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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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tard. « Que vend ce colporteur ? demandai-je.
    — La marchandise habituelle. Bijoux de pacotille, brosses, casseroles. Je l’ai envoyé promener.
    — En général, les colporteurs ne perdent pas leur temps à faire une seconde visite si la première a été infructueuse.
    — Il a demandé à parler à la dame de la maison. Peut-être pensait-il pouvoir persuader Tamasin ou Joan de lui acheter quelque chose. Et il n’a pas cessé de regarder derrière moi, vers l’intérieur de la maison. »
    Barak revint. « Il descend Chancery Lane, venant d’Aldgate. Il sera là dans une minute… Vous avez raison, ajouta-t-il en fronçant les sourcils, il y a quelque chose qui cloche. Il se contente de pousser son chariot, sans s’arrêter devant les autres maisons ni accoster les passants.
    — C’est peut-être notre tueur ! Quel meilleur moyen de passer inaperçu, de suivre les gens et d’écouter les conversations, que de se déguiser en colporteur haillonneux. C’est le genre de paria qu’on n’a aucune envie de voir et qu’on ne remarque que pour mieux l’éviter.
    — Mais c’est un vieillard ! protesta Orr.
    — Je n’en suis pas si sûr, répliqua Barak. Il marche comme un homme jeune. Et ne vient-on pas de fêter le dimanche des Rameaux, jour où on se déguise en vieux prophète et où on trouve des fausses barbes pour une bouchée de pain ?
    — Dieu du ciel ! A-t-on mis la main dessus ? souffla Orr.
    — On tente de l’attraper à nous deux maintenant ? » fit Barak.
    Orr opina du chef. « Il ne semble pas armé.
    — Alors, allons-y tout de suite ! On n’a pas de temps à perdre. Autrement, il va passer devant la maison et disparaître dans la cohue de Fleet Street. »
    Je me levai. « Je me joins à vous, lançai-je d’un ton bravache. Et si, lorsqu’on l’attrape, on découvre que c’est un démon à cornes fourchues qui s’envole au-dessus de Holborn, force nous sera de reconnaître que Harsnet avait raison.
    — Je cours chercher mon épée, lança Barak. La vôtre se trouve-t-elle dans votre chambre ?
    — Oui. » En fait, elle se trouvait là depuis des années, les avocats ne portant pas d’épée.
    « La mienne est dans la cuisine », dit Orr en quittant la pièce, l’air décidé, farouche. Je parcourus la salle du regard, admirant l’argenterie disposée sur la grande desserte et ma précieuse peinture murale représentant une scène de chasse classique. Je compris alors à quel point cette pièce comptait pour moi, qu’elle était le centre de ma vie. Serrant les dents, je montai chercher mon épée dans ma chambre. Comme je ressortais sur le palier, ceignant mon épée dans son fourreau, la porte de la chambre de Barak s’ouvrit et il apparut sur le seuil. « Il s’agit d’une affaire urgente, ma fille ! lança-t-il par-dessus son épaule. Il estentre nos griffes ! » Et il dévala l’escalier quatre à quatre. Orr se tenait déjà près de la porte ouverte. Tamasin sortit en trombe de leur chambre, l’air rageur. Elle m’agrippa le bras. « Que se passe-t-il, Dieu du ciel ? Personne ne veut me le dire ?
    — Nous pensons que le meurtrier est devant la maison. Nous pensons qu’il s’est déguisé en colporteur. C’est le moment ou jamais. Nous n’avons pas une seconde à perdre. » Je me précipitai dans l’escalier. Orr et Barak se trouvaient déjà dehors. J’aperçus Joan qui se dressait sur le seuil de la cuisine, les deux gamins s’accrochant à ses jupes.
     
     
    Le soleil étant bas dans le ciel, la maison projetait de longues ombres sur Chancery Lane. Parvenu à la grille, je vis que le colporteur avait dépassé la maison et poussait son chariot le long de la rue légèrement en pente. Nous courûmes tous les trois en désordre après lui, tandis que les avocats et les clercs qui passaient par là s’arrêtaient pour contempler la scène. Au moment où nous traversâmes une mare d’eau en courant, une giclée de boue éclaboussa le manteau de l’intendant Rowland, qui se plaquait contre le mur pour éviter d’être bousculé par nous. Une bouffée de plaisir monta en moi.
    « On aura l’air fin s’il ne s’agit que d’un vieux colporteur ! » souffla Orr. J’étais trop hors d’haleine pour répondre.
    Nous entendant accourir derrière lui, le colporteur se retourna et enclencha le frein de l’une des roues arrière de sa carriole. Comme Barak l’avait indiqué, il se montrait fort alerte pour un

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