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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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reconnaissante, Votre Seigneurie, répondit-elle, surprise.
    — Et je pense que pour l’heure, tout au moins, il sera plus prudent que vous demeuriez un franciscain quand vous vous trouverez hors de ces murs. Bonne journée, maîtresse Clara.
    Une porte s’ouvrit comme par magie et, sans trop savoir comment, Clara se retrouva dans le couloir en compagnie de Mundina.
     
    — Que ferai-je en Sardaigne ? demanda Clara quand Oliver eut quitté à son tour les appartements du trésorier.
    — Vous serez au service de Sa Majesté la reine. C’est pour ça que nous désirions apprendre si vous saviez coudre.
    — Mais qu’est-ce que cela implique, seigneur Oliver ?
    — Je l’ignore, fit-il avec un geste d’impatience. Vous devriez mieux le savoir que moi. Mais à votre place, je ne demanderais pas d’explications à autrui. N’en parlez à personne.
    — Comme je ne quitterai pas le palais avant deux jours, répliqua-t-elle avec esprit, à qui voulez-vous que j’en parle ? Je ne suis guère plus qu’une prisonnière, ici.
    — Pas une prisonnière… Vous êtes en sécurité.
    — Maîtresse Clara ?
    C’était la voix aiguë d’un petit page qui, portant la livrée de Sa Majesté la reine, courait vers eux.
    — Je suis maîtresse Clara.
    — Vous devez venir avec moi, ainsi que votre suivante, et je dois vous montrer vos chambres, dit-il en s’inclinant, le rouge aux joues.
    Il fit demi-tour et repartit dans le couloir.
    — Où serez-vous, seigneur Oliver ? demanda Clara affolée.
    — Dans un endroit tranquille, à écrire une lettre. Deux lettres, en fait. Ne vous inquiétez pas. Nous nous reverrons jeudi matin. Hâtez-vous, le page va bientôt disparaître.
     
    La première lettre d’Oliver fut terminée bien avant vêpres. Il la scella, la contempla un instant, puis sonna le page.
    — Ceci doit partir le plus tôt possible pour Gérone, dit-il en la brandissant. C’est pour l’évêque. Trouve-moi une estafette.
    — Je vous demande pardon, seigneur, dit le jeune garçon, mais ça va vous coûter très cher de l’envoyer ainsi.
    Oliver leva les yeux au ciel d’impatience.
    — S’il me plaît de payer…
    — Je sais, monseigneur, que le messager de l’évêque part très bientôt pour Avignon. Il passe demain matin par Gérone et, pour quelques sous, il s’en chargera. Il est digne de confiance. Si vous le voulez, je cours tout de suite jusqu’au palais épiscopal avec votre missive, mais il voudra être payé d’avance.
    — Comme cela tombe bien que Son Excellence l’évêque de Barcelone préfère vivre en Avignon ! dit Oliver avec un clin d’œil.
    Il donna la lettre au page, accompagnée de quelques pièces.
    — En voici deux pour toi, ajouta-t-il avant d’entreprendre d’écrire la seconde lettre, autrement plus délicate.
     
    La lettre arriva à temps à Gérone pour que l’estafette et sa robuste monture profitent pendant la journée de l’hospitalité du palais épiscopal.
    — Le courrier de Barcelone vient d’arriver, Votre Excellence, annonça le secrétaire, Bernat sa Frigola.
    — Et que nous réserve-t-il aujourd’hui ? De nouvelles contrariétés ?
    — Le lot habituel, Votre Excellence, mais la plupart des problèmes peuvent être traités par des tierces personnes. Il y a aussi une lettre du seigneur Oliver, écrite hier à Barcelone.
    — Qu’a-t-il à m’annoncer ?
    — Le voyage fut riche en événements, Votre Excellence, mais le jeune Yusuf et les marchandises sont arrivés et se trouvent en ce moment même au palais royal.
    — Y compris l’or ?
    — Chaque pièce a rejoint le trésor après avoir été comptée et recomptée, Votre Excellence. Le seigneur Oliver raconte avoir trouvé un enfant en cours de route, une fille. Je vous lirai cela dans un instant. Il vous interroge à propos d’un chevalier, Asbert de Robau, et de son fils, Gueralt, également rencontrés sur leur chemin.
    — Je connais la famille, dit Berenguer. Ainsi qu’Asbert. Un soldat brave et loyal. En revanche, je n’ai jamais entendu parler de Gueralt. Est-ce son héritier ? Envoyez chercher Francesc, Bernat, je vous prie, et parlez-moi de cette fille.
    Francesc Monterranes, le confesseur de l’évêque, avait l’habitude qu’on l’interroge ainsi à brûle-pourpoint. Mais cette question-là l’obligea à réfléchir un instant.
    — Je crois, dit-il enfin, que l’héritier d’Asbert portait son nom, Votre Excellence. Il est bien

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