Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
ne voulait pas que ces hérétiques imitent les
gueux des Provinces-Unies et créent eux aussi, dans cette partie du royaume, un
État huguenot.
    — Catherine répète au roi que la grande purge de la
Saint-Barthélemy aurait été administrée en vain si on laissait Henri de Navarre
et ses huguenots se rassembler. Elle sait que des reîtres allemands au nombre
de vingt mille sont en marche pour le rejoindre.
     
    Je me rendais au Louvre en compagnie de Sarmiento et
d’Enguerrand de Mons. J’observais Henri III et la reine mère.
    Le roi, de haute taille, paré de velours et de soie,
s’avançait, entouré de ses mignons à l’élégance aussi raffinée que la sienne.
Ils étaient si parfumés que j’en toussais.
    Souvent, dans leur sillage, apparaissait Marguerite de
Valois, l’épouse de Henri de Navarre. Elle était si belle, son regard si
accrocheur, son visage si parfait que j’en étais troublé, sachant aussi ce que
l’on disait de ses mœurs, de sa lubricité, de son désir jamais assouvi.
    On murmurait que Henri III – mû peut-être par la
jalousie – avait fait chasser de la cour une jeune femme parce que la
reine Marguerite – Margot, disait-on, pour la traiter comme une
harengère – partageait ses caresses avec elle, sitôt que les hommes
avaient quitté sa couche.
    Elle m’avait souvent regardé et j’en avais été ému. Puis elle
détournait la tête et je la suivais des yeux alors que, vêtue d’une robe de
drap d’or frisé, les cheveux ornés de grosses perles et de riches pierreries,
de diamants disposés en étoile, elle allait de l’un à l’autre.
    Et, cependant, elle était prisonnière. La reine mère et le
roi – sa mère et son frère ! – lui interdisaient d’aller
rejoindre Henri de Navarre. Et lorsqu’elle avait menacé de fuir, comme son
époux, on l’avait attachée ; et Catherine de Médicis et Henri III
l’avaient battue, assurant qu’on la tuerait si elle cherchait à quitter Paris.
    J’avais donc rapporté ce que j’avais entendu et vu à Vico
Montanari, l’empêchant ainsi de me parler d’Anne de Buisson.
    Chaque fois que, par le passé, il l’avait fait, me
confirmant ainsi qu’elle avait quitté Paris en compagnie de Leonello
Terraccini, j’avais feint de ne pas l’entendre, de ne pas en être blessé, alors
que ma poitrine était trouée, mon cœur gelé.
    Mais j’avais dû, ce matin-là, dans le froid vif qui
tailladait les joues et les lèvres, écouter Vico Montanari me dire que
Terraccini venait de rentrer, qu’il avait vu à Pau, puis à Nérac, au milieu des
troupes huguenotes, Henri, roi de Navarre, heureux et vert comme un homme qui a
échappé à la mort et qui s’en va répétant – tels étaient ses mots, consignés
par Terraccini : « Loué soit Dieu qui m’a délivré ! On a fait
mourir la reine, ma mère, à Paris, on y a tué M. l’amiral et tous nos
meilleurs serviteurs. On n’avait pas envie de me mieux faire, si Dieu ne
m’avait pas gardé. Je n’y retourne plus si on ne m’y traîne. Je n’ai regret que
pour deux choses que j’ai laissées à Paris, la messe et ma femme :
toutefois, pour la messe, j’essaierai de m’en passer, mais, pour ma femme, je
ne puis et la veux ravoir… »
     
    — Il les veut toutes, et son épouse par surcroît, avait
commenté Montanari. Terraccini, qui n’est pas un moinillon, est encore tout
ébahi de ce qu’il a vu ; ce roi Henri est comme un chien fou qui renifle
toutes celles qu’il croise, les prend quelles qu’elles soient, et se soucie
fort peu des morpions qu’il y gagne. Ses poux espagnols sont si nombreux, si
pressés dans leur logis des parties basses, qu’ils montent sous les aisselles,
dans les sourcils, les cheveux, et qu’on voit Henri se gratter, et, quand les
morpions ne le harcèlent pas, il souffre de la chaude-pisse. Voilà le souverain
huguenot, adepte d’une cause que l’on disait austère ! Mais lui culbute
tous les jupons qui passent, viole celles qui résistent, marie les autres à ses
compagnons pour qu’ils les lui gardent prêtes, qu’il puisse en disposer à sa
guise, et l’âge ou la condition ne font nullement obstacle à ses désirs :
fille de quatorze ans ou putain, châtelaine ou vilaine, la plupart sont bien
heureuses de recevoir le roi entre leurs jambes. Ce Henri-là n’est pas entouré
de mignons et ne sera pas en manque d’héritiers ! Cela aussi doit enrager
notre Catherine et son fils, lui qui n’a

Weitere Kostenlose Bücher