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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Merlin, le roi Uther Pendragon se mit à rire. S’il avait grande confiance en son devin, il ne pouvait imaginer qu’il y eût jamais meilleur chevalier que lui. Sur ce, il défia Merlin de lui révéler, par amour pour lui, comment se pourrait reconnaître le meilleur chevalier qui fût au monde. Merlin répondit qu’il le lui dirait, mais seulement après quinze jours de réflexion. Et il s’en fut en son ermitage, quelque part en une forêt qui n’était connue de personne et où il se retirait quand il désirait s’épargner tout contact avec les gens du siècle. Il y demeura quinze jours, au bout desquels, ainsi qu’il l’avait promis, il se présenta devant le roi Uther. « Roi, lui dit-il, j’ai trouvé le moyen de faire reconnaître le meilleur chevalier du monde, mais je dois maintenant aller à la recherche de l’endroit où cette épreuve peut avoir lieu. – Fais pour le mieux, lui répondit Uther, et je te garantis que j’exécuterai, dans ce but, tout ce que tu me commanderas. »
    « C’est ainsi que Merlin chevaucha par vallées et montagnes, par bois, vallées et landes, çà et là par tout le royaume, et trouva ce mont. La jeune fille qui, à peine âgée de vingt ans, avait prédit que le fils d’Uther serait plus glorieux que les empereurs du temps passé, l’accompagnait dans ses recherches. Et quand Merlin fixa son choix sur ce mont, elle se trouvait avec lui. Sache que Merlin en devint follement amoureux et fit toutes ses volontés. Ainsi la jeune devineresse devint-elle ma mère.
    « Cependant, Merlin commença son travail. Par magie et enchantements, il éleva la Colonne de Cuivre et les croix qui l’entourent. Puis il leur jeta un sort. Après quoi il fit surgir de terre, pour ma mère, un beau manoir dans la vallée. C’est là que je naquis et que je réside. La magie de Merlin m’a pourvue de tout ce que je désire, et je puis, comme ma mère et comme lui, prédire le destin des gens. Mais je ne le fais que lorsque vient à moi quelqu’un digne d’être aidé.
    « Quand tout fut terminé, Merlin revint auprès du roi Uther Pendragon qui séjournait à Kaerlion sur Wysg. Là, il lui conta devant cent chevaliers au moins – en présence de rois, de comtes et de ducs – qu’il avait découvert une colonne de cuivre où nul ne pourrait attacher son cheval s’il n’était le meilleur chevalier du royaume. Le roi l’écouta et, tout joyeux, fit subir l’épreuve à ses compagnons, mais plusieurs chevaliers de haut rang y perdirent la vie. Car la coutume veut que tout chevalier, fût-il vainqueur aux joutes ou à la guerre, qui se mêle d’attacher son cheval à l’anneau fixé sur la colonne, disparaît s’il n’est le meilleur chevalier de tout le royaume, et nul ne sait ce qu’il devient, car la magie de mon père est plus puissante que toutes les magies du monde, et l’épreuve de la Colonne de Cuivre la plus redoutable qu’on puisse tenter. Bien peu s’y risquent, mais ceux qui ont l’audace de prétendre attacher leur cheval à l’anneau sont anéantis, ainsi que leur monture, sans qu’on sache rien de leur sort.
    « Voilà, tu sais tout maintenant sur la Colonne de Cuivre instituée par Merlin. De temps à autre, le roi Arthur, digne fils du roi Uther Pendragon, vient avec ses compagnons jouter sur la montagne. Mais je n’ai jamais vu un seul de ses chevaliers tenter d’attacher son cheval à l’anneau fixé sur la Colonne. Il en est ainsi et non pas autrement. Or, toi, tu l’as fait, et tu es là devant moi. Qui es-tu ? – On me nomme Perceval le Gallois, répondit-il simplement. – Eh bien ! Perceval, tu es, je puis te l’assurer, le meilleur chevalier du royaume ! »
    Ils revinrent vers la tente. La nuit commençait à tomber, et la Demoiselle de la Cime commanda à ses gens de préparer les lits. Puis elle dit à Perceval : « Seigneur, je voudrais te demander une chose : qui t’a enseigné le chemin qui mène jusqu’ici ? – Plusieurs personnes, répondit le Gallois sans mentir, mais celui qui m’en a parlé le premier est un chevalier que je trouvai dans une fosse, au pied d’un grand arbre feuillu. Il criait de toutes ses forces et demandait l’aide de Dieu. Quand je l’eus un peu écouté, je fis tant d’efforts en m’aidant d’une branche d’arbre que je levai le marbre et le retirai de la fosse. Mais dès qu’il fut dehors et alors que je tenais encore la dalle, il me fit tomber dans la tombe et la referma

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