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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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manquons de nourriture, nous avons encore des réserves, tant en espèces qu’en bijoux ! Comptez votre dû, vous aurez fort à faire, pendant que nous-mêmes chargeons nos chars de victuailles ! »
    Ainsi fut fait. Comprenant que l’affaire était bonne, les marchands débarquèrent les vivres que l’on emporta dans la forteresse où, sans perdre un instant, le dîner fut mis en train. Clamadeu des Îles, qui déambulait au-dehors, le long des murs, pouvait bien séjourner là tant qu’il voudrait ! Les assiégés s’en moquaient, eux qui avaient à profusion des bœufs, des porcs et des viandes salées, ainsi que du froment, de quoi tenir jusqu’à la saison nouvelle ! Les garçons allumèrent les feux dans les cuisines, et les cuisiniers s’empressèrent de préparer de quoi rassasier tout le monde.
    Quant à Blodeuwen et à Perceval, ils s’étaient encore une fois retirés dans la chambre de la jeune femme. L’un contre l’autre, et sans souci du lendemain, ils pouvaient mener leur jeu tout à loisir, et chacun était heureux de la joie de l’autre. Rien n’importait à Perceval, hormis son amie qu’il tenait embrassée. Il avait l’impression de n’avoir jamais vécu jusqu’à ce jour.
    Clamadeu et ses gens ne furent pas sans apprendre la nouvelle. Quelque ivres de fureur qu’ils fussent, que pouvaient-ils là contre ? Ils savaient bien qu’il leur faudrait se retirer, maintenant qu’ils ne pouvaient plus réduire la forteresse par la famine. Cependant, Clamadeu renâclait encore à abandonner son entreprise. Son orgueil était si démesuré que rien au monde n’eût pu l’empêcher de tenter l’aventure jusqu’au bout. Aussi envoya-t-il un messager proposer qu’un combat singulier l’opposât au chevalier vermeil dont il ignorait le nom : il viendrait seul et l’attendrait le lendemain jusqu’à midi.
    Lorsque Blodeuwen apprit l’offre de l’ennemi, elle éprouva une peine d’autant plus cruelle que Perceval fit répondre qu’il serait au rendez-vous le lendemain. Elle eut beau pleurer, se lamenter, déployer tout son charme, rien n’y fit, Perceval demeura inébranlable. Et lorsque tous les gens de Blodeuwen vinrent à leur tour le supplier de renoncer à ce combat qui s’annonçait désastreux pour lui, car jamais Clamadeu des Îles n’avait encore été vaincu par quiconque, il leur répliqua : « Seigneurs, je vous sais gré de votre sollicitude, mais je ne veux plus entendre un mot à ce sujet. Sur ma foi, jamais je ne reculerai devant un ennemi, quelles que soient sa force et son audace ! »
    Chacun se le tint donc pour dit. Mais Blodeuwen, elle, n’en revint pas moins à la charge pendant la nuit. À quoi rimait ce duel-là ? Pourquoi ne pas rester tranquillement dans la forteresse ? On n’avait plus rien à craindre de Clamadeu ni de ses gens ! Ce n’est pas de sitôt qu’ils lanceraient un nouvel assaut et, tôt ou tard, en constatant l’inutilité de leurs efforts, ils seraient bien forcés de lever le siège… Peine perdue. Le jeune Gallois n’en démordit pas, malgré l’étrange suavité des paroles qu’elle lui adressait, et bien que chaque mot que prononçait sa bouche fût accompagné d’un baiser si prenant et si délicieux qu’elle lui mettait la clef d’amour en la serrure du cœur (17) . Hélas, rien n’y fit : Perceval ne voulut jamais renoncer à combattre Clamadeu des Îles.
    Le matin venu, il s’arracha donc des bras de Blodeuwen et demanda ses armes. On les lui apporta en toute hâte et, aussitôt prêt, il recommanda tous les habitants de la forteresse à Dieu tout-puissant, puis se fit ouvrir la porte, enfourcha un cheval norrois et, d’un seul bond, se retrouva hors de l’enceinte.
    En le voyant arriver, Clamadeu se réjouit grandement : il ne doutait pas le moins du monde de lui faire, en un tournemain, vider les étriers. Sur la lande unie et couverte de rosée, les deux hommes étaient seuls, car Clamadeu, conformément à sa promesse, avait renvoyé tous ses gens. Sans un mot de défi, lance en arrêt, ils fondirent l’un sur l’autre. Malgré leur grosseur, leurs lances étaient des plus maniables, hampe de frêne et fer tranchant. Les chevaux allaient au triple galop ; les cavaliers étaient vigoureux et savaient qu’ils combattaient à mort. Ils se heurtèrent avec une telle violence que les pans des boucliers volèrent en éclats tandis que se froissaient les lances. Chacun des adversaires fut jeté à bas

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