Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
à hurler. « Non, non ! Fichez-moi le camp, nom d’un chien, et emportez cette camelote ! » L’un des assaillants brandit un collier de cuivre devant son visage.
    « Ce doit être quelque péquenot de province. Ils vont le manger tout cru », s’esclaffa Barak.
    Je fis un bond en arrière au moment où un long couteau fut projeté en direction de mon visage par un autre colporteur, un grand homme à barbe grise qui dégageait une odeur nauséabonde et portait, attaché autour du cou, un plateau chargé d’objets de métal.
    « Faites attention ! criai-je.
    — De beaux couteaux en acier trempé, d’excellente qualité, monsieur ! »
    Je le repoussai d’un coup d’épaule et poursuivis mon chemin. Vêtu d’une robe d’avocat frappée sur la poitrine du blason royal, les mains nouées derrière le dos et le regard braqué sur Thieving Lane, Harsnet nous attendait près de l’ancien corps de garde. Il nous fit un signe de tête en nous voyant approcher. Je commençai par le remercier d’avoir envoyé Orr pour protéger ma maison.
    « Il faut protéger les femmes. Et si le vaurien essaie d’entrer chez vous, nous aurons ainsi l’occasion de l’attraper. Orr est un brave homme… J’espère que les blessures de votre épouse ne sont pas graves, maître Barak, ajouta-t-il, la mine adoucie, l’air sincèrement compatissant.
    — Elle se remettra après un peu de repos.
    — Mais que s’est-il passé au juste ? »
    Je lui relatai l’agression qu’avait subie Tamasin. Il plissa les lèvres. « Comment cela a-t-il pu arriver ? Il faut que nous en reparlions, une fois que nous aurons vu le doyen.
    — Et vous, monsieur ? lui demandai-je. Les coroners des districts voisins vous ont-il fait part de… de meurtres horribles, pareils aux trois dont nous nous occupons ?
    — Aucun. Et nous, nous ne savons toujours pas comment notre assassin a pu connaître ses victimes et pourquoi il les a choisies. » Il soupira puis esquissa un sourire las. « Bon. Voyons ce que le doyen Benson pourra nous apprendre. Je lui ai annoncé notre visite. Il nous attend dans la résidence de l’ancien prieur où il s’est installé », précisa-t-il en faisant la grimace. Un réformateur ne pouvait que désapprouver qu’un ancien moine tire profit de la Dissolution.
    « Au fait, lui demandai-je, avez-vous eu l’impression cette semaine que vous étiez suivi ?
    — Non.
    — Moi si, hélas ! Vous devriez prendre garde, monsieur, me semble-t-il.
    — D’accord. Je vous remercie. » Il prit une profonde inspiration puis, passant devant nous, franchit le porche pour entrer dans l’enceinte de l’ancien monastère.
     
     
    Les avant-cours de la plupart des monastères bénédictins avaient longtemps été des lieux d’échanges commerciaux, mais à Westminster c’était tout à fait différent, en partie à cause de ses vastes dimensions, mais aussi de son ancien privilège de « sanctuaire », ceux qui étaientrecherchés par la justice pouvant s’y réfugier et y demeurer à l’abri des poursuites judiciaires.
    Voilà pourquoi la maison de Dieu était encerclée de vauriens fuyant la loi. Le mur d’enceinte était bordé de belles maisons alternant avec les taudis où habitaient des délinquants de tout acabit mais qui payaient tous de bons loyers aux moines. Si la plupart des anciens privilèges de ces lieux d’asile avaient été abolis par le roi Henri – l’une de ses meilleures décisions –, l’endroit lui-même avait survécu à la Dissolution, débiteurs et petits voleurs pouvant toujours y trouver refuge. Certains fugitifs y avaient passé leur vie entière, jouissant d’une existence confortable, menant leurs affaires à Londres par l’intermédiaire d’avocats comme Bealknap et se rendant tous les dimanches à l’église Sainte-Marguerite, bel édifice récemment reconstruit qui dominait la partie nord de l’enceinte.
    Comme nous passions devant l’église, je remarquai un petit groupe d’hommes sur le parvis, dont deux étaient des ecclésiastiques en robe blanche. « Bonner ! » cracha Harsnet. Je reconnus le redoutable évêque de Londres, homme trapu, râblé, au visage tout rond. Il riait avec l’autre clerc, peut-être le curé de Sainte-Marguerite. Je scrutai l’évêque qui était décidé à purger Londres des évangélistes rigoristes.
    « Il semble plutôt jovial, dis-je.
    — Le curé Brown et l’évêque Bonner, c’est blanc bonnet et bonnet

Weitere Kostenlose Bücher