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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’ai-je rencontré à un moment où il était en proie
à l’ivresse des sentiments ?
    Il a prôné avec fougue la réunion de tous les sujets du roi
de France, quelle que soit leur religion. Le mariage entre Marguerite de Valois
et Henri de Navarre pouvait être, à son avis, le premier acte de cette
réunification. Une catholique épousant un protestant : n’était-ce pas la
voie de la sagesse, de la concorde et de la paix ?
    Sans doute prêchait-il à l’évidence pour lui puisqu’il a ajouté
qu’il pouvait bien, lui, le catholique, épouser une huguenote, Anne de Buisson.
     
    Des propos semblables m’ont été tenus au Louvre par un
membre du parlement de Paris, Michel de Polin, dont le père, Philippe de Polin,
fut capitaine général de l’armée du Levant sous le règne de François I er ,
et, à ce titre, l’allié des infidèles, sa flotte combattant aux côtés de celle
de Dragut-le-Brûlé.
    Selon Michel de Polin, il faut que la sagesse de ceux qu’il
appelle les “politiques” l’emporte sur la passion des “religieux”. Les intérêts
du royaume de France doivent passer avant ceux des sectes qui se combattent,
dit-il. Le Christ est figure de paix, non de guerre. Et huguenots et
catholiques sont chrétiens !
    Polin a ajouté que Henri de Navarre, un Bourbon, prince du
sang, pouvait être un jour roi de France si les fils de Catherine mouraient
sans descendance mâle.
    Certes, Charles IX, Henri d’Anjou et François d’Alençon
sont bien vivants et encore jeunes.
    Mais qui peut disposer de l’avenir ?
    Tout ici est double discours, chausse-trape,
coupe-gorge !
    Chacun se tient en embuscade. »

 
12.
    « Illustrissimes Seigneuries,
    On a voulu tuer d’un coup d’arquebuse l’amiral de Coligny,
ce jour, vendredi 22 août 1572, vers onze heures.
    Le chef huguenot n’est que blessé.
    Il a été transporté dans sa demeure, l’hôtel de Ponthieu,
situé rue de Béthisy, à quelques pas seulement de l’hôtel de Venise où j’écris.
    Le chirurgien du roi, Ambroise Paré, dont on dit qu’il est
lui-même huguenot, a soigné l’amiral.
    Le bras et la main gauche de Coligny sont lacérés et brisés.
Ambroise Paré a dû tailler dans les chairs, difficilement, pour trancher
l’index et extraire du coude une balle de cuivre.
    Coligny a montré un grand courage, répétant seulement, selon
ce que m’a rapporté Guillaume de Thorenc, qui s’est tenu près de lui durant
toute l’opération : “Mon Dieu, ne m’abandonnez pas dans l’état où je
suis !”
    Il a demandé à Thorenc que l’on fasse distribuer aux pauvres
de Paris une aumône de cent écus d’or pour remercier Dieu de l’avoir protégé.
Car l’intention d’homicide était manifeste.
    La balle était percée et munie de broches pour que la plaie
fut large, les déchirures des organes et l’hémorragie mortelles.
    Mais il fallait pour cela atteindre la poitrine ou la tête.
    Or Coligny, au moment où le tueur faisait feu, s’est incliné
en arrière et le bras gauche fut seul atteint.
    Coligny a donc survécu, même si l’on craint une enflure du
corps et les fièvres. Or rien n’est plus lourd de conséquences qu’un crime
raté. Ceux qui ont organisé l’embuscade sont l’objet de toutes les vengeances
sans avoir tiré profit de leur acte.
    Au moment où j’écris, en cette fin de journée du vendredi
22 août, plusieurs centaines de gentilshommes huguenots, accompagnés de
leurs domestiques, sont réunis devant l’hôtel de Ponthieu et réclament le
châtiment des coupables, accusant le duc de Guise, la reine mère Catherine de
Médicis, Henri d’Anjou et même le roi d’avoir armé le tueur.
    Celui-ci ne peut avoir agi seul. Son crime avait été
minutieusement préparé.
     
    J’ai été sur les lieux de l’embuscade.
    Coligny était encore à terre, entouré par la quinzaine de
gentilshommes huguenots qui lui faisaient escorte.
    Je l’ai entendu dire d’une voix forte, alors même que le
sang couvrait son flanc gauche :
    — Voyez comment sont traités les gens de bien en
France ! Le coup vient de la fenêtre où il y a une fumée…
    La maison où se tenait embusqué le tueur est située à
l’angle de la rue des Poulies et de la rue des Fossés-Saint-Germain.
    Elle n’est séparée de l’hôtel de Venise que par deux petites
habitations.
    C’est pourquoi j’ai entendu les détonations.
    Pour moi, en effet, il y a eudeux coups d’arquebuse.
J’ai d’ailleurs appris

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