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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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l’envoyé de Harsnet, surveillait la maison.
    « Et s’il prend la poudre d’escampette durant la nuit ?
    — Il n’y a aucun risque. Je te répète qu’il a besoin de trouver une nouvelle place.
    — Et vous allez en créer une pour lui d’un claquement de doigts ?
    — J’ai une idée. Je ne vais pas le laisser tomber. Bon, allons-y ! Je suis trop fatigué pour discuter davantage. Nous avons besoin de quelques heures de sommeil, autrement, on aura les idées embrouillées demain. »
     
     
    Dès notre arrivée à la maison, je montai péniblement l’escalier jusqu’à ma chambre, après avoir demandé à Barak de me faire réveiller à la pique du jour. Malgré mon extrême fatigue, je ne parvins pas à m’endormir. Allongé dans l’obscurité, je ressassai l’horrible mort de Yarington, m’efforçant de la faire cadrer avec les autres. Je finis par me relever, enfilai mon manteau par-dessus ma chemise de nuit et allumai une nouvelle bougie à la cire d’abeille. La lumière dorée, qui depuis le bureau éclairait toute la chambre, avait quelque chose de rassurant.
    Assis à mon bureau, je me plongeai dans mes réflexions. J’étais sûr que le meurtrier était présent au moment où nous avions fait redescendre Adam du mur de Londres. Et Yarington avait été là lui aussi. Le tueur avait-il alors choisi le pasteur comme sa prochaine victime ? Non. Cette mise en scène avait été élaborée depuis longtemps et le péché de fornication dont se rendait coupable Yarington avec la malheureuse fille était connu du meurtrier. Mais comment avait-il su, vu le soin avec lequel le pasteur gardait son secret ? Sa liaison n’avait pas été de notoriété publique, contrairement au tiédissement du rigorisme de Roger et du Dr Gurney et à la relation tumultueuse de Tupholme et d’Elizabeth la Galloise.
    Il importait que je revoie le gamin le lendemain afin de découvrir s’il savait quelque chose. J’étais loin d’avoir recueilli assez de preuves pour être sûr de la culpabilité de Goddard. Toutefois, si ce n’était pas Goddard, alors qui était cet homme qui connaissait la médecine et le droit et qui fréquentait, ou avait récemment fréquenté, les réformateurs extrémistes ? Force m’était de me demander si Harsnet exerçait une assez forte pression sur ces réformateurs. Il devait être beaucoup moins brutal avec ses coreligionnaires qu’avec Abigail.
    Le vieil ouvrage juridique, emprunté à la bibliothèque, se trouvait sur mon bureau. Je le rouvris pour étudier l’affaire Strodyr et en perçus l’odeur de poussière et d’encre éventée. Strodyr avait dû lui aussisoigneusement préparer ses meurtres s’il avait pu opérer durant des mois sans être découvert. Je lus à nouveau qu’il avait refusé de dire quoi que ce soit à son procès, mais que, sur l’échafaud, il avait vitupéré « de façon extrêmement obscène » l’abominable commerce des putains et affirmé qu’il accomplissait l’œuvre de Dieu. Notre meurtrier se persuadait-il qu’il était lui aussi chargé d’une œuvre divine, ou tout cela faisait-il partie de quelque jeu atroce ? Ou bien, selon son incompréhensible logique, s’agissait-il en fait de la même chose ? Je me rappelai les anabaptistes allemands, qui en renversant la société de Münster croyaient mettre en pratique la volonté de Dieu et hâter la venue d’Armagédon. Peut-être le tueur pensait-il que chaque meurtre correspondait à un accomplissement symbolique des prophéties de la Révélation de saint Jean et qu’il allait ainsi provoquer la fin des temps. Je décidai de reparler à Guy. Mais il me fallait d’abord dormir.
     
     
    J’étais toujours profondément endormi lorsque Joan frappa discrètement à la porte. Je me levai lentement, le dos raide et endolori, mais, mon bras me faisant moins mal, je décidai d’abandonner l’attelle. Je me dirigeai vers la fenêtre. Parsemé de légers nuages cotonneux, le ciel bleu et dégagé s’éclaircissait. Pour la première fois depuis plusieurs jours, j’effectuai les exercices pour mon dos, étirements et torsions m’arrachant plaintes et grognements. Ensuite, je m’habillai et descendis au rez-de-chaussée, frottant mes joues râpeuses, conscient qu’il fallait que j’aille chez le barbier.
    Dans la salle, en chemise et haut-de-chausses, Barak prenait son petit déjeuner composé de pain, de fromage et de pommes flétries.
    « La récolte de pommes de

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