie de mon Samson. À
toi aussi, Miroul.
    — Monsieur !
cria Fontenac. Cette prière s’éternise ! Votre âme est-elle si noire qu’il
faille tant la recommander à Dieu ?
    — Monsieur
le Baron, dis-je d’une voix forte et tenant haut la crête, ce n’est point pour
mon âme que je priais ! Mais pour la vôtre !
    Je fus content
assez de cette gasconnade, et enveloppant mon avant-bras senestre de ma cape,
je tirai ma dague, mon épée étant déjà en ma main, sans attendre Fontenac,
craignant, si je ne le devançais que d’un pas, quelque traître coup dans le
dos, je bondis en bas du talus et, en ma course, atteignis en un battement de
cil le centre du champ, où tout soudain, faisant volte-face, je me mis en
garde, courbé et mes dards en avant. Le Fontenac fut fort étonné de ma vivacité
car j’étais déjà en poste, qu’il s’affairait à descendre du chemin au champ, ce
qu’il fit à pas petits et lourds et sans sauter, comme j’avais fait. Ce

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