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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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autour de l’Hôtel de Ville.
    Rumeurs et émotions ont enflammé au cours de la journée tous
les quartiers.
    On a affirmé que le tueur Maurevert avait parcouru les rues
au grand galop en criant : “L’amiral est mort ! Vous n’avez plus
d’amiral de France !”
    Les ordres du roi, d’avoir à le poursuivre et à s’emparer de
lui, n’ont pas été exécutés.
    Ce n’est qu’un mystère de plus dans cette affaire qui
demeure bien ténébreuse.
     
    J’ai entendu deux détonations, et l’on n’a trouvé qu’une
arquebuse que Maurevert, à l’évidence, n’a pas eu le temps de recharger. Il y
avait donc un second tueur. Mais nul ne s’en est soucié.
    On a accusé le duc de Guise d’être l’âme de la conspiration
et d’avoir permis au tueur de se poster dans cette maison devant laquelle
Coligny passait chaque jour.
    Mais peut-être d’autres acteurs se dissimulent-ils derrière
les Guises. On a vu cet après-midi Catherine de Médicis et son fils Henri
d’Anjou se promener en compagnie de Diego de Sarmiento et d’Enguerrand de Mons
dans les jardins des Tuileries. Ces longs conciliabules ont fait penser que là
se trouvaient les véritables instigateurs de l’embuscade.
    Sarmiento agissait dans l’intérêt du roi d’Espagne ; la
reine mère voulait arracher Charles IX à l’influence de Coligny et garder
entre ses mains le pouvoir qui risquait de lui échapper.
    Les promeneurs des Tuileries devaient mesurer toutes les
conséquences du crime raté, car les huguenots savent désormais que c’est à eux
qu’on en a voulu en visant Coligny.
    La paix entre les deux camps, qu’était censé sceller le
mariage de Marguerite de Valois et de Henri de Navarre, est donc rompue.
    Qu’adviendra-t-il ?
    Les huguenots sont en force dans Paris. Mais le roi est
maître de la ville.
    Que décidera-t-il ?
    Ses conseillers les plus proches, la reine mère Catherine,
son frère Henri d’Anjou, les prédicateurs, le peuple qui attend l’ange de Dieu
qui purifiera Paris sont favorables au grand égorgement des huguenots.
    Mais ceux-ci peuvent aussi agir les premiers.
     
    Dans la lourde chaleur de ce vendredi 22 août, l’orage
est sur le point d’éclater sans qu’on sache, Illustres Seigneuries, qui la
foudre frappera d’abord. »

 
13.
    — Ils les tueront tous ! murmure Bernard de
Thorenc.
    Il est assis en face de Vico Montanari dans l’une des pièces
du premier étage de l’hôtel de Venise dont les deux fenêtres sont restées
closes depuis l’aube pour se protéger de la chaleur de brasier qui étouffe la
ville jour après jour et qui n’a jamais été aussi ardente qu’en ce samedi
23 août 1572.
    C’est jour chômé, parce que vigile de la Saint-Barthélemy.
    Montanari s’est souvent approché des fenêtres pour voir
défiler, rue des Fossés-Saint-Germain, les processions des confréries, car on a
fermé les ateliers.
    Il a même entrouvert quelques instants l’une des croisées
pour écouter l’un des prêcheurs qui, debout sur la borne qui se trouve au coin
de la rue des Poulies, s’adressait aux fidèles, proférant des paroles de mort.
    Le prêtre disait – Montanari avait cru reconnaître la
voix du père Veron :
    — On doit abattre une bête odieuse à Dieu comme aux
hommes. On tient la bête dans les filets. Mais elle n’est que blessée. Elle
peut encore mordre et tuer. Il faut prendre garde qu’elle et ses démons ne
puissent s’échapper. Il ne faut pas manquer une si belle occasion de remporter
une victoire, au nom de Dieu et de la Croix, sur les ennemis de la sainte
Église et du royaume. La victoire est facile. Le butin est grand et assuré. On
peut sans péril obtenir la récompense d’un si grand succès. Dieu nous
regarde ! Il faut tuer la bête !
     
    Montanari avait refermé la croisée.
    Il était en sueur. Il avait entendu les chants des
confréries, puis les cloches se répondre d’une église à l’autre, saluant ce
jour de la vigile de la Saint-Barthélemy. Et leur son sourd n’avait cessé de
marteler la journée.
    Il était allé du Louvre à l’hôtel de Bourbon, de l’hôtel
d’Espagne à l’hôtel de Ponthieu, puis à l’hôtel d’Aumale où s’étaient
rassemblés les gentilshommes appartenant à la maison des Guises.
    Mais l’heure n’était plus à parloter.
    On l’avait écarté parfois brutalement.
    Des arquebusiers, garde-corps du roi, avait occupé les
maisons proches de l’hôtel de Ponthieu. Il avait

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