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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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alors, mais non pas dans la salle ; elle se trouvait dehors et passa la tête par la fenêtre : « Seigneur, dit-elle, tu agis vraiment comme un rustre ! Tu nous causes un bien grand mal et finiras par nous tuer ! Je te préviens : si tu frappes encore une fois sur cette table, tu verras la tour s’écrouler et nous tous, toi compris, y perdrons la vie. Rien ne pourra nous sauver.
    — Par le Dieu qui nous a créés ! s’écria Perceval, je puis te jurer que je ne voulais causer aucun mal. Mais si personne ne répond à mes appels, je t’assure que je n’hésiterai pas à frapper derechef, dussent la tour et le château s’effondrer. Je frapperai deux cents coups, voire davantage, s’il le faut ! » Et, pour prouver sa détermination, il souleva le marteau. Et il s’apprêtait à l’abattre quand la jeune fille s’exclama : « Non, seigneur ! ne frappe plus cette table ! Laisse-moi te parler. Et si tu souhaites t’en aller, je te ferai ouvrir la porte. Crois-le, je ne cherche pas à te mentir.
    — Par ma foi, jeune fille ! cria Perceval, toujours aussi mécontent, je ne sortirai d’ici que je ne me sois restauré et que je n’aie dormi. Voilà trois jours que je n’ai rencontré âme qui vive ou habitation pour me recevoir. La nuit approche, et j’aime mieux la passer ici que dans la forêt ! » À l’entendre parler de manière aussi ferme, à le voir, marteau en main, prêt à frapper la table au risque de déclencher un cataclysme et ce, sans en éprouver le moindre émoi, mais plus rouge que charbon ardent, tant la fureur l’animait, ainsi que la lassitude, la jeune fille ne put s’empêcher de sourire. « Seigneur, dit-elle, daigne patienter le temps que j’aille parler à ma dame. Je reviendrai bientôt et t’apporterai des nouvelles, bonnes ou mauvaises. – Va donc et ne me fais pas languir trop longtemps. Car si tu tardais, je ne le supporterais pas et me verrais obligé de t’appeler avec le marteau. – J’y vais, répondit la jeune fille, mais, au nom de Dieu tout-puissant, ne touche plus à la table ! »
    Elle quitta donc la fenêtre et Perceval l’entendit jeter un appel. Alors trois autres jeunes filles très richement parées entrèrent et s’approchèrent du Gallois qui, debout près de la table, tenait toujours le marteau prêt à frapper violemment. Toutes les trois le saluèrent avec une grande amabilité. L’une d’elles s’en alla prendre le cheval par la bride et, non sans promettre de lui donner foin frais et avoine fraîchement battue, le mena vers l’écurie. Quant aux deux autres, elles désarmèrent Perceval et l’entraînèrent dans une autre salle entièrement tapissée de tentures de soie violettes, vermeilles, jaunes et bleues, et telle que l’on n’eût pas trouvé plus splendide en la demeure d’un empereur. En long et en large, elle reluisait de draps tissés de fils d’or qui devaient, au bas mot, valoir une fortune, et Perceval s’émerveillait de voir toutes choses infiniment plus belles que rien de ce qu’il avait jusqu’alors admiré.
    De la porte d’une chambre surgit sur ces entrefaites une autre jeune fille, encore plus gracieuse et plaisante que les précédentes. Dotée d’une abondante chevelure blonde, elle portait sur les bras un très riche manteau fourré de blanche hermine dont elle enveloppa les épaules du Gallois en disant : « Seigneur, tu peux venir en cette chambre voir ma dame, à moins que tu ne préfères demeurer en cette salle-ci où tu auras tout ce que tu voudras. » Perceval répondit qu’il irait voir la dame du château.
    « Certes, dit-elle, tu fais bien, car elle désire fort te rencontrer. » Et elle le mena dans une chambre qui était peinte d’or émaillé et pavée de plaques d’argent. Perceval n’en croyait pas ses yeux : il aperçut en effet au moins cent jeunes filles, toutes avenantes et gracieuses, richement habillées et toutes revêtues de velours vert bordé de fils d’or. Elles semblaient toutes du même âge et avaient ôté de leur tête le bandeau qui retenait leurs cheveux. Les unes étaient brunes, les autres blondes ; d’autres arboraient une chevelure rousse, mais on eût été bien en peine de trouver à laquelle décerner la palme de la beauté. Et quoiqu’elles fussent occupées à broder des ouvrages de soie, toutes, en voyant Perceval, se levèrent d’un même mouvement et le saluèrent à haute voix en l’appelant leur seigneur.
    Sans plus songer à

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