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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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m’alléguas ton désir d’aller en une autre terre, je ne sais où, chercher les aventures et accroître ta renommée. Je te laissai partir, quelque douleur qu’en éprouvât mon cœur, parce que je t’aimais et te respectais. Je ne voulus pas que, par ma faute, tu te sentisses inférieur aux autres chevaliers du roi Arthur. – Douce amie, dit Perceval, j’étais bien jeune alors et j’ignorais tout de la vie.
    — Je ne te reproche rien, Perceval, reprit Blodeuwen. Mais sache que lorsque tu me quittas en promettant de revenir, je ne savais à qui me fier. Je redoutais le pire, en raison des maux qui m’avaient déjà accablée. Certes, ma détresse ne m’empêchait pas de voir où était mon devoir : il me fallait protéger mon domaine et tous ses habitants ; mais, je te le jure, j’eusse préféré être morte et enterrée ! Mon âme ainsi se fût départie de mon corps ! Tels furent mes tourments jusqu’au jour où revinrent les chevaliers captifs de Clamadeu et que tu avais délivrés. En même temps qu’eux reparurent tous les gens des environs qui, par crainte de la guerre, avaient abandonné leurs terres. Leur retour à tous fut bon et profitable, à la fois pour eux et pour moi. Je pris conseil des plus sages d’entre eux et, sur leur avis, mandai des ouvriers, des maçons, des charpentiers. Je fis renouveler les murs, construire des tours à la place de celles qui s’étaient écroulées. Je fis consolider et orner ce manoir où nous sommes. Voilà, Perceval, voilà ce que j’ai fait durant ta longue absence, et ce dans l’espoir que tu me reviendrais un jour et que tu serais émerveillé par la beauté de cette cité. »
    Très ému par ce discours, Perceval prit les mains de Blodeuwen. « Assurément, belle amie, je n’ai pas à m’enorgueillir de cette cité. C’est toi qui l’as rendue si florissante et si belle. Moi, je poursuivais mon chemin, dans les épreuves et les tourments. Des épreuves et des tourments différents des tiens, pour sûr, mais qui me pesaient. Les jours étaient longs sans ta présence. – Tout cela est passé, dit Blodeuwen. Demain, tu m’épouseras. Cette terre est aussi la tienne, et tu lui assureras la paix. Tous mes chevaliers te reconnaîtront pour leur seigneur. – Hélas ! répondit le Gallois, il ne peut en être encore ainsi, car j’ai entrepris une chose que je dois terminer, sous peine de perdre mon honneur. Mais, aussitôt que j’en aurai terminé, je reviendrai, je te l’assure, et je m’engagerai pour toujours à être ton époux. » Alors, Blodeuwen se mit à pleurer. « Perceval, Perceval ! je sais que tu tiens tes promesses. Ta présence en ces lieux, en ce jour, me le prouve. Mais comme il est pénible de demeurer seule ! Comme il est pénible de ne se pas blottir dans les bras de celui qu’on aime ! Je ne saurais te faire aucun reproche, car tu es chevalier et, en tant que tel, tu te dois d’aller par les chemins à la recherche d’aventures et de prouesses. Ne t’inquiète pas, je te laisserai repartir, mais permets-moi du moins de te demander une faveur – une faveur, non pas une obligation ni un ordre. Passe encore deux nuits avec moi. Ce n’est que justice après une si longue absence ! – Il en sera selon ta volonté, dit Perceval, mais sache, belle amie, que si je le pouvais vraiment, je resterais auprès de toi ma vie entière, à ton service et au service de cette terre. »
    Le matin du quatrième jour, Blodeuwen, tout affligée du départ imminent de Perceval, le pria, non sans infinie douceur, de bien vouloir, pour l’amour d’elle, retarder le moment de leur séparation. Mais lui demeura intraitable et répondit qu’il ne le pouvait pas. Il se fit apporter ses armes, sortit dans la cour où un valet lui amenait son destrier tout harnaché puis, se retournant vers Blodeuwen, il la prit tendrement dans ses bras. Femme, lui dit-il, je reviendrai dès que j’aurai mis un terme aux aventures. » Sur ce, il enfourcha sa monture, se suspendit le bouclier au col, prit en main sa grande lance de pommier à tranchant d’acier et, s’élançant au galop, passa la porte, traversa la ville, franchit la poterne et se retrouva dans la plaine.
    Après avoir chevauché, le long de la mer, une partie de la journée, il se sentit fatigué et harassé par la chaleur. Il fit donc halte à l’orée d’un bois pour se reposer. Or, tandis qu’adossé contre un talus, il se délassait, lui apparut, dans le lointain,

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