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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Hugon
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bouche entrouverte. Je lui demandai alors de me dévêtir. Sans contrefaire la femme d'expérience – défaut commun aux novices –, elle entreprit cette tâche avec beaucoup de naturel. Arrivée au plus intime de ma personne, elle s'agenouilla, saisit mon vit des deux mains et l'humecta doucement de sa langue, avant de l'enserrer entre ses lèvres dans un charmant mouvement de va-et-vient. Elle m'administra ce traitement de longues minutes : à la différence de beaucoup, elle avait du goût pour son labeur. Au bout d'un moment, je la relevai afin de lui ôter sa chemise, puis l'entraînai sur un canapé où je me mis en devoir de lui rendre la politesse. Elle sut fort adroitement se prêter à chacun de mes caprices, conservant en toutes circonstances cette candeur non feinte qui signale les vraies débauchées. La suite ne le démentit pas. Jeanne aimait l'amour et l'amour aimait Jeanne. Les sens en feux, la coquine laissa parler son instinct et me prodigua des soins exquis dont les plus averties ne sont pas toujours les meilleures dispensatrices. Notre accord fut complet : elle se plut à me le démontrer toute la nuit. J'en eus pour bien plus de trois louis. Au matin, elle s'endormit dans ma chambre. J'étais conquis.
    Au réveil, Simon commença à comprendre qui était Jeanne. Je lui demandai de la raccompagner où elle le souhaiterait. Je la gratifiai de deux louis supplémentaires, avant de lui promettre que nous nous reverrions sous peu. Elle en parut ravie. Le lendemain, je me rendis chez Labille pour effectuer quelques achats mais surtout pour la voir, vous vous en doutez. Lorsqu'elle m'aperçut, son visage s'éclaira d'un sourire à faire croire qu'elle n'attendait que moi. Simplement en cheveux, très peu apprêtée car le père Labille n'aimait pas que les filles qui travaillaient chez lui eussent l'air de courtisanes, elle rayonnait innocemment au milieu des étoffes précieuses, des rubans et des dentelles. Elle était plus belle encore que lors de notre dernière rencontre : Jeanne avait cette grâce de ne jamais lasser le regard, même après cent visites. Je jouai le client et lui achetai de très jolies soieries dont je lui dis à voix basse qu'elles lui appartiendraient si nous convenions d'un nouveau rendez-vous. M. Labille vint me saluer et me demanda si j'étais content des services de son employée. Je répondis qu'il n'y en avait pas de meilleure. Le soir, Jeanne était dans ma maison : nous passâmes une nouvelle nuit à mieux faire connaissance. Au matin, Simon n'eut plus de doutes sur elle. Je ne le mis pas moins en garde de lui conserver des manières respectueuses. La brute avait déjà montré qu'il pouvait oublier que même la dernière des putains me serait toujours plus nécessaire que lui. Et, en l'occurrence, cette Mlle l'Ange était de celles qui s'avèrent très vite indispensables.
    Il venait de me tomber sous la main un morceau de choix : Jeanne possédait toutes les qualités dont je désespérais de les voir réunies en une seule personne. Pourtant, aussi inespérée que fût sa rencontre, je me gardais de précipiter la suite. L'échec de Dorothée m'avait prouvé qu'il ne servait à rien d'aller à la bataille sans préparation. Jeanne était fraîche, presque innocente – aussi étrange que cela vous paraisse –, et il restait beaucoup à lui apprendre pour la transformer en machine de guerre galante. Et puis je dirai sans mentir qu'il ne me déplaisait pas de l'imaginer d'abord vouée à mon usage personnel. Rien ne pressait, d'autant qu'il se disait à la Cour que la place était déjà prise par une obscure vicomtesse. Elle ne durerait sûrement pas longtemps, et mieux valait laisser les prétendantes se déchirer avant de tenter de séduire le roi. Pour l'heure, il n'avait d'ailleurs pas le goût de trouver une nouvelle Pompadour.
    Quelques jours plus tard, je m'enquis de savoir où Jeanne logeait. Elle me répondit à moitié, comme elle savait si bien le faire. Je compris qu'elle partageait habituellement une mansarde avec son fameux frère de lait. Elle m'avoua aussi avoir encore ses deux parents mais, aussi intimes que nous fussions devenus ses derniers temps, elle ne souhaita pas me dire son véritable nom. Peu importait, il me fallait déjà la libérer de ce parasite d'Antoine avant de la gagner à ma cause. Le garçon, m'avait-elle dit, prenait habituellement ses quartiers chez la Duquesnoy où il rabattait quelques clients vers Mlle l'Ange. Le misérable

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