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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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de me rendre chez vous si Jack n’était pas au cabinet. Durant tout le trajet jusqu’ici j’ai eu le sentiment d’être suivie.
    — Tamasin… »
    Elle planta sur moi un regard d’épouvante. « Et puis, au moment où j’allais entrer à Lincoln’s Inn, quelqu’un s’est jeté sur moi, m’a atttiré dans un coin et a commencé à me battre… » Elle s’interrompit, haletante, mais sans pleurer.
    « Qui ? Qui donc ?
    — Il avait une drôle de voix… Ce n’était pas une voix ordinaire. Il a dit savoir que Jack et vous le pourchassiez, mais que vous ne l’empêcheriez pas d’accomplir sa mission. Messire Shardlake, il connaît votre nom et celui de Jack. Il connaît notre adresse. Qui est-ce donc ? »

17
    J e déverrouillai la porte de mon cabinet et aidai Tamasin à pénétrer à l’intérieur. Dans l’obscurité, je la guidai vers un siège de mon bureau personnel, avant de retourner dans le secrétariat. Je refermai la porte à clef, puis, les mains tremblantes, enflammai aux braises du feu une bougie avec laquelle j’allumai toutes les autres. Dans la lumière jaune vacillante qui éclairait les recoins de la pièce, je vis que Tamasin était toujours assise à l’endroit où je l’avais laissée, la tête affaissée contre sa poitrine. Elle avait enlevé son bonnet taché de sang et le tenait dans son giron. Je lui versai une coupe de vin fort que je portai à ses lèvres. Elle claquait des dents. J’étais furieux contre l’homme qui avait abîmé son joli visage et horrifié à la pensée qu’elle aurait pu subir un sort bien pire.
    Je m’installai en face d’elle. Après deux petites gorgées de vin, elle se mit à tousser et porta sa main à sa bouche. Quand elle la retira, dans sa paume se trouvait une demi-dent toute blanche sur laquelle elle fixa un regard hébété. Elle avait le visage contusionné et une affreuse plaie sur une joue.
    « Tamasin, chuchotai-je. Je suis affreusement désolé. »
    Elle me regarda à travers ses paupières gonflées. « Pourquoi donc ? Ce n’est pas votre faute, balbutia-t-elle d’une voix pâteuse, méconnaissable.
    — Que vous a dit Jack de la mission dans laquelle nous sommes engagés ? demandai-je après un instant d’hésitation.
    — Rien. Sauf que c’est une mission confidentielle. Je craignais qu’il ne s’agisse à nouveau d’une affaire politique.
    — C’est encore bien pire, répondis-je en me levant. Tamasin, savez-vous où se trouve Jack en ce moment ? »
    Elle poussa un profond soupir. « Dans les lieux qu’il fréquente habituellement, je suppose. La taverne à l’enseigne de La Tête de Turc près de Newgate, ou bien au Chien Rouge près de la Vieille Barge. Il est rentré trop tard pour le déjeuner et nous nous sommes querellés. Alors il est reparti en claquant la porte. »
    Que le diable l’emporte ! pensai-je. « Je vais demander au portier d’envoyer quelqu’un le chercher, ainsi que Guy. Vous avez besoin de soins. »
    Elle opina de la tête. « Mon visage… me fait très mal. Savez-vous qui c’est, l’homme qui m’a attaqué ?
    — Je crains que ce ne soit l’individu que nous recherchons. Il vous a agressée juste devant le portail ?
    — Oui. Il a surgi d’entre deux maisons. J’ai réussi à me relever après son départ. Je voulais demander de l’aide au portier mais il n’y avait pas de lumière dans sa loge. Alors je suis entrée dans la cour, pensant que je serais en sécurité à l’intérieur de Lincoln’s Inn et qu’il se pouvait que vous soyez encore au travail malgré l’heure tardive…
    — J’étais chez Mme Elliard. Vous êtes certaine qu’il a dit que Jack et moi le pourchassions ?
    — Oui. »
    Je sentis les poils de ma nuque se dresser. Le tueur nous connaissait donc, Barak et moi. Il savait que nous le recherchions. Mais comment était-il au courant ?
    « Vous avez dit qu’il avait une drôle de voix.
    — En effet. Rauque. Gutturale. Comme s’il la déguisait.
    — Dieu soit loué que je me sois trouvé là ce soir ! Écoutez, Tamasin, je vais aller réveiller le portier. Et je vais fermer à clef la porte du cabinet.
    — Restez sur vos gardes, monsieur. Il se peut qu’il soit toujours là. »
     
     
    Je pris le poignard que je gardais dans un tiroir de mon bureau et le glissai dans ma manche. Je mouchai les bougies du secrétariat et par les fenêtres à meneaux contemplai quelques instants Gatehouse Court. Aux étages

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