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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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personne, répliqua le serviteur, trop rapidement. Je suis tout seul.
    — Si votre maître possédait des livres interdits, cela ne nous intéresse pas.
    — Non, mais… »
    Harsnet lui lança un regard suspicieux. « Passez-moi cette bougie », dit-il d’une voix ferme. Le vieil homme hésita, puis la lui tendit. « Restez là, lui enjoignit Harsnet. Barak, gardez-le à l’œil. » Le coroner me fit un signe de tête et je le suivis à l’étage.
     
     
    La première pièce que nous examinâmes était un cabinet de travail. Des livres écornés par l’usage se trouvaient sur un grand bureau parmi des papiers et des plumes. J’en pris un dont je déchiffrai le titre dans la faible lumière. L’Institution de la religion chrétienne , de Jean Cauvin, dit Calvin. J’avais ouï parler de l’auteur, l’un des membres de la nouvelle génération des réformateurs continentaux les plus rigoristes et les plus intransigeants.
    Harsnet leva la main. « J’ai entendu quelque chose », chuchota-t-il en désignant une porte de l’autre côté du couloir. Il se dirigea vers elle et l’ouvrit brusquement. Un cri perçant se fit entendre à l’intérieur de la pièce.
    C’était une chambre dont le principal meuble était un confortable lit de plume, dans lequel était couchée une femme nue. Ou plutôt une adolescente, blonde, le teint frais. Agrippant les couvertures, elle se couvrit jusqu’au cou. « Au secours, hurla-t-elle. Au voleur !
    — Taisez-vous ! lança durement Harsnet. Je suis le vice-coroner du roi. Et vous, qui êtes vous ? »
    Elle nous fixa, les yeux hors de la tête, mais resta coite.
    « Êtes-vous la putain de Yarington ? lança Harsnet avec colère.
    — Comment vous appelez-vous, ma petite ? lui demandai-je d’un ton calme.
    — Je m’appelle Abigail, monsieur, Abigail Day.
    — Êtes-vous la maîtresse du pasteur ? Inutile de mentir. »
    Elle acquiesça en rougissant. Harsnet fit une grimace de dégoût. « Vous avez séduit un homme de Dieu », déclara-t-il.
    La donzelle lui jeta un regard de défi. « On peut retourner le compliment !
    — Ne jouez pas au plus fin avec moi ! Une créature comme vous dans le lit d’un pasteur ! Ne craignez-vous pas de mettre votre âme en péril ? Et la sienne ? » hurla Harsnet, désormais hors de lui. Ces derniers temps, j’avais fini par respecter et presque aimer le coroner, mais les terribles événements de la soirée révélaient un autre aspect de sa personnalité : l’homme de foi dur et implacable.
    « Empêcher mon âme de quitter mon corps, voilà ce qui a été mon unique préoccupation depuis la pendaison de mon père, répondit-elle d’un ton farouche, sa propre peur se changeant en colère, parce qu’il avait dérobé la bourse d’un bourgeois , précisa-t-elle en prononçant le mot avec mépris. Ma mère en est morte.
    — Depuis combien de temps vivez-vous ici ? demanda-t-il sèchement, insoucieux des explications de la fille.
    — Quatre mois.
    — Où Yarington vous a-t-il ramassée ?
    — Dans une maison de Southwark qu’il fréquentait, répondit-elle après une courte hésitation. Nous recevons la visite de pas mal d’ecclésiastiques, ajouta-t-elle hardiment.
    — Ce sont des hommes faibles… Vous les tentez et provoquez leur chute », rétorqua-t-il d’une voix tremblante de mépris et de colère.
    Ce dialogue ne menait à rien. « Avez-vous jamais entendu parler d’une catin surnommée Elizabeth la Galloise ? lui demandai-je.
    — Non, monsieur. » Son regard passa de l’un à l’autre, l’air à nouveau effrayé. « Pourquoi, monsieur, pourquoi donc ?
    — Votre maître est mort, déclara Harsnet tout à trac. Il a été tué tout à l’heure.
    — Tué ! » s’écria Abigail avec stupéfaction.
    Le coroner hocha la tête. « Enfilez quelques vêtements. Je vous emmène à la prison de l’archevêque. On va vous interroger plus avant. Personne ne s’apercevra de votre absence, ajouta-t-il brutalement. Et, si j’ai mon mot à dire, vous serez ensuite fouettée et attachée à une charrette.
    — Pour le moment, on ne vous posera que des questions sur votre maître, dis-je, comme la malheureuse commençait à pleurer. Allez, remettez-vous et habillez-vous. Nous allons vous attendre en bas », ajoutai-je en saisissant le bras de Harsnet pour le faire sortir de la chambre.
    Une fois dans le couloir, il secoua la tête d’un air chagrin.
    « Les pièges

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