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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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passé parmi la foule de Westminster, nous scrutions les visages émaciés et les guenilles malodorantes. Il y avait plusieurs enfants. « Écoute, dis-je à un gamin famélique, âgé d’une dizaine d’années, et dont le crâne à moitié pelé était tout rouge, les cheveux rongés par quelque maladie, surveille les chevaux et je te donnerai une pièce quand je ressortirai.
    — Moi, je les surveillerai mieux ! » D’autres mains agrippaient ma manche. « Il est bougrement nul, s’écria un autre gamin. Harry le chauve !
    — Non ! lançai-je en les repoussant avec force. C’est lui ! »
    Nous frappâmes à la porte de la taverne et attendîmes, sans prêterattention aux demandes réitérées des mendiants. On entendit un bruit de pas et une femme vint ouvrir. Elle portait un tablier taché par-dessus une robe froissée et un bonnet d’où s’échappaient des mèches noires. Petite, trapue, mais puissamment charpentée, elle avait des yeux gris, vifs et intelligents, et son visage gardait des restes d’une ancienne beauté.
    « On n’ouvre qu’à cinq heures, annonça-t-elle.
    — Nous ne sommes pas venus pour boire, expliquai-je. Nous désirons parler à Francis Lockley. »
    Elle posa sur nous un regard suspicieux. « Qu’est-ce que vous lui voulez ?
    — Il s’agit d’une affaire privée. Mais il n’a pas d’ennuis, ajoutai-je en souriant.
    — Eh bien alors, entrez, dit-elle après un instant d’hésitation. Et essuyez-vous les pieds, ajouta-t-elle en regardant nos bottes maculées de boue. Je ne veux pas que vous tachiez mon sol. Je viens de le nettoyer. »
    Nous entrâmes dans une taverne de taille moyenne aux murs badigeonnés à la chaux, où des tables et des chaises étaient disposées çà et là sur un sol recouvert de joncs. La femme mit ses mains sur ses hanches et nous fit face. « Vous avez donné de l’argent à ces gueux ? Maintenant ils vont traîner là la moitié de la journée. En général, vers cette heure, ils fichent le camp à Smithfield. Je ne reproche pas à ces malheureux de s’abriter dans l’ancienne chapelle, mais je ne veux pas qu’ils harcèlent mes clients. »
    J’en avais assez de l’entendre nous enguirlander. « Vous travaillez ici ? lui demandai-je sèchement.
    — Je suis la patronne. Ethel Bunce. Je suis veuve et détiens une licence accordée par le district… Pour vous servir, ajouta-t-elle avec ironie.
    — Fort bien.
    — Francis ! » lança-t-elle d’une voix forte. Un passe-plat s’ouvrit dans une paroi et un gros homme chauve de petite taille, au visage porcin tout rond, apparut. Lui aussi portait un tablier et derrière lui se trouvait un grand seau plein d’eau mousseuse où flottaient des bols de bois.
    — Oui, ma poule ? » Dès qu’il nous aperçut ses yeux s’étrécirent et il se rembrunit.
    « Ces messieurs veulent te dire deux mots. Qu’est-ce que t’as fait ? » s’enquit-elle en riant, mais l’air aussi mal à l’aise que le gros homme.
    Il entra dans la salle par une porte latérale. Petit homme râblé, son puissant physique avait connu des jours meilleurs mais il restait costaud. Était-ce la raison pour laquelle mame Bunce l’avait choisi ? Siune veuve pouvait hériter d’une licence lui permettant de tenir un débit de boissons, elle avait quand même besoin d’un homme pour s’occuper des clients difficiles. Il y avait malgré tout une certaine tendresse dans la façon dont elle regarda Lockley lorsqu’il s’assit près d’elle sur un tabouret. S’ils avaient l’air soucieux, devinai-je, c’est qu’ils vivaient dans le péché.
    « Peu nous importe votre vie privée, dis-je avec délicatesse. Nous sommes envoyés par le vice-coroner du roi et cherchons à savoir où habite l’ancien frère Goddard, de l’abbaye de Westminster. »
    Ils réagirent de façons diamétralement opposées. Mame Bunce parut soulagée qu’on ne cherche pas à savoir qui dormait avec qui, alors que Lockley plissa de nouveau les yeux et serra les lèvres. Je vis à la manière dont sa poitrine se soulevait qu’il avait du mal à respirer. « Ce vieux salaud de Goddard ? demanda-t-il.
    — Vous ne l’aimiez pas ?
    — Il me traitait comme de la roupie de sansonnet. Parce que mon père était tavernier. Comme moi aujourd’hui, ajouta-t-il en jetant à la veuve un coup d’œil ambigu. Elle posa une main ferme sur celle de son compagnon.
    — Pour moi tu n’es pas que ça, mon

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