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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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nous. Il est inconscient, et c’est un poète comme il ne s’en rencontre pas un par siècle… Il est fou, dites-vous ; je le crois bien. Et si je doutais qu’il le fût, je déchirerais les pages que je viens d’écrire. Certes, il est fou. Mais prenez garde que ce pauvre insensé a créé un art nouveau et qu’il y a quelque chance qu’on dise un jour de lui ce qu’on dit aujourd’hui de François Villon, auquel il faut bien le comparer : C’était le meilleur poète de son temps. »
     
    Jules Lemaître insiste sur la comparaison [24]  : « Paul Verlaine ressemble à François Villon, par son esprit et par sa vie, autant que cela est possible et permis de notre temps. Il a de Villon la vie pécheresse (si nous l’en croyons), le cœur tendre, l’âme candide. Que dis-je ? Dans les instants où il est un grand poète, Verlaine me paraît plus spontané, plus ignorant, plus intact de toute discipline, que son frère du XV e siècle… La vingtième partie à peu près des vers qu’il a écrits sont des petits diamants de poésie naturelle, comme involontaire, ni classique, ni romantique, ni parnassienne, ni autre chose ; je dirais presque de poésie anti-littéraire. Il a fait d’adorables petites chansons, et les seuls beaux vers catholiques qui aient été écrits de notre temps. »
     
    D’Émile Zola, c’est un mot d’enthousiasme [25]  : « Ah ! certes, si la poésie n’est que la source naturelle qui coule d’une âme, si elle n’est qu’une musique, qu’une plainte ou qu’un sourire, si elle est la libre fantaisie vagabonde d’un pauvre être qui jouit et pleure, qui pèche et se repent, Verlaine est le poète le plus admirable de cette fin de siècle ! »
     
    Pauvreté, poésie, sont les deux termes par lesquels tous ces jugements se résument volontiers ; ils sont de plus énoncés avec une sympathie qui semble naître d’elle-même, toujours pareille chez les plus divers littérateurs : Si la fortune jamais ne visita Pauvre Lélian , l’estime de ses contemporains lui fut d’ordinaire plus fidèle. Il suffit, après ces quelques phrases de ceux qui furent de la génération de Verlaine, de citer aussi le vote de la jeunesse qui, en août 1894, par 77 voix sur 189 réponses à la question [26]  : « Quel est celui qui, dans la gloire ainsi que dans le respect des jeunes, va remplacer Leconte de Lisle ? » – proclama Paul Verlaine.
     

Verlaine à l’Étranger.

    De même que pour les nombreux jugements portés en France sur Paul Verlaine, un choix s’impose dans les critiques des écrivains étrangers.
     
    M. Byvanck, dans son ouvrage : Un Hollandais à Paris en 1891 , a conté un entretien avec Verlaine : mais la fantaisie y domine.
     
    Dans la National Review , M. Arthur Simons a écrit, en conclusion d’un remarquable article : « De la date des Romances sans paroles à celle des Liturgies intimes , chaque étape de « cette fièvre appelée la vie » a été enregistrée et caractérisée dans ses vers. Le vers s’est modifié comme se modifiait la vie elle-même, restant fidèle à ce tempérament étrange et contradictoire qui est le sien. Verlaine a fait quelque chose de nouveau du vers français, quelque chose de plus souple, de plus exquisement délicat et sensitif que ce que cette langue avait été jusqu’alors capable d’exprimer. Il a inventé cette espèce de poésie impressionniste – la nuance, la nuance encore ! – qui semble si subitement correspondre aux plus récentes tendances des autres arts : la peinture de Whistler, la musique de Wagner. Lui-même, pauvre être tout de passions et de sensations, ballotté çà et là par chaque souille de la brise, il a donné une voix à tous les vagues désirs, à toutes les impressions tumultueuses de cette créature faible et avide : l’homme moderne des villes. »
     
    De l’autre côté du Rhin, le nom du poète, né sur une terre française devenue allemande alors qu’il avait vingt-sept ans, a été souvent prononcé, non sans froideur.
     
    « Plusieurs études [27] ont été consacrées par des Allemands à l’auteur de Sagesse . Karl Sachs a publié en 1892 son discours Sur les Décadents . À la même époque, paraît l’étude de Stéphane Wælzoldt intitulée Paul Verlaine, un poète de la décadence. Il existe des traductions de Verlaine, voire des imitations, celles, par exemple, de Dehmel. Enfin, il est souvent question de Paul Verlaine aux réunions des

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