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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jamais dû toucher une femme…
     
    Nous avions fait quelques pas en silence, puis Vico
Montanari m’avait à nouveau pris le bras et j’avais baissé la tête, l’écoutant
me dire qu’Anne de Buisson s’était d’abord rendue au Castellaras de la Tour
« où votre frère Guillaume avait rassemblé quelques centaines de
gentilshommes qui s’étaient emparés de la Grande Forteresse de Mons, sur
l’autre rive de la Siagne ». Enguerrand m’avait déjà fait part de cette
attaque. Mais j’ignorais qu’Anne avait vécu plusieurs mois dans notre demeure
en compagnie de Leonello Terraccini et de Guillaume.
    Puis elle avait quitté le Castellaras de la Tour avec
Guillaume et la plupart des gentilshommes, renonçant à se rendre à Venise comme
elle l’avait d’abord promis à Terraccini.
    Ils avaient chevauché à travers les provinces huguenotes du
Midi, attaquant quelques châteaux et villages catholiques, pillant les biens,
égorgeant ou pendant les prêtres, contraignant les croyants à l’abjuration,
tuant ceux qui s’y refusaient, disant qu’ainsi les massacres de Paris, de Lyon,
d’Orléans, les quelque trente mille fidèles de la cause étaient vengés, mais
que ce n’était là qu’un commencement, qu’un jour il faudrait chasser du Louvre
et de Paris les massacreurs, qu’avec l’aide de Dieu, d’Elisabeth d’Angleterre,
de ceux de la religion venus d’Allemagne ou des Pays-Bas, et sous le
commandement de Henri de Navarre, ce serait bientôt chose faite.
    — Anne de Buisson, avait ajouté plus bas Vico
Montanari, était, si j’en crois Leonello Terraccini, l’une des plus
belliqueuses, jurant qu’elle voulait, elle, venger son frère et ceux qu’elle
avait vu tuer dans la galerie de la maison du 7 de la rue de l’Arbre-Sec.
A-t-elle oubliée que vous, catholique, l’avez sauvée ?
     
    J’aurais voulu que Montanari se taise.
    Seigneur, Vous savez combien, depuis des mois, je Vous
adjure de me donner la grâce d’oublier Anne de Buisson.
    Mais une fois de plus, ce matin-là, j’ai su que Vous aviez
refusé de m’entendre.
    Je n’ai pu m’empêcher de demander à Montanari où elle se
trouvait maintenant.
    J’avais déjà imaginé sa réponse.
    Avec Guillaume elle avait gagné Pau, puis Nérac, où
séjournait le roi de Navarre.
    Selon Terraccini, qui en avait été le témoin, il avait suffi
d’un jour, peut-être même d’un regard pour qu’Anne de Buisson fasse oublier au
roi toutes les autres femmes. Montanari m’avait serré le bras.
    — Mais Henri de Navarre, je vous l’ai dit, est un chien
qui court après chaque femelle, l’une chassant l’autre.
     
    Que ne m’aviez Vous fait, Seigneur, de cette
espèce-là ?

 
20.
    Je n’ai plus revu Vico Montanari durant des semaines mais ce
sont les espions de Diego de Sarmiento, d’Enguerrand de Mons ou de Henri de
Guise le Balafré qui m’ont parlé d’Anne de Buisson.
    Ils n’avaient nul besoin de la nommer.
    Je l’imaginais, lorsqu’ils racontaient que Henri de Navarre
puait comme un porc et que les femmes qu’il prenait se plaignaient de cette
senteur « de l’aile et du pied ». Elles se baignaient et se parfumaient
durant plusieurs heures après qu’il les eut quittées.
    Quant à la reine Margot que Henri III et Catherine de
Médicis avaient autorisée à rejoindre son mari à Pau puis à Nérac, elle
changeait toute sa literie lorsque le roi de Navarre s’y était vautré.
    Sarmiento faisait une grimace de dégoût. Henri de Guise
disait que ce Béarnais avait toujours eu le cul merdeux.
     
    Je ne voulais pas entendre, mais m’approchais de ces hommes
qui arrivaient des provinces huguenotes de Guyenne, de Gascogne ou du Béarn.
    Ils avaient séjourné dans les villes fortifiées par les
fidèles de la cause où Henri de Navarre se rendait souvent en compagnie de
quelques gentilshommes.
    Ils disaient qu’à Agen, à la fin d’un bal, le roi avait fait
souffler toutes les chandelles afin de pouvoir forcer les femmes et leurs
filles, honnêtes dames tant mariées qu’à marier, et que certaines en étaient
mortes d’effroi, d’autres s’étaient précipitées par les fenêtres pour défendre
leur honneur, et celles qui avaient subi sentaient si fort le porc et le bouc
que l’on savait, à les humer, qu’elles avaient été chevauchées par ce satyre
couronné qui se prétendait chrétien.
    Il y avait aussi cette suivante de la reine Margot,
Françoise de Montmorency-Fosseux, qu’on

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