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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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que c’était un veuf d’une trentaine d’années, qu’il avait perdu sa jeune épouse et leur nouveau-né six ans plus tôt et que leur décès l’avait tant affecté qu’il n’avait désiré aucune autre femme depuis. Elle savait aussi que comme il était assez beau, jeune et riche, plusieurs femmes en âge de se marier avaient consacré en vain beaucoup de temps et d’énergie à chercher à attirer son attention.
    — J’ai entendu dire, maître Isaac, fit Luis, que vos remèdes sont des plus efficaces, surtout lorsque les maux semblent nous harceler sans répit.
    Sa voix s’éleva de façon surprenante.
    Raquel guida son père vers une chaise, tout près de son patient. Il s’assit.
    — Quels maux vous hantent au point qu’il y a du désespoir dans votre voix quand vous les évoquez ? demanda le médecin.
    — J’ai dans la tête de tels élancements que je crois que ça va me rendre fou. Je ne puis dormir, et quand je dors, je sombre dans des rêves emplis de terreur.
    — Depuis quand ? dit Isaac qui avait pris le poignet et la main de son patient.
    — Les insomnies m’affligent depuis la mort de ma chère femme, expliqua-t-il. Peut-être même avant. Mais les maux de tête n’ont commencé qu’il y a quelques semaines. Cela va et vient, mais, ces derniers jours, ce fut continu. Ce ridicule incident lorsque nous nous sommes rencontrés en pleine campagne – je suis certain que vous vous en souvenez – vous en aura montré les effets sur moi. Un paysan m’a indiqué la mauvaise maison et, au lieu de demander comment me rendre dans la propriété que je souhaitais visiter, je me suis mis dans une épouvantable colère. J’ai eu peur, maître Isaac, car je n’avais jamais rien fait de tel auparavant.
    — Si votre serviteur veut bien apporter de l’eau chaude, ma fille lui montrera comment préparer une potion apaisante qui vous aidera. Mais je dois d’abord vous examiner.
    Ses doigts habiles palpèrent le crâne, le visage, le cou et les épaules du marchand.
    — Je vous avais déjà vus, votre fille et vous, ce même matin, dit Luis quand le médecin lui malaxa doucement les omoplates. Lors de la mort de notre pauvre greffier. J’en ai été bouleversé.
    — Était-ce l’un de vos amis ?
    — Il était trop timide et trop humble pour se lier d’amitié avec les membres de la bourse de commerce, mais je l’aimais bien. Comme ce fut le cas avec mon épouse, c’est toujours terrible que de voir s’achever une jeune existence.
    — Jeune ? s’étonna Isaac. Pasqual Robert n’était pas si jeune que ça.
    — Il n’était pas très vieux non plus. Moins de quarante ans. A-t-on découvert ses assassins ?
    — Il est possible qu’il ait été tué par un Castillan. Pour des raisons que j’ignore.
    — Est-ce ce que pense Son Excellence ?
    — Je n’en suis pas certain, dit le médecin. Il ne m’en a pas parlé. Tenez, ajouta-t-il en cessant de le masser, prenez cette potion. Elle soulagera vos maux de tête et détendra vos épaules. Elle vous aidera aussi à dormir, et le sommeil ne peut que chasser la douleur. Souffrant moins, vous retrouverez l’appétit. Des plats légers dans un premier temps, fit Isaac en se tournant vers le serviteur, afin de ne pas provoquer une surabondance de bile. Des légumes, aussi, de la soupe, du poisson et des œufs. Tout ce qui ne risque pas d’échauffer le sang et d’épuiser le corps.
     
    — Qu’avait donc maître Luis Mercer ? demanda Judith, occupée à peler une poire pour son mari. Vous faire appeler ainsi par une telle chaleur…
    La famille du médecin était réunie dans la cour, les reliefs du dîner posés sur la table, devant eux. Le soleil était couché depuis longtemps, mais la lumière du jour s’attardait.
    — Il a l’air d’être toujours très affecté par la mort de son épouse, dit Isaac.
    — Quand est-elle partie ? demanda Raquel.
    — Il y a longtemps, lui répondit sa mère, bien avant la peste.
    — Il y a sept ans exactement, dit Isaac.
    — Étaient-ils mariés depuis longtemps ? voulut savoir Raquel.
    — Non, fit son père en bâillant, un an ou deux, pas plus.
    — Une telle fidélité à un souvenir…
    — C’est ce qui l’a rendu si bizarre, dit Judith.
    — Bizarre ? En quoi, ma mie ?
    — Isaac, vous devez le savoir. Il voit de la débauche dans toute femme. Il a chassé l’une de ses servantes il n’y a pas un mois. La pauvre petite n’avait jamais pensé

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