Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
vous impliquer dans mes ennuis, une fois de plus. » J’avais raconté à Joan que Tamasin avait été attaquée par un individu sur lequel nous effectuions une enquête et que j’avais envoyé le portier de Lincoln’s Inn prier Harsnet de nous octroyer un garde.
    « Tamasin et maître Jack, ils ne se parlent pas beaucoup. Après ce qui lui est arrivé…
    — Je sais, Joan. À cause du ressentiment de Tamasin et de l’orgueil de Jack, ils se sont brouillés. Nous devons essayer de les réconcilier.
    — Mais est-ce qu’on a le droit de se mêler de ça, monsieur ? D’intervenir dans les affaires d’un couple marié ?
    — Je crains que si rien n’est fait, ils risquent de cesser bientôt de former un couple marié. » Joan avait l’air effrayée et fatiguée. D’un seul coup, elle accusait son âge. Je me rappelai soudain avoir pensé qu’elle avait besoin d’aide supplémentaire pour effectuer les travaux ménagers et n’avoir pris aucune mesure en ce sens. Je posai ma main sur son bras. « Tout ira bien », affirmai-je avec une confiance que je ne ressentais pas.
     
     
    Harsnet répondit à mes deux missives avec une vitesse louable. Dès potron-minet, un homme musclé, âgé d’une trentaine d’années, au visage taillé à la serpe et aux yeux perçants, se présenta de sa part. Il déclara s’appeler Philip Orr, être un sergent de Westminster et avoir accepté de protéger la maison par respect pour le coroner, « un homme de bien ayant de la religion », selon ses termes. Voilà un autre évangéliste bon teint, pensai-je, tout en étant reconnaissant à Harsnet de m’avoir envoyé si vite quelqu’un de compétent. Orr me transmit également un message de sa part. Souhaitant interroger sans tarder Benson, le doyen de la cathédrale de Westminster, à propos de son ancien chef infirmier et de ses assistants, le coroner priait Barak et moi de l’accompagner, nous donnant rendez-vous à huit heures et demie, devant le corps de garde de l’abbaye. La missive indiquait que je devrais ainsi avoir le temps de me rendre au palais de Westminster pour assister aux audiences du matin de la Cour des requêtes. Je lui sus gré de tenir compte de mon emploi du temps.
    « Il travaille vite », dis-je à Barak, comme nous nous dirigions versle fleuve pour prendre un bachot. Il faisait toujours doux mais, poussée par le vent, une bruine nous aspergeait le visage. Le regard que m’avait lancé Barak au moment où il était descendu prendre le petit déjeuner ce matin-là me fit clairement comprendre qu’il n’avait pas envie d’entendre parler de son ménage. Souffrant toujours de ses blessures, Tamasin était restée au lit.
    « Lord Cromwell savait former ses hommes.
    — C’est un réformateur intransigeant. J’espère que cela ne va pas gauchir son jugement d’enquêteur.
    — Il m’a paru plutôt vif d’esprit. » Je laissai tomber le sujet, car il était d’humeur à transformer toute discussion en querelle.
    Nous débarquâmes à Whitehall Stairs et, sous des rafales de pluie, prîmes à nouveau la direction de Westminster. Heureusement que les documents concernant les séances de la journée au tribunal se trouvaient à l’abri dans les sacoches de cuir portées par Barak. Au lieu de tourner à gauche comme d’habitude pour gagner New Palace Yard, nous passâmes sous l’arche du corps de garde de la prison de l’ancienne abbaye et pénétrâmes dans Thieving Lane – la ruelle des Voleurs. La pluie avait cessé et des bancs de nuages blancs voguaient dans un ciel bleu, leurs ombres se poursuivant sur le sol.
    Les rues de Westminster étaient bondées. Venant de leur résidence, impitoyablement harcelés par les mendiants et les colporteurs, des députés élégamment vêtus se rendaient à pied au Parlement. Si ceux qui fréquentaient l’endroit depuis assez longtemps avaient appris à repousser d’un signe de la main, sans le moindre regard, tout intrus faisant mine de s’approcher, un homme vêtu d’un manteau rouge et d’un bonnet emperlé était houspillé par une bande de colporteurs. Il avait commis l’erreur de tenter de discuter avec l’un d’eux, et, flairant l’occasion, tout le groupe s’était précipité et l’encerclait, tel un vol d’étourneaux se disputant un gâteau tombé par terre. « Non, non ! Je n’ai besoin de rien ! » gémit-il comme l’un des colporteurs l’attrapait par la manche. Puis, perdant son calme, il se mit

Weitere Kostenlose Bücher