Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
ou quelque cité bien approvisionnée. « Seigneur, lui dit-elle, je ne vais pas te mentir : si tu as une besogne à faire, fais-la sans te soucier de moi. Si tu m’escortes, tu auras tout lieu de t’en repentir. Retourne sur tes pas, je n’ai nulle envie de ta compagnie. – Belle, riposta le Gallois, que Dieu nous garde, toi et moi ! Mais nulle affaire ne m’empêche de cheminer avec toi. » Elle répliqua qu’ayant l’habitude de voyager seule, elle n’avait que faire de protection, et ils se querellèrent à ce propos pendant un bon moment.
    Mais la nuit descendait sur la terre et l’ombre éteignait la clarté du jour. La lune étant en décours, aucune lumière n’émanait du ciel. Haute et feuillue, la forêt approfondissait encore les ténèbres. Pas une étoile ne brillait, et le vent lui-même faisait silence. La jeune fille à la mule blanche avoua qu’elle ne voyait plus goutte dans cette nuit d’encre. « Belle amie, dit le Gallois, ce ne serait certes pas folie que de nous arrêter et d’attendre ici le lever du jour. Il est vraiment pénible de poursuivre ainsi, car je n’y vois pas plus que toi. – Non, répliqua-t-elle, je ne m’arrêterai pas ! Je n’ai que trop déjà supporté ta présence. Fais halte si tu veux, moi, je continuerai, dût la nuit devenir encore plus sombre. Quant à toi, sache-le, tu te repentiras de m’avoir suivie bien avant que le jour se lève. » Sur ces mots, elle fouetta sa mule et la fit trotter de plus belle.
    Quoique Perceval sentît la fatigue l’envahir invinciblement, il s’efforça de suivre la jeune fille, car il brûlait de savoir ce qu’elle pensait et d’apprendre pourquoi elle mettait tant de hargne à le décourager. Et il remâchait sa perplexité quand, au loin, se dessina une clarté diffuse comme celle d’un cierge allumé. Il y attacha son regard et, bientôt, il eut l’impression que brûlaient cinq cierges, d’une flamme si claire et resplendissante que la forêt tout entière en était embrasée. La vision était merveilleuse, car on eût dit que la flamme vermeille montait jusqu’au ciel.
    Perceval ne put s’empêcher d’adresser la parole à la jeune fille : « Amie, saurais-tu me dire ce qu’est cette lumière, devant nous ? » Elle ne répondit point. Perceval ne la voyait plus, mais il entendait le pas de la mule en avant. Il se dit à part lui que la belle ne pipait mot parce qu’elle avait peur, et il se promit d’aller lui-même vers la clarté, quoi qu’il pût advenir, car certes la peur ne le retiendrait pas. Alors, il s’efforça de chevaucher plus vite mais, brusquement, un grand vent se leva, et il se mit à pleuvoir avec tant de violence que la terre semblait devoir s’effondrer sous les pas du cheval. Saisi d’effroi, le Gallois se couvrit la tête à l’aide de son bouclier et alla s’abriter sous un arbre en espérant que la tempête cesserait bientôt. De fait, au bout de fort peu d’instants, les nuages se dissipèrent, et la nuit s’éclaircit un peu.
    Perceval se remit en route tout en sondant les alentours. Il tournait la tête à droite, à gauche, afin de savoir si la clarté qu’il avait remarquée précédemment demeurait visible, mais il eut beau scruter la nuit, ce fut en pure perte. D’ailleurs, il ne se souvenait plus de quel côté la lumière était apparue. Découragé et las, il cheminait toujours quand il discerna qu’il se trouvait dans une lande étroite, parsemée de buissons épineux. Le jour n’était pas encore levé, mais la nuit était désormais si claire qu’assurément le soleil n’était plus plongé dans les abîmes du monde. Subitement, Perceval résolut de s’arrêter et de laisser son cheval brouter. Il mit pied à terre dans cette lande fort longue mais des plus étroites, et déposa sa lance et son bouclier sur l’herbe. Après avoir débarrassé son cheval du frein et de la selle, il s’allongea lui-même sur le sol, la tête appuyée sur son bouclier. Il se sentait faible, fatigué, et mourait de sommeil.
    Il dormit de la sorte, le brachet tranquillement couché à ses pieds. Le chien ne bougeait d’un pouce et ne quittait pas plus Perceval que si celui-ci eût été son maître et l’eût nourri sa vie durant. En telle compagnie se réveilla donc le Gallois lorsque le soleil était déjà haut dans le ciel. La matinée était fort avancée et la chaleur commençait à devenir pesante. Sans tarder davantage, Perceval sella son cheval, prit

Weitere Kostenlose Bücher