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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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son cheval vers l’arbre, dans l’intention de se reposer, quand il vit, étendue dessous, une jeune femme vêtue d’une robe de soie légère, mi-partie blanche, mi-partie vermeille, en qui il reconnut instantanément la cavalière qui, après lui avoir dérobé le brachet et la tête du Blanc Cerf, s’était moquée de lui lors de leur dernière rencontre. Il s’approcha davantage et remarqua, suspendue à l’une des branches de l’arbre, une tête de cerf munie d’une corne longue comme la moitié d’une hampe de lance. Et il était impossible de s’y méprendre, il s’agissait là du trophée volé. Cependant, Perceval eut beau regarder tout autour, il n’y avait nulle trace du brachet.
    À son approche, la femme se réveilla. Il la salua courtoisement, mais avec beaucoup d’ironie. Elle se redressa et elle aussi le reconnut bien. « Vassal ! s’écria-t-elle, que Dieu m’assiste ! Il est bien triste de voir qu’un méchant vit plus longtemps qu’un honnête homme ! C’est le diable qui t’a sauvé, puisque, de tout ce temps, personne, en ces contrées désertes, ne t’a agressé ni mis à mal. Mais, sache-le, ta perte est proche : tu ne passeras pas cette journée sans être honni ou tué. Je t’en préviens, ce jour te sera funeste !
    — Tel est ton avis ! répliqua Perceval, mais, sur ma foi, tu es mauvaise prophétesse ! Et puisque Dieu me permet de te rencontrer, je ne vois pas pourquoi je ne rentrerais pas en possession de mon bien. La tête du Blanc Cerf est à moi, ne t’en souvient-il pas ? C’est moi qui ai tué le cerf, et c’est toi qui m’en as dérobé la tête. J’ignore grâce à quelle ruse tu l’as fait voler par quelqu’un d’autre, mais c’était pour mieux te l’approprier. Le chevalier qui l’a emportée était ton complice, je le comprends bien, maintenant. Quant au brachet que l’on m’avait confié, tu devras me le rendre aussi, car j’en suis redevable à celle qui m’envoya sur les traces du cerf. – N’y compte pas ! Tu n’obtiendras jamais rien de moi ! – C’est ce qu’on verra », conclut simplement Perceval. Et il alla décrocher de la branche la tête du Blanc Cerf qui lui avait valu tant de tourments.
    À ce moment, il entendit résonner par deux fois un petit cor de chasse, puis surgir des fourrés un cerf qui était si las de fuir et à bout de souffle qu’il haletait à faire peine. À sa suite bondissait le brachet qui le mordait à la cuisse, souvent et grièvement. Enfin apparut, galopant à bride abattue, un chevalier vêtu d’un haubert plus blanc que fleur d’aubépine et qui brandissait une grande lance au fer d’acier tranchant. Ainsi armé et dépourvu de bouclier, il traquait le cerf et le brachet, tout en sonnant du cor, par intermittence, avec grande vigueur, de telle sorte que la forêt en retentissait. Le cerf ne s’arrêta qu’à l’arbre auprès duquel se tenait Perceval. Le brachet l’y maintint en arrêt, et le chevalier le frappa si fort de sa lance qu’il l’abattit incontinent.
    La jeune fille se leva et se précipita vers le chevalier. « Seigneur, que Dieu m’aide ! s’écria-t-elle. Un chevalier vient d’arriver sous cet arbre, et il m’a grandement courroucée ! – Eh ! quoi donc ? dit-il en la regardant. T’aurait-il manqué de respect ? – Il m’a gravement offensée, seigneur, en dépendant la tête de cerf qui faisait toute ta joie et en la déposant sur l’herbe. Il prétend qu’elle lui appartient, et il réclame également ton brachet, sous prétexte que tu l’aurais pris, sous ses yeux, sans sa permission. Mais je le sais trop : tous ces contes ne sont que mensonge et fausseté. »
    En entendant ce discours, le chevalier frémit de colère et, abandonnant le cerf, tourna son destrier contre Perceval qui se tenait tranquillement appuyé sur sa lance. « Vassal ! cria-t-il, tu me causes un grand deuil ! Mais d’abord, dis-moi, qui t’a conduit ici ? – Là n’est pas la question, répondit Perceval. Je te somme de me rendre, avec le brachet que tu m’as volé, la tête du Blanc Cerf. Elle est promise à une jeune fille qui me l’a demandée et à qui je l’ai accordée. Mais si tu ne veux pas me faire justice, je suis prêt à combattre. » Le chevalier jura alors par la Vierge que jamais il ne rendrait le brachet, et Perceval l’assura du contraire, car coûte que coûte, lui-même entendait remettre à la jeune fille du Château de l’Échiquier

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