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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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se tut à nouveau quelquesinstants puis reprit : « Je sais que la femme est censée être responsable quand un enfant meurt juste après être sorti de son ventre, mais de nos jours on n’est plus sûr de rien. Et si c’était ma faute ? Tout ce que je voulais, c’était assurer ses besoins, la protéger, lui donner une famille. Continuer la longue lignée juive de mon père. Or je n’ai réussi à faire aucune de ces choses. » Il fixa la porte d’un regard morne. « Je l’aime. Je n’ai jamais senti pour une femme ce que j’éprouve pour elle. Et Dieu sait que j’en ai connu une flopée.
    — Peut-être est-ce là le problème, répondis-je d’une voix douce. Tu as construit l’image d’un foyer idéal et tu as du mal à te faire à la réalité d’une vie commune qui n’a vraiment pas eu de chance. Mais ce n’est ni sa faute, ni la tienne. Si seulement vous pouviez parler à cœur ouvert… »
    Il me lança un regard de biais. « Pour quelqu’un qui a toujours vécu seul, vous êtes un vieux renard rusé, pas vrai ?
    — Il est toujours facile d’analyser ce qui cloche dans l’existence des autres. J’ai commis l’erreur opposée avec Dorothy. Je lui en ai dit trop, trop tôt.
    — Je me demandais justement ce qui se passait de ce côté-là.
    — Rien. Et si tu parles de ça à quiconque, je te chasserai de Lincoln’s Inn comme un malpropre », plaisantai-je pour alléger l’atmosphère. Barak hocha la tête en souriant.
    « En parlant de malpropre, vous ne pensez pas que vous avez un rival en Bealknap ? Peut-être n’est-il pas du tout malade et cherche-t-il seulement à émouvoir la maîtresse de maison.
    — Bealknap ne s’intéresserait à une femme que si elle était en or et qu’il puisse la fondre. »
    Nous éclatâmes de rire, puis Barak reprit d’un ton grave : « Réussirez-vous à vous réconcilier avec le vieux Maure ?
    — Aucune idée. Je vais essayer. Comme tu devrais le faire avec Tamasin. »
    Il se leva en soupirant. « Je devrais la rejoindre. Merci.
    — Jack. Te rappelles-tu la fois où tu m’as dit à York que tu étais tiraillé entre deux désirs opposés : retrouver ton ancienne vie de risque-tout ou te ranger ? En épousant Tamasin, tu as choisi librement de te ranger et de renoncer à ton indépendance pour partager ton existence avec quelqu’un. Tu es très courageux et maintenant tu dois avoir le courage de t’ouvrir à elle. »
    Parvenu à la porte, il s’arrêta. « Il y a plusieurs formes de courage, dit-il d’un ton lugubre. Rares sont ceux qui les possèdent toutes à parts égales. »
     
     
    Le messager envoyé par le palais de Lambeth arriva après minuit, alors que nous étions tous couchés. Toutefois, je ne dormais pas à cause des cris étouffés venant de la chambre de Barak et Tamasin. Ils se querellaient une fois de plus, mais les coups sonores frappés à la porte d’entrée les firent se taire immédiatement.
    Barak et moi étions convoqués, toutes affaires cessantes, à une réunion chez l’archevêque Cranmer. Nous enfilâmes nos vêtements, allâmes chercher les chevaux et nous dirigeâmes vers l’embarcadère de Whitehall, où un grand bachot attendait pour nous faire traverser la Tamise. La pluie avait cessé et le fleuve argenté et désert miroitait sous un lumineux clair de lune.
    On nous conduisit au bureau de Cranmer. Comme Barak et moi parvenions à la porte, un autre commis arrivait en face, accompagné de Harsnet. Le coroner avait lui aussi l’air d’avoir été sorti du lit.
    Les traits tirés, de grandes poches sous les yeux, l’archevêque était assis à son bureau. Lord Hertford n’était pas là, mais sir Thomas Seymour était présent, les bras croisés sur la poitrine et l’air surexcité, paré tel un paon comme d’habitude.
    Je leur racontai l’incident du colporteur. « Vous n’avez pas pu le reconnaître ? demanda Harsnet quand j’eus terminé mon récit.
    — Non. Il était très bien déguisé.
    — Goddard a un gros grain de beauté sur le visage, rappela Cranmer.
    — Je n’ai rien remarqué de tel, mais son visage était recouvert d’un épais maquillage. »
    Cranmer réfléchit un instant, avant de s’adresser à sir Thomas. « Annoncez-leur les nouvelles en provenance du Hertfordshire, dit-il.
    — J’ai assez facilement trouvé Kinesworth. Ce n’est qu’un petit village, à un mille de Totteridge. Le magistrat du coin savait tout sur les Goddard. Le

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