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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Hugon
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encombre dans mon hôtel de la rue de la Jussienne, où Jeanne me reçut avec beaucoup de chaleur. Pendant mon absence, rien de notable n'était advenu, si ce n'est que le duc de Richelieu avait assidûment monté la garde auprès d'elle. Dans ma bibliothèque, j'eus également la surprise de découvrir une admirable toile de M. Carle Van Loo, représentant les trois Grâces, dont M. de Sainte-Foy avait fait don à Jeanne. Elle eut la délicatesse de me céder ce tableau en cadeau de bienvenue.
    19 Dumouriez, dont on connaît la carrière depuis, et qui durant sa vie servit à peu près tous les régimes de l'Europe, avait effectivement à cette époque partie liée avec Choiseul, dont il espérait un poste d'ambassadeur.
    20 On peut penser que le comte est sincère sur ce point. Nallut, en revanche, pourrait avoir pris des initiatives de ce genre. Jean du Barry n'était d'ailleurs sûrement pas dupe des agissements de son homme de paille, et il fut pour le moins passif dans cette histoire.

 
    Chapitre XXVII
    P lusieurs semaines passèrent sans que mon retour à Paris ne suscitât de réactions chez M. de Sartine ou dans les services de l'intendant Foullon. L'orage était passé. Toutefois, l'enquête sur les affaires de Corse m'avait tout de même valu de perdre le bénéfice de la charge de commissaire aux Subsistances auprès des régiments du roi. Nallut avait habilement détourné la vindicte de l'intendant mais s'était révélé impuissant à empêcher qu'on lui retire ce lucratif négoce. D'autres se seraient estimés heureux d'éviter le scandale à si bon compte, et auraient tourné la page, satsifaits des bénéfices déjà engrangés. C'était mal me connaître. À la fin de septembre, je rendis visite à Nallut qui habitait dans un grand appartement près des jardins du Luxembourg. Je l'entretins d'un projet dont les contours le laissèrent perplexe. Il s'agissait de récupérer notre bien au nom du bon droit, lui expliquai-je. Mais lorsque je passai aux détails de mon plan, il frémit carrément : j'envisageais d'obtenir de M. de Choiseul qu'il nous fasse restituer la charge de commissaire, et même qu'il l'augmentât. Nallut me demanda si j'étais sérieux. Comme je lui répondis vertement qu'il n'était pas dans mes habitudes de plaisanter en affaires, il n'insista pas. Je ne lui dis rien d'autre pour le moment, sauf qu'il devait désormais se considérer comme le chargé d'affaires de Mlle de Vaubernier. Vous avez bien lu. Nallut fut tout aussi surpris que vous mais il acquiesça sans discuter et je le laissai à ses questionnements.
    Mon lecteur réclame un peu de lumières, je le sens bien. Je vais lui en donner. D'abord, il faut garder en mémoire que mon ambition pour Jeanne piétinait. L'occasion de l'utiliser ne semblait pas devoir se dessiner avant longtemps. Le roi était toujours sous la garde de Lebel. Ce cerbère ne pouvant être évité, j'avoue qu'il me prit l'envie de me payer sur d'autres de cette frustration. Et qui était le personnage le plus puissant de l'État après le roi ? Vous avez compris. D'autant qu'il vous est resté à l'esprit que M. de Choiseul était un débauché qui ne rechignait pas à fréquenter les pensionnaires des petites maisons. Il y aura toujours chez moi une âme de joueur : tenter de séduire celui dont on voulait se garantir était un pari à ma mesure. Et j'entrepris aussitôt de faire comprendre à Jeanne les subtilités de mon raisonnement. Elle en saisit tout l'intérêt, en bonne élève qu'elle était.
     
    Au début d'octobre, Mlle de Vaubernier demanda une audience à M. de Choiseul par l'intermédiaire d'un de nos bons amis au ministère de la Guerre. Cet homme connaissait assez bien M. de Choiseul et fit passer la requête de Jeanne au courrier personnel du ministre. Cela ne donna d'abord rien, mais quatre semaines plus tard, le cabinet particulier de Choiseul répondit qu'il recevrait Mlle de Vaubernier à la moitié de novembre 21 . Mon plan était simple : Jeanne devrait ingénument plaider la cause de Nallut, dont elle dirait qu'il avait en charge sa petite fortune, afin qu'on lui rendît son négoce de vivres avec l'armée, et par là même qu'elle sauve ses économies. Bien sûr, cette naïve doléance n'était qu'une excuse pour l'introduire auprès de Choiseul, qui ne saurait manquer de remarquer ses charmes. S'il y succombait comme je l'espérais, Jeanne devrait se l'attacher par mille manières, en flattant notamment les petites

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