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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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elle était propre et bien éduquée. Elle n’avait rien d’une fille des rues.
    — Vous l’avez connue, donc.
    — Oh oui ! Nous l’aimions toutes beaucoup. Nous n’étions plus que quatre, vous savez. Toutes les autres sœurs étaient mortes, et elle allait nous aider à nous occuper des petits. Un jour, elle a dit qu’elle avait un petit frère, et l’on eût cru qu’elle détenait un terrible secret.
    — Son frère… ah oui. Le cher enfant est mort peu avant ma sœur. Clara lui était très attachée.
    — Ce fut une époque terrible. Clara avait le cœur brisé – les enfants le sont tous en arrivant, sauf ceux qui sont trop jeunes pour comprendre –, mais elle était aussi apeurée. Terrorisée, même. Elle s’est très vite mêlée aux autres, comme si elle redoutait de se faire remarquer. Elle essayait de parler comme eux, mais on voyait qu’elle se forçait.
    — Quel âge avait-elle alors ?
    — Onze ans, presque douze. Mais elle paraissait plus jeune. Si elle avait eu une dot, notre révérende mère l’aurait prise comme novice. Elle a tout fait pour qu’un riche gentilhomme la dote convenablement. Elle l’a gardée ici le plus longtemps possible, et puis un jour, Clara a dû être placée.
    — Elle devait beaucoup l’aimer.
    — Oh oui ! Je suis heureuse qu’un membre de sa famille l’ait retrouvée. Elle est trop bien pour travailler dans une cuisine. Je suis attristée que notre révérende mère ne l’ait pas su, ajouta-t-elle d’un air sombre. Elle aurait été si heureuse.
    Ses yeux s’emplirent de larmes.
    — Dieu vous accompagne, señor. Et transmettez tout notre amour à Clara. Peut-être viendra-t-elle me voir un jour.
    — Elle viendra, ma sœur. J’y veillerai.
    Perplexe, il monta à cheval et s’éloigna. La seule chose qui lui paraissait claire était que la maîtresse de Clara n’était pas venue au couvent afin d’avoir des explications sur sa disparition. Voilà qui était plus que surprenant.
     
    La matinée s’achevait quand il alla enfin voir l’homme à qui il rendait des comptes, Bernat d’Olzinelles, trésorier du royaume. De par cette fonction, d’Olzinelles était entouré d’une armée de greffiers qui vérifiaient, notaient, comptaient et recomptaient toutes sortes de notes de frais ou de factures, autant de documents que le trésorier semblait capable d’avoir en tête en même temps.
    — Étant donné ce que je sais, fit-il avec une certaine stupéfaction, la mort de Pasqual, à Gérone, me semble tout à fait incompréhensible.
    — Bien des choses le sont, monseigneur, dit Oliver. Où que je me tourne, c’est la confusion.
    — Peut-être la situation s’éclaircira-t-elle maintenant que vous êtes déchargé de vos autres responsabilités, dit le trésorier d’un ton aigre.
    — Ce ne fut pas un fardeau, monseigneur. Et je n’ai pas été distrait de mon objectif principal. Peut-être avez-vous d’autres informations qui apporteraient quelque explication ?
    — Rien, répondit d’Olzinelles. Reste l’hypothèse que ce fut une agression non préméditée, comme chacun peut en être victime aujourd’hui.
    — Je n’y crois pas.
    — Moi non plus. Et par conséquent, nous procéderons comme si Pasqual Robert avait été tué justement parce qu’il était Pasqual Robert.
    — Devrais-je soumettre au Prince un rapport sur les circonstances de sa mort ?
    Oliver faisait référence à l’oncle du roi, qui s’occupait des affaires de l’État pendant l’absence de Leurs Majestés.
    — Le prince Pere ? dit d’Olzinelles en levant un sourcil bien dessiné. Il est actuellement trop occupé pour s’intéresser à ce qui se passe sur la frontière avec la Castille. De plus, ce n’est pas nécessaire. Vous avez des ordres, ajouta-t-il avec impatience. De même que j’ai les miens. Je dois m’assurer que vous remplissez comme il se doit votre mission et noter toutes vos dépenses. Soumettez-les-moi en partant. Quoiqu’elle se trouve en Sardaigne, Sa Majesté suit votre projet avec beaucoup d’attention. Comme vous le savez, elle s’intéresse à tout moment au moindre aspect de chaque parcelle de son royaume. Même hors du pays, elle s’attend à ce que ses desseins soient menés à bien.
    D’Olzinelles soupira : le roi exigeait également que ses fonctionnaires travaillent aussi dur que lui.
    — On sait que Sa Majesté s’attache à chaque détail, reprit Oliver. Fidèle à son exemple, je pars

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