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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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se demander d’où venaient ses dents ?
    « Prends-tu toujours soin de ne pas sortir seule ? m’enquis-je. Simple mesure de précaution, mais je crois que c’est souhaitable.
    — Oui.
    — Penses-tu demeurer à Londres ou retourner à Bristol, tôt ou tard ?
    — L’achat d’une maison à Londres paraît au-dessus des mes moyens, soupira-t-elle, alors que ce serait peut-être possible à Bristol… L’intendant Rowland m’a envoyé un message courtois, ajouta-t-elle en haussant les sourcils, dans lequel il m’invite gentiment à vider les lieux le plus tôt possible.
    — C’est un sans-cœur.
    — Il y a désormais un poste vacant à Lincoln’s Inn et il désire l’attribuer. Samuel aimerait que je m’installe de façon permanente à Bristol, poursuivit-elle en plongeant son regard dans le mien, mais ce n’est pas par pur entêtement que je reste ici. Il est trop tôt pour prendre une telle décision… » Elle poussa un nouveau soupir. « C’est difficile d’avoir les idées claires. La disparition de Roger a créé un vide qui me suit partout. C’est comme s’il y avait un trou dans le monde. Or sais-tu que ce matin je me suis rendu compte que j’avais travaillé une demi-heure sans penser à lui ? J’ai eu honte, comme si je l’avais trompé.
    — Je pense que le chagrin se manifeste toujours ainsi. Le vide sera toujours là, mais on finit par recommencer à voir qu’il y a d’autres choses dans le monde. Tu ne dois pas te sentir coupable. »
    Elle posa sur moi un regard curieux. « Tu as aussi connu un tel chagrin ?
    — Je connaissais une femme qui est morte. Durant l’épidémie de peste de 1534. Cela fait neuf ans, mais je pense toujours à elle. Je portais une bague de deuil en souvenir d’elle.
    — Je l’ignorais.
    — Cela s’est passé après votre départ pour Bristol… » Je me tournai vers elle. « Puis-je te demander quelque chose, Dorothy ?
    — Tout ce que tu veux.
    — Les affaires pour lesquelles tu penses devoir rester ici, sont-elles liées à l’arrestation du meurtrier ? Parce que je ne sais pas du tout quand cela se produira. »
    Elle s’arrêta et posa une main sur mon bras, une expression extrêmement soucieuse sur son visage pâle encadré du capuchon noir. « Jevois que cette tragédie te consume, dit-elle, et je regrette de t’avoir poussé à entreprendre cette chasse à l’homme. J’avais l’impression que les autorités officielles se fichaient de l’enquête, mais, à présent, que je sais qu’elles recherchent activement cet individu, ne t’en préoccupe plus, je t’en prie, ça te mine. »
    Je hochai tristement la tête. « Je suis très étroitement impliqué dans cette chasse à l’homme, ligoté par des chaînes officielles. Il… Il a commis d’autres meurtres.
    — Oh, non !
    — Tu as raison, Dorothy, ces horreurs me minent, mais je dois aller jusqu’au bout désormais. J’ai en outre embarqué d’autres personnes dans cette affaire. Guy et Barak. » Et même si je voulais oublier le meurtrier, pensai-je en mon for intérieur, m’oublierait-il, lui ? « Ne regrette rien, poursuivis-je. Nous pensons connaître son identité. On finira par l’arrêter. Et nous sommes sûrs au moins d’une chose : Roger a été tué par hasard, au sens où le meurtrier aurait très bien pu choisir une autre victime.
    — Maigre consolation. C’est même pire, en un sens. Mais on n’y peut rien et je dois me résigner. Rien ne ressuscitera Roger. »
    Je lui souris. « Tu es bien plus calme maintenant. Tu as beaucoup de force.
    — C’est possible.
    — Crois-tu que Dieu t’aide à supporter ton chagrin ? demandai-je soudain. Qu’Il te donne du courage ?
    — Je prie. Pour qu’Il m’aide à faire face à la situation. Cependant, je ne demanderai pas à Dieu de me libérer du poids de mon chagrin. À moi de le porter. Même si j’ai du mal à comprendre qu’Il permette qu’un homme de bien soit détruit de la sorte. Voilà ce que je veux dire quand j’affirme que c’est pire de savoir que Roger a été tué par hasard.
    — Je suppose qu’on pourrait répondre que le tueur est une créature malfaisante qui s’est détournée de Dieu et du bien. Et il peut agir ainsi parce que Dieu nous a accordé le libre arbitre.
    — En ce moment, je n’ai pas le cœur à me livrer à de telles spéculations. »
    Nous fîmes quelques pas de plus en silence, puis elle reprit : « Tu as beaucoup de

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