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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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laisser passer pour retourner en ma maison.
    — Monsieur,
dit Fontenac, je ne saurais recevoir requête qui m’est faite à main armée.
    — Monsieur
le Baron, dis-je, nous n’avons dégainé que parce que quatre de vos gens nous
couraient dans le dos. Mais dès que nous avons su qu’ils étaient à vous, nous
les avons laissés passer.
    — Sans
cependant rengainer, dit Fontenac, cette fois sourcillant. Et vous me parlez,
Monsieur, le pistolet au poing. Vous m’offensez.
    À quoi,
recevant un toquement de botte à botte de Giacomi, je dis de façon fort
suave :
    — S’il y
a offense, Monsieur le Baron, je vais la faire cesser. Monsieur le Curé de
Marcuays sera témoin de ma bonne volonté à me désarmer et des excuses que je
vous fais.
    Et ce disant,
incontinent imité de Samson, Giacomi et Miroul, je remis mon arme au fourreau,
et dans mes fontes, celui des pistolets que j’avais au poing, fort heureux de
sentir l’autre me navrer la fesse senestre.
    Là-dessus, le
Sieur de Malvézie, sa vilaine trogne rougissant de dépit et son œil jetant des
flammes, cria alors d’une voix tonnante :
    — Qu’avons-nous
besoin de ces clabauderies ? Finissons-en avec ce maraud !
    Et là-dessus,
Giacomi me toquant, je restai la face impassible et comme imperscrutable,
feignant de n’avoir pas entendu ce propos afin de n’avoir pas à le relever.
    — Paix
là, Malvézie ! dit Fontenac.
    — Monsieur
le Baron, dis-je, je vous fais, désarmé, la même requête que devant.
    — J’y
réfléchis, dit Fontenac.
    Et tandis
qu’il s’accoisait, ne sachant je gage comment pousser plus outre cette
provocation, j’observai que Giacomi scrutait fort étroitement du coin de l’œil
les buissons du côté abrupt de Taniès comme s’il se fût attendu à y découvrir
le canon d’une arquebuse. Ha ! pensai-je en un éclair, je t’entends enfin,
Fontenac ! Une balle pour mon Samson ! Et ton épée pour moi. Occire
le même jour les deux cadets du Baron de Mespech, quelle gloire ce serait pour
toi ! Et qui saurait jamais le vrai de cette obscure affaire de chemin,
celle-ci n’ayant eu que ce témoin douteux et du reste terrorisé : le curé
de Marcuays.
    — Monsieur,
reprit Fontenac, avez-vous ouï le propos du Sieur de Malvézie ?
    — Non,
Monsieur le Baron, dis-je, je ne l’ai pas ouï.
    — Dois-je
le répéter ?
    — Ce
n’est pas utile. Je ne l’ouïrai pas davantage.
    À quoi le
Baron sourit et dit sur le ton de la plus offensante gausserie :
    — Honneur
peu chatouilleux requiert oreille sourde.
    À quoi, la
botte de Giacomi toquant la mienne, je dis :
    — Monsieur
le Baron, laissez de grâce les Siorac s’inquiéter de leur propre honneur.
    — Quoi !
Monsieur ! dit le Baron avec un étonnement assez mal contrefait, vous.
êtes un Siorac ! Sachez-le ! Je tiens cette famille en grand
déprisement. Elle a accumulé contre mon père et contre moi les offenses et les
iniquités.
    — Il vous
faut donc en demander la raison au Baron de Mespech et non à son cadet.
    — Son
cadet ! cria Fontenac avec hauteur. Êtes-vous ce Pierre de Siorac qui a
souillé son blason de gentilhomme en allant étudier médecine en
Montpellier ?
    — Monsieur
le Baron, avez-vous pensé, il y a six ans, que mon père souillait son blason
quand il soigna et cura de la peste Madame votre fille ?
    À quoi,
Fontenac, me jetant un regard furieux, s’accoisa, et moi voulant tirer parti de
son embarras, je dis d’une voix froide mais cependant fort polie :
    — Monsieur
le Baron, je vous requiers derechef, en toute courtoisie et civilité, de me
laisser le passage du chemin.
    — Oui-da,
béjaune ! dit Fontenac, vous jouez fort bien du plat de la langue !
Mais joueriez-vous aussi bien du plat de l’épée ou de la pointe ?
    — Quoi ?
dis-je, un duel ? Avec moi ? Monsieur le Baron, vous visez trop bas,
je suis trop petit gibier pour vous ! Que ne défiez-vous plutôt en loyal
combat le héros de Cérisoles et de Calais ?
    — Ce faux
héros, dit Fontenac grinçant des dents, est un vrai faquin. Son père était
laquais.
    À quoi Giacomi
me toqua fort de botte à botte, mais cette fois-ci je ne consentis plus à
suivre son muet conseil et je dis d’une voix fort coupante, articulant avec
force mes mots :
    — Mon
grand-père, Monsieur, n’était point la-
    — quais,
mais apothicaire à Rouen. Mon père, engagé dans la légion de Normandie, y
devint capitaine et écuyer. Il fut

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