Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
Vom Netzwerk:
été des gens ordinaires. Je pouvais maintenant comprendre que son visage squelettique, tragique, avait pu être beau et qu’il avait pu se comporter naguère, au dire de son père, en jeune homme insouciant et plein d’entrain. Les autres paroissiens devaient alors voir en lui un garnement à tenir en laisse et à menacer du feu de l’enfer. Et cela avait marché au-delà de toute espérance. Je pensai également à Ellen, à son atroce histoire et à la fillette qu’elle avait pu être avant sa terrible expérience.
    J’entrai dans Chancery Lane, par le nord, où une grande animation régnait dès le début de la rue. Toujours plongé dans mes pensées, je fus brusquement ramené à la réalité par un cri. « Vous ne pouvez pas faire attention ! » lança un colporteur qui se trouvait juste devant Genesis et poussait une carriole à trois roues pleine de babioles. Comme je tirais brusquement sur les rênes, j’entrevis un manteau haillonneux dont les pans traînaient dans la boue, ainsi qu’un visage crasseux qui se détournait, encadré d’une chevelure grise très fournie et d’une barbe hirsute.
    « Si vous me renversez et cassez mes objets, vous devrez me les payer ! » marmonna-t-il par-dessus son épaule tout en poussant sa carriole hors du passage. Je calmai Genesis, qui avait failli trébucher, et, tout en continuant ma route, plaçai une main sur son flanc pour le rassurer. Lorsque je pus jeter un coup d’œil en arrière, je vis que le colporteur avait déjà presque atteint Holborn. Je passai devant le pavillon d’entrée de Lincoln’s Inn et gagnai ma maison. Il n’était que quatre heures et demie.
    Comme je montais pour ôter ma tenue de cavalier, je songeai quele mystère était au moins en partie résolu. Le garçon qui avait fréquenté la maison de Yarington était enfermé dans Bedlam depuis plusieurs semaines. Il semblait donc bien, finalement, que le meurtrier fût Goddard. Mais alors pourquoi nous avait-il envoyé son adresse ?
    Je pris mon exemplaire du Nouveau Testament et me reportai au livre de l’Apocalypse :
    « Et le septième ange versa sa coupe dans l’air. Du trône, dans le Sanctuaire des cieux, sortit une voix forte qui disait : “C’en est fait !” Et il y eut des éclairs, des voix et des tonnerres. Et il y eut une grande secousse, telle qu’il n’y en a pas eu depuis que l’homme a paru sur la terre. Jamais il n’y eut de pareille secousse, aussi forte ! »
    Je m’appuyai au dossier de mon fauteuil. Chaque meurtre avait été une représentation, une cruelle parodie des actes perpétrés par les sept anges contre les foules pécheresses de l’Apocalypse. Le tueur avait utilisé le corps du malheureux Lockley pour bloquer une écluse afin de symboliser l’assèchement de l’Euphrate par la sixième coupe. Mais, comme Barak l’avait signalé, comment pourrait-il déclencher un tremblement de terre ?
    Lorsque je reposai le livre il s’ouvrit au hasard. Un passage de la Première Épître de Paul aux Corinthiens attira mon regard.
    « Même si j’ai les dons de prophétie et que je connaisse tous les mystères et toute la science, même si j’ai toute la foi jusqu’à déplacer les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. »
    Le meurtrier avait-il jamais lu ces lignes ? S’il l’avait fait, il n’en aurait fait aucun cas, car cela n’aurait pas cadré avec sa terrible soif de violence, et il ne l’aurait sans doute même pas remarqué. Quand je refermai le livre, mon désespoir s’accrut en constatant ce que les hommes avaient fait de leur Dieu.
     
     
    Je redescendis au rez-de-chaussée. En passant devant la salle, j’aperçus Tamasin qui disposait dans un vase des ramilles fleuries. Son visage avait une expression mélancolique, mais en me voyant elle sourit.
    « J’ai pensé que cela ferait un joli bouquet. Je les ai cueillies dans le jardin. J’espère que cela ne vous ennuie pas.
    — Ces fleurettes précoces nous rappelleront que nous sommes au printemps. Où est Jack ?
    — Il est allé à Lincoln’s Inn pour voir comment Skelly se débrouille tout seul.
    — Il faut que j’y aille moi aussi… Tamasin, poursuivis-je gravement, après une brève hésitation, il est possible que nous ayonspresque atteint notre but. Nous avons repéré, près de Barnet, la maison de l’homme que nous croyons être à l’origine des événements. Sir Thomas Seymour a prévu un groupe d’hommes pour aller lui

Weitere Kostenlose Bücher